Les brèves du 30 mars 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
-

Les brèves du 30 mars 2023

Les brèves du 30 mars 2023

Sécheresses : Macron présentera le plan Eau jeudi dans les Hautes-Alpes

C’est le président de la République Emmanuel Macron lui-même qui présentera le plan pour améliorer la gestion de l’eau, ce jeudi 30 mars à Savines-le-Lac (Hautes-Alpes), a annoncé l’Élysée le 29 mars. Il s’agira du premier déplacement hexagonal du chef de l’État en dehors d’Île-de-France depuis deux mois, dans un contexte de crise politique et sociale autour de la réforme des retraites. Emmanuel Macron sera accompagné du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu ; le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau sera quant à lui présent au congrès de la FNSEA à Angers. Alors qu’une dizaine de départements sont actuellement en vigilance sécheresse, et une dizaine d’autres en alerte ou alerte renforcée, ce plan Eau vise à « répondre à deux grands défis : préparer dès à présent l’été 2023, et planifier la gestion de l’eau à horizon 2030 », précise une source de l’Élysée. Fruit de travaux lancés en septembre, le plan Eau initialement prévu le 26 janvier a été reporté, puis annoncé comme imminent à de multiples reprises. Il comportera « une série de mesures visant à redéfinir, en lien avec les élus et les collectivités territoriales, notre politique de gestion de l’eau pour l’adapter aux enjeux du changement climatique », souligne le communiqué de presse de l’Élysée. Parmi les thèmes abordés figureront « la réutilisation des eaux usées, les fuites sur le réseau d’eau, le prix de l’eau ou encore les usages agricoles de l’eau ». La « philosophie » des projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) sera également « affinée » dans le cadre de ce plan, précise l’Élysée.

Bien-être animal : l’Efsa recommande de ne pas isoler les veaux

Les veaux devraient être élevés en petits groupes (de 2 à 7 animaux) au cours de la première semaine de leur vie, l’utilisation d’enclos individuels doit être évitée et ils devraient être gardés avec la mère pendant au moins une journée après leur naissance bien qu’un contact plus long soit recommandé. Telles sont quelques-unes des recommandations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) dans son avis publié le 29 mars sur le bien-être des veaux. L’Efsa estime également que les veaux devraient disposer d’environ 20 m2/animal et recevoir en moyenne 1 kg de fibres détergentes neutres (NDF) par jour, de préférence sous forme de foin coupé en long pour favoriser la rumination et couvrir leurs besoins en fer. L’Efsa a déjà publié des avis sur le bien-être des porcs, des poulets et des poules pondeuses, et sur les conditions de transport des animaux d’élevage. Et publiera prochainement ses conclusions sur les vaches laitières, les canards, les oies et les cailles. La Commission européenne s’appuiera sur l’ensemble de ces travaux pour sa proposition de révision de la législation de l’UE sur le bien-être animal attendue pour la fin d’année.

Cerises : les mesures d’accompagnement de la fin du phosmet

Quelques jours après avoir déclenché, par un arrêté, une clause de sauvegarde sur l’importation de cerises provenant de pays utilisant du phosmet pour cette culture, le gouvernement a présenté, dans un communiqué le 29 mars, plusieurs mesures d’accompagnement de l’interdiction de cet insecticide en France et en Europe. À l’instar de ce qui a été annoncé pour la jaunisse en betterave, le gouvernement « étude la faisabilité d’un accompagnement financier exceptionnel » pour les pertes de cerises liées à Drosophila suzukii en 2023. Il a également « accordé les quatre demandes de dérogations portées par la filière, dès lors qu’elles ne comportent pas de risques avérés pour la santé humaine » ; la liste des produits n’a pas été précisée. Enfin, le ministère annonce l’élaboration d’un « plan d’action pluriannuel, en étroite concertation avec les principaux acteurs de la filière cerises et de la recherche agronomique ». La Commission européenne avait refusé début 2022 de renouveler l’homologation de cette molécule, utilisée pour notamment en cerise pour lutter contre la Drosophila suzukii, invoquant des risques pour les opérateurs, les consommateurs, et la faune.

FNSEA : profond renouvellement du conseil d’administration, 28 nouveaux entrants

Le nouveau conseil d’administration de la FNSEA élu au congrès d’Angers, le 29 mars, est profondément renouvelé, avec 28 nouveaux entrants sur les 64 membres désignés, soit plus de 40 % de renouvellement. L’évènement, qui rassemble 1500 congressistes, est placé sous le signe de l’émotion, avec le départ de la présidente Christiane Lambert. Plusieurs standing ovations ont ponctué les débats, la première ayant eu lieu quand Emmanuel Lachaize, le président de la FDSEA du Maine-et-Loire, a évoqué l’engagement de tous les instants de Christiane Lambert, mais aussi celui de sa famille et de ses salariés. L’éleveuse angevine s’est présentée comme « une capitaine et une coach qui force un peu la main pour valoriser les talents de chacun ». Le secrétaire général Jérôme Despey et le bureau de la FNSEA ont préparé une séquence rétrospective sur les prises de parole de l’ancienne présidente. Celle-ci est revenue sur ses années chez les Jeunes agriculteurs, qu’elle dit avoir adorées. « Sur l’échelle de Richter du stress, vous êtes à 5, la FNSEA est à 25 ! », dit-elle aux JA. Quant à l’efficacité de ses propos et de son rôle de porte-voix, « je le mesure au degré de colère de Michel-Édouard Leclerc ! », s’amuse-t-elle.

Crimes environnementaux : les eurodéputés veulent durcir les sanctions

Le Parlement européen a appelé le 29 mars à allonger la liste des crimes environnementaux et à durcir l’arsenal des sanctions, dans un texte qui sera désormais négocié avec les États membres et pourrait ouvrir la voie à la reconnaissance de l'« écocide » dans le droit de l’UE. Selon leur position avalisée en session plénière, les eurodéputés veulent ajouter à la liste des crimes environnementaux le commerce illégal de bois, la pollution causée par les navires, les violations des lois sur les produits chimiques, les infractions liées aux OGM, les comportements à l’origine d’incendies de forêt ou encore les infractions liées à la pêche illégale. Une liste considérablement allongée par rapport à la proposition initiale de la Commission européenne de décembre 2021. Surtout, les eurodéputés veulent sévèrement sanctionner les contrevenants : « Les infractions entraînant la mort ou des atteintes à la santé et des dommages environnementaux importants" seraient passibles d’une peine d’emprisonnement d'"au moins dix ans », tandis que les autres seraient punies de quatre à six ans de prison. Les entreprises en infraction, y compris par négligence, pourraient notamment être privées de financements publics.

« Bassines » : la secrétaire nationale d’EELV « intimidée » par la CR du Lot-et-Garonne

Des dizaines de militants de la Coordination rurale (CR) sont venues perturber le 28 mars le début d’un déplacement de deux jours en Lot-et-Garonne de la secrétaire nationale d’Europe écologie - Les Verts (EE-LV) Marine Tondelier, a constaté un correspondant de l’AFP. Après avoir annulé une première visite sur le thème de la santé, la dirigeante écologiste n’est arrivée dans le département qu’en début d’après-midi avant de se joindre à la manifestation contre la réforme des retraites. Malgré la protection de gendarmes et de policiers en civil, elle n’a pu avancer que de quelques dizaines de mètres avant d’être bloquée par des militants du syndicat agricole qui ont notamment menacé de lui jeter du lisier, rapporte l’AFP. « Ça n’a aucun sens. Ils ont beaucoup plus de préjugés sur nous qu’on en a sur eux. […] Ils se trompent d’ennemis, ils n’ont pas envie de discuter, pas envie d’entendre, ils sont dans une impasse », a déclaré l’élue aux journalistes. Un jour auparavant, la CR avait averti l’élue dans un communiqué qu’elle n’était « pas la bienvenue », après avoir « semé la violence, la haine et la désolation » en participant à la manifestation de Sainte-Soline le 25 mars (Deux-Sèvres). Sur Twitter, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a condamné ces intimidations, précisant qu’elles ne pouvaient être justifiées en « aucune circonstance et sous couvert d’aucune cause ».

« Bassines » : la famille d’un blessé porte plainte pour tentative de meurtre

La famille d’un homme entre la vie et la mort depuis la manifestation "antibassines" interdite le 25 mars dans les Deux-Sèvres a porté plainte pour tentative de meurtre et entrave aux secours, alors que les autorités défendent l’action des forces de l’ordre. Il s’agit des parents d’un manifestant de 32 ans, originaire de Toulouse, victime d’un traumatisme crânien autour du chantier d’une retenue d’eau à Sainte-Soline, où de violents affrontements ont eu lieu avec les gendarmes. Il a été blessé « par une grenade GM2L », déclarent dans un communiqué ses parents. Ils reconnaissent que leur fils est « fiché S » et « a eu des problèmes judiciaires », « comme la plupart des gens qui se battent contre l’ordre établi », ajoutent-ils en défendant « son honneur ». Le parquet de Niort a indiqué ne pas avoir pu « déterminer l’origine de la blessure » avant de se dessaisir au profit de celui de Rennes en raison de sa compétence militaire. Le délai de prise en charge de ce manifestant à Sainte-Soline est dénoncé par les organisateurs et des observateurs de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), pour qui les autorités ont entravé l’intervention des secours - ce qu’elles démentent.

Bretagne : nouvelles intimidations sur une journaliste, appel à manifestation

Le collectif d’enquête Splann alerte dans un communiqué du 29 mars sur un nouvel « acte criminel » à l’encontre de la journaliste Morgan Large. Dans la nuit du 23 au 24 mars, les boulons d’une roue de la voiture de la journaliste ont été desserrés, mettant en danger la journaliste, alors que le véhicule « roulait parfaitement la veille ». Ces actes, souligne le communiqué, ont été commis « exactement dans les mêmes circonstances » qu’il y a deux ans. Car en 2021, Morgane Large avait déjà constaté le desserrement de boulons « sur la même roue, au même endroit et quasiment à la même date ». Une intimidation qui faisait suite à son témoignage dans un documentaire diffusé sur France3 dédié aux dérives du secteur agroalimentaire en Bretagne. « Le refus de lui assurer une protection policière après sa première plainte, puis le classement sans suite de celle-ci en décembre 2022, ont-ils favorisé un sentiment d’impunité chez ses agresseurs ? » s’interroge le collectif. Dénonçant le « climat de menaces qui pèse sur la liberté de la presse et sur les lanceurs d’alerte », Splann appelle à manifester le 31 mars à Guingamp.

Chèque alimentaire : la prime conçue par les députés EELV rejetée en Coméco

La commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale a rejeté, le 29 mars, la mesure de « prime alimentation » portée par le groupe écologiste dans le cadre de l’examen de la proposition de loi (PPL) « Mieux manger ». La PPL mettait en place une prime de 50 € par mois et par personne pour les ménages les plus modestes à partir du 1er juillet 2023. Un amendement de réécriture déposé par le groupe Renaissance a été adopté. D’après cet amendement, une « prime alimentation » sera attribuée à titre expérimental à certains ménages sur conditions de revenu, au plus tard le 1er septembre 2023. Il ne fixe ni le montant de la prime, ni le cadre de l’expérimentation et renvoie les modalités d’application à un décret. Il s’inscrit en réalité dans la réflexion sur le chèque alimentaire et vise à ne pas « préempter » les travaux du gouvernement, expliquent les députés Renaissance. L’instauration, à compter de 2025, de deux menus végétariens hebdomadaires sans autre choix ou d’une alternative végétarienne quotidienne dans les cantines est également rejetée. L’autre mesure phare, l’interdiction des additifs nitrés dans les charcuteries, a subi le même sort. Les députés de la majorité ont notamment argué que cela « mettrait à mal une partie de l’industrie artisanale de la charcuterie » et qu’il valait mieux « s’en tenir » au plan présenté par le gouvernement.

Menus végétariens : la justice annule la décision de la mairie de Lyon

Le tribunal administratif de Lyon a annulé le 23 mars la décision de la mairie de Lyon qui avait instauré des menus sans viande au printemps 2021, créant une polémique en pleine crise sanitaire du Covid-19. La municipalité écologiste avait expliqué vouloir simplifier le service afin de se conformer au nouveau protocole sanitaire de l’Éducation nationale, qui impliquait une plus grande distanciation entre élèves. Dans sa décision, le tribunal estime que l’état d’urgence sanitaire alors en vigueur ne prévoyait pas de « dérogations » à la réglementation sur les repas scolaires. De même, les « difficultés d’ordre organisationnel » évoquées par la mairie de Lyon « ne constituent pas […] des circonstances exceptionnelles » qui justifieraient de déroger à cette réglementation. D’après un arrêté du 30 septembre 2011, les gestionnaires de cantines scolaires et universitaires sont tenus de proposer au moins quatre plats de viande rouge « au cours de 20 repas successifs ». Ce que n’a pas fait la mairie de Lyon, en servant uniquement des repas végétariens du 22 février au 2 avril 2021. Outre l’annulation de la décision, les juges ont condamné la municipalité à payer 2000 euros de frais de justice aux plaignants (la FDSEA du Rhône et des parents d’élèves).

Agriculteur actif : les anciens élus municipaux craignent pour leurs aides Pac

Dans un courrier envoyé au ministre de l’Agriculture le 29 mars, le député communiste André Chassaigne se fait l’écho d’inquiétudes de l’Association des maires de France (AMF) concernant le bénéfice des aides de la future Pac dont pourraient être privés des « centaines voire des milliers » d’agriculteurs de plus de 67 ans ayant exercé des fonctions d’élu municipal durant leur carrière. En effet, dans son plan stratégique national (PSN), le ministère de l’Agriculture a changé la définition de l’agriculteur actif, qui ouvre droit aux aides Pac : à partir de 67 ans, sont exclus les agriculteurs ayant fait valoir leurs droits à la retraite « auprès des régimes légaux ou rendus légalement obligatoire, de base et complémentaires ». La MSA appliquait déjà une incompatibilité entre retraites et activité agricole, et par conséquent avec les aides Pac. Mais elle venait seulement du régime de retraite agricole ; avec le PSN, le bénéfice des aides Pac exclut celui de tout type de pension de retraite. Or, selon André Chassaigne, de nombreux agriculteurs de plus de 67 ans bénéficient du régime de retraite complémentaire Ircantec (fonction publique) et risquent de perdre leurs aides. Alors que les déclarations Pac s’ouvrent du 1er avril au 15 mai, le député demande donc « une circulaire ou un décret » pour ne pas placer ces agriculteurs « dans de graves difficultés ».

Biochar : premières assises nationales pour ce « puits de carbone »

Les premières assises nationales des biochars se sont tenues le 29 mars à Rennes, organisées par les associations Bretagne éco-entreprises, une agence locale de l’énergie (Aile) et l’institut polytechnique Unilasalle en partenariat avec l’Ademe. Producteurs de biomasse, distributeurs, chercheurs, institutions… « Près de 200 acteurs œuvrant dans le secteur du charbon biosourcé en France » étaient réunis à l’occasion de cette première édition, précisent les organisateurs. L’occasion de « faire connaître » ce co-produit de la pyrolyse (décomposition chimique obtenue par chauffage et en l’absence d’oxygène) utilisé notamment comme amendement dans l’agriculture, rappelle Claire Chastrusse, d.g. de l’entreprise Carbonloop, présentes lors de ces Assises. Et de vanter les bienfaits de ce « puits de carbone, reconnu par le Giec comme une solution qui retire du CO2 durablement de l’atmosphère », qui permet de « retenir l’eau » dans les sols, de les « décompacter » et de les « équilibrer » lorsqu’ils sont acides. Si les assises sont l’occasion de mettre en avant cette filière « naissante » et « peu connue » en France, Claire Chastrusse estime également que des « soutiens financiers » seront nécessaires pour faire émerger ce marché. Chez Carbonloop, la production de biochar est liée à celle de biohydrogène (voir notre dossier).

Viande in vitro : le gouvernement italien dépose un projet de loi pour l’interdire

Le gouvernement italien a adopté, le 28 mars, un projet de loi visant à interdire la production et la vente d’aliments de synthèse et notamment la viande artificielle, rapporte l’AFP. En conférence de presse, le ministre de la Santé Orazio Schillaci avance « le principe de précaution ». Selon lui, « il n’existe pas de preuves scientifiques » excluant « de possibles effets nocifs liés à la consommation d’aliments de synthèse ». En l’état actuel, le projet de loi prévoit que la production et la vente de ces aliments seraient passibles de plusieurs types de sanctions, notamment des amendes allant de 10 000 € à 60 000 €. L’interdiction des aliments in vitro est soutenue par la principale organisation professionnelle agricole italienne, Coldiretti. « L’Italie, qui est un leader européen en matière de qualité et de sécurité alimentaires, a le devoir d’être à l’avant-garde dans les politiques alimentaires pour défendre les citoyens et les entreprises », a affirmé son président Ettore Prandini, cité dans un communiqué. Pour le moment, aucune demande de mise sur le marché pour des produits animaux in vitro n’a été déposée dans l’Union européenne. D’après un rapport du Sénat à paraître sur le sujet, ce type de produit ne devrait pas apparaître dans les rayons avant 2025.

Viande in vitro : une start-up australienne présente de la viande de mammouth

Alors que le gouvernement italien déposait, le 28 mars, un projet de loi pour interdire les aliments de synthèse, la start-up australienne Vow présentait le même jour, au musée des Sciences d’Amsterdam aux Pays-Bas, une boulette de viande de mammouth laineux cultivée en laboratoire. Cette dernière doit encore passer des tests de sécurité avant de pouvoir être consommée. « Nous avons choisi la viande de mammouth laineux car c’est un symbole de perte, anéanti par les précédents changements climatiques », a déclaré à l’AFP Tim Noakesmith, co-fondateur de Vow. « Nous faisons face à un sort similaire si nous ne faisons pas les choses différemment, comme changer des pratiques telles que l’agriculture à grande échelle et notre façon de manger », ajoute-t-il. Des gènes d’éléphant d’Afrique, parent vivant de l’espèce éteinte, ont été utilisés pour combler certaines lacunes de la séquence d’ADN de la myoglobine du mammouth (protéine présente dans les muscles). Les mammouths laineux ont disparu il y a environ 4000 ans.

Céréales ukrainiennes : la Pologne appelle l’UE à freiner les importations

En raison de l’afflux de blé ukrainien dans son pays dans le contexte de la guerre en Ukraine, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a appelé, le 29 mars lors d’une conférence de presse, la Commission européenne à freiner ces importations qui remplissent les sites de stockage et « déstabilisent » les marchés locaux. À cette fin, il exige de Bruxelles qu’« elle recoure à toutes les régulations [possibles] permettant de limiter ou de bloquer l’entrée du blé ukrainien en Pologne comme pays de destination finale ». « Aujourd’hui, on veut que ce blé s’en aille totalement parce que nos sites de stockage en sont tous remplis », a-t-il insisté. Au lieu de rester sur place, le blé ukrainien devrait, via les « Voies de solidarité » (mesures de logistique mises en place par l’UE pour aider l’Ukraine à exporter ses céréales, N.D.L.R.) seulement transiter pour ensuite être expédié vers les pays tiers. Pour compenser les pertes des agriculteurs, Bruxelles avait proposé de débloquer 56,3 M€ de la réserve agricole dont 29,5 M€ en faveur de la Pologne. Les États membres se prononceront sur cette proposition le 30 mars.

Légumes : Prince de Bretagne dévoile ses expérimentations de gestion de l’eau

Un groupe pilote de maraîchers affiliés à la marque Prince de Bretagne teste « depuis 2022 » plusieurs techniques culturales pour préserver la ressource en eau et sa qualité, selon un communiqué le 29 mars. Parmi les techniques utilisées, les « effaceurs de traces de roues ». Ce dispositif « permet une réduction du ruissellement de 64 %, un retard de déclenchement du ruissellement ainsi qu’une meilleure infiltration de l’eau dans le sol », affirme le groupe pilote encadré par la chambre d’agriculture dans le cadre d’un dispositif PSE (paiements pour services environnementaux). De plus, « le binage mécanique des allées » permet d’avoir un « sol motteux », ce qui réduit « le ruissellement en moyenne de 23 % et l’entraînement de boues de 33 % ». Enfin, le « barbuttage (ou buttage) réduit la création de chemin d’eau de 48 % à 100 % selon les années », observent les maraîchers. Par ailleurs, Prince de Bretagne teste depuis 2021 des variétés de tomates et chou-fleur qui résistent mieux au « stress hydrique ». « Il s’agit d’obtenir d’ici deux ans 30 % d’eau en moins sur la culture de 35 variétés de choux-fleurs et 7 variétés de tomates », annonce le communiqué.

Vin : record pour l’œnotourisme en Val de Loire sur l’année 2022 (interprofession)

Le réseau de « Caves Touristiques - vignoble du Val de Loire » a vécu en 2022 une activité record, s’est réjouie le 29 mars Inter Loire (interprofession). Il affiche 1,9 million de visiteurs l’an passé, qui ont généré 91 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec un panier moyen de 98 euros par acte d’achat, selon un communiqué. L’évolution est positive en termes de fréquentation (+16 %), de ventes de vins et prestations d’animations (+13 %). Pas concernant le panier moyen. « Après avoir fortement augmenté en 2020 et s’être maintenu à un niveau élevé en 2021, le panier moyen revient à un niveau d’avant Covid, à un peu moins de 100 euros par foyer acheteur, indique Fanny Gautier, responsable du service économie d’InterLoire. Il est possible que l’inflation marquée du deuxième semestre, affectant le pouvoir d’achat des visiteurs, explique une partie de la baisse du panier moyen. » Le retour des visiteurs étrangers, au panier moyen inférieur à celui des visiteurs français, est un autre élément à prendre en compte, selon Inter Loire. L’interprofession rappelle avoir mis en place dès 2009 l’Observatoire de l’œnotourisme en Val de Loire, « seul vignoble français » ayant un tel dispositif.

Royaume-Uni : un besoin d’investissement de 26 Mrd€ pour la transition agricole (rapport)

Dans un rapport commandé par le ministère britannique de l’agriculture, le cercle de réflexion Green finance institute pour encourager le secteur privé à financer la réduction des émissions et pollutions liées à l’agriculture. De nouveaux objectifs gouvernementaux, rappelle le rapport, prévoient une réduction de 40 % des pollutions liés à l’azote et au phosphore d’ici 2030, ainsi que 60 % de sols gérés « durablement ». Or selon d’autres études rédigées par le même institut, ces efforts pourraient représenter un investissement de 26 Mrd€. Les auteurs estiment donc nécessaire de mobiliser les banques, mais également l’aval de la chaîne agroalimentaire, ainsi que tous les investisseurs intéressés par les services écosystémiques. Les principales barrières, analysent-ils, concernent le manque de données sur les pratiques agricoles, les doutes dans les fermes ou chez les agriculteurs, ainsi que l’absence d’indicateurs clairs donnés par le gouvernement à l’échelle des exploitations. Autant de freins que le rapport propose de lever avec des trajectoires de transition précises, une fiscalité incitative sur le carbone et la nature, ou encore l’accélération de la diffusion des bonnes pratiques. Et de rappeler que le secteur privé, au travers des prêts bancaires, est déjà un financeur important du secteur agricole à hauteur de 22 Mrd€.

Transmission : la start-up Eloi veut lever 2 M€ pour des projets en agro-écologie

La start-up Eloi, spécialiste de la transmission de fermes, lance une campagne de financement participatif, a-t-elle annoncé le 29 mars. Elle espère lever 500 000 euros sur la plateforme Lita.co, pour une opération qui vise au total 2 millions d’euros en fonds propres. Objectif : « Permettre la transmission de 1 000 fermes par an d’ici cinq ans », selon le communiqué. Déjà présente dans le Grand Ouest et en Auvergne-Rhône-Alpes, la société à mission accompagne 470 fermes dans leur transmission, soit plus de 1 500 porteurs de projet d’installation en « agro-écologie ». Une particularité d’Eloi est de « diversifier les fermes existantes en rassemblant sur un même site plusieurs porteurs de projet complémentaires rassemblés en “grappes” ». L’idée est de pouvoir installer sur une même exploitation différents candidats « en proches voisins autonomes et complémentaires ». Eloi assure une reconfiguration des fermes, les rendant accessibles financièrement aux porteurs de projet. Si besoin, la start-up propose aux repreneurs la mise en place d’un portage foncier.