Tendance commerciale de la semaine 18-2024

Marc Labille
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Conjoncture – Le mois de mai 2024 concentre une nouvelle fois quatre ponts : 1er et 8 mai, Ascension et Pentecôte, ce qui va allonger les week-ends pour les familles, mais cela va également impacter l’activité des entreprises d’abattage et de transformation. Après une fin de mois assez morose pour les ventes de viande, de nombreuses actions promotionnelles et publicitaires sont relancées pour faire revenir les clients vers la viande bovine notamment vers les pièces nobles à griller. La consommation de ces pièces nobles est également une question de météo, car les Français aiment les parties de barbecues, et sont même impatients après des mois de grisaille. Le niveau de la demande tend doucement à se renforcer avec un basculement saisonnier des plats d’hiver aux viandes estivales. 

Les perspectives du marché français sont plus favorables, avec des volumes à l’importation qui s’étiolent en même temps que les prix UE remontent.  Cela ne va pas suspendre les mouvements de viande, car les « équilibres matières » imposent toujours des ajustements. La seule ombre au tableau, c’est la tension observée sur les prix des jeunes bovins en Allemagne et en France, alors que les marchés italiens et espagnols restent très toniques.  L’Italie subit le recul des mises en place de broutards de l’an dernier, ce qui a entrainé une réduction de l’offre en viande. D’autre part, cette production largement intégrée dans ce pays doit maintenir des niveaux de rémunération élevés pour permettre un équilibre économique des ateliers d’engraissement. Au regard des tarifs actuellement pratiqués dans les broutards, les prix devraient rester soutenus dans ce pays. De son côté, le marché espagnol a pleinement bénéficié de sa position préférentielle pour servir un marché algérien en grand déficit de viande pendant le ramadan, et même si les exportations se tassent quelque peu depuis deux semaines, les tarifs des jeunes bovins résistent bien. En Allemagne, c’est la consommation de viande rouge qui flanche avec une proportion grandissante de la population qui a banni la viande de son alimentation. Ils sont 8 millions à être végétariens (9,5% de la population) et 1,58 million à avoir opté pour le véganisme en 2022. Le nombre de végans a ainsi été multiplié par 16 en dix ans. Cette baisse de consommation impacte la production de jeune bovin avec des prix qui mettent cette viande attractive à l’export surtout dans une période où les vaches vont manquer. Les engraisseurs français subissent depuis quelques semaines une pression des abatteurs, dans un contexte d’offre en décalage avec les besoins du marché et impactée par le repli des ventes sur la Grèce pendant le carême orthodoxe.  Les ventes vers la Grèce vont reprendre ce qui devrait raffermir le commerce sur les avants. 

Bovins de boucherie – Sur les marchés et dans les abattoirs, les volumes sont plus étriqués avec des éleveurs qui sont accaparés par les travaux de saison (ramassage de l’herbe et semis de maïs en fonction des régions). L’animation commerciale de ce début de mois est normale avec des tarifs qui se maintiennent dans les bonnes femelles Blondes d’Aquitaine, Limousines ou Charolaises de qualité bouchère, sauf dans le nord où les tarifs se replient. La valorisation des Charolaises et autres races R de conformation restent stables avec moins d’offres.     

Réformes laitières – Les producteurs donnent pleinement la priorité à la production laitière avec une belle période pour les herbages. Les volumes disponibles sont en forte baisse avec les travaux de printemps. Les abatteurs profitent de cette première semaine écourtée pour maintenir leurs prix dans l’ensemble les vaches Prim’holsteins, Abondances et Montbéliardes. 

Jeunes bovins – L’animation commerciale reste calme sur la France comme en Allemagne avec des tarifs qui restent sous la pression des abatteurs en raison d’offre ponctuellement suffisante pour la demande.

Bovins d’embouche et d’élevage – Le niveau de l’offre est faible pour cette semaine écourtée du 1er mai. Les tarifs sont stables. 

Broutards – L'activité commerciale est pénalisée par le férié du 1er mai avec des opérateurs qui en profitent pour faire pression sur des tarifs qu’ils jugent trop élevés depuis des semaines. Les tarifs se replient notamment dans les broutards ou taurillons Charolais, Limousins ou croisés lourds (plus 400kg). Les engraisseurs français sont sur une même position face aux tarifs élevés des broutards, mais pour le moment les tarifs résistent à la pression dans les bons Charolais de moins de 350kg.  Les Limousins subissent un ajustement marqué des prix, même si ces derniers restent très convenables.  Le commerce est plus sélectif dans la marchandise commune. Dans les femelles, la demande est mesurée et les tarifs sont revus à la baisse.  

Veaux d’engraissement et d’élevage – Les volumes sont modestes, mais le commerce à l’export est perturbé par le férié du premier mai. Les intégrateurs en profitent pour stopper la tendance haussière de ces dernières semaines. Les transactions sont régulières avec des tarifs qui restent fermes dans les veaux Holsteins, Abondances, Montbéliards, ainsi que dans les croisés laitiers, mixtes ou de races à viande. 

Ovins - L’adéquation offre/demande n’est pas toujours facile à établir, avec une demande amoindrie par des conditions climatiques peu favorables aux grillades.  Le commerce est calme avec des tarifs ajustés à la baisse après des semaines de haut niveau. Les tarifs se maintiennent pour les bonnes brebis. 

Porc – Malgré les ponts de mai qui arrivent, le marché du porc breton affiche une nouvelle stabilité à 2,031€ comme l’ensemble des marchés européens.