Les brèves du 30 mai 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 30 mai 2023

Les brèves du 30 mai 2023

Ministère de l’Agriculture : un projet de pôle agricole à Maisons-Alfort, pour 2028

À l’occasion de la tenue, les 15 et 16 mai, du premier comité social d’administration (CSA) du ministère de l’Agriculture, la secrétaire générale Cécile Bigot-Dekeyser a confirmé qu’un projet « est à l’étude » pour « regrouper » des opérateurs de l’ASP (Agence de services et de paiement), de l’Inao (appellations et origine) et de FranceAgriMer, à Maisons-Alfort (sud-est de Paris), rapporte la CFDT dans son compte rendu. Actuellement situées à Montreuil, à l’est de Paris, les implantations franciliennes de ces trois établissements pourraient être transférées sur le site de l’Enva (école vétérinaire), où l’on retrouve déjà les sièges de l’ONF (forêts) et l’Anses. Ce projet de « pôle agricole » ne date pas d’hier – le dossier avait été soumis au Conseil de l’immobilier de l’État (CIE) dès 2017, qui ne mentionnait alors que le transfert de FranceAgriMer. Le CIE préconisait d’ailleurs d’étendre le projet à d’autres services ou établissements affiliés au ministère de l’Agriculture, comme le Cirad (recherche) ou l’IFCE (cheval). En CSA, le ministère de l’Agriculture a annoncé le report des transferts de l’Inao, de l’ASP et de FranceAgriMer à 2028. Cause du retard : « des évolutions de l’Enva qui doit former plus d’apprenants », rapporte la CFDT. Toutefois, aurait indiqué le ministère, « les opérations immobilières vont démarrer prochainement afin d’atteindre cet objectif ».

 

Agroéquipement : le prix du matériel en hausse de 30 % sur trois ans (fabricants)

Déjà plus élevé de 5 % en 2021 puis 12 % en 2022, le prix des agroéquipements est attendu en augmentation d’au moins 7 % cette année, soit 30 % en trois ans, a indiqué le 25 mai Axema (fabricants), craignant un « retournement » de marché. Le secteur répercute des coûts de production en hausse avec la guerre en Ukraine. Acier et inox, qui représentent un tiers du prix de revient, sont à des niveaux deux fois plus élevés par rapport à 2019-2020. Cela nourrit l’angoisse des constructeurs et concessionnaires quant au seuil d’acceptabilité des tarifs par les agriculteurs, d’après Axema. Pour l’instant, le marché résiste. 8,3 Mrd€ de matériels neufs (8,9 Mrd en incluant chargeurs télescopiques et serres) ont été vendus en 2022 (+15 %), un nouveau record. La croissance est principalement liée aux prix (+12 %), moins aux volumes (+2,5 %). Avec une nouvelle hausse des tarifs de 7 % à 10 % cette année, le marché de l’agroéquipement est projeté à 8,7 Mrd€ minimum (entre +5 % et +10 %) en 2023. Axema s’inquiète d’un « retournement » en 2024. Il y a certes des facturations toujours en forte hausse, de 28 % à fin février. Mais les prises de commande sont en chute libre au premier trimestre, de 36 % en glissement annuel et de 31 % par rapport à la même période en 2019.

 

Distribution : Casino conclut un accord avec Intermarché, sans Teract

Le groupe Casino annonce, dans un communiqué du 26 mai, avoir signé un protocole d’intentions avec le groupement Les Mousquetaires (Intermarché/Netto) prévoyant notamment la cession d’une centaine de magasins en France pour un total de plus d’1Md€ de chiffre d’affaires. Les premières cessions auront lieu d’ici la fin de l’année. L’accord entérine aussi la création d’une centrale d’achat commune sur les produits de marques de distributeur. Lourdement endetté, Casino officialise son entrée dans une procédure de conciliation de quatre mois pour renégocier avec ses créanciers. L’accord avec Intermarché pourrait perturber le rapprochement entre Casino et Teract, dont le premier actionnaire est la coopérative InVivo. Pour rappel, Casino et Teract sont entrés début mars en négociations exclusives pour créer un nouvel acteur de la distribution et Intermarché s’est invité fin avril dans les discussions. Le projet devait être finalisé fin mai, mais selon les informations du journal Les Échos (article payant), il manquerait 200 M€ à Teract sur 500 M€ d’investissement promis à Casino. Casino se veut toutefois rassurant et précise que l’accord conclut le 26 mai est « compatible avec les discussions en cours avec Teract sur le projet industriel initié il y a quelques mois, ainsi qu’avec toutes opérations capitalistiques complémentaires ».

 

Influenza : dédensification renforcée en canards à rôtir dans les Pays de la Loire (Cicar)

Devant la persistance de l’épizootie d’influenza aviaire, notamment dans le Sud-Ouest, l’interprofession du canard à rôtir (Cicar) a décidé de geler temporairement les mises en place d’animaux à partir de la semaine 27 (du 3 juillet) dans les 45 communes les plus denses des Pays de la Loire. « Ne seront réintroduits dans cette zone que des animaux vaccinés », précise Yann Brice (Cicar) à Agra Presse le 26 mai, alors que la vaccination des canards est prévue pour début octobre dans toute la France. Cette nouvelle mesure vise à « réduire les densités pour éviter, en cas de foyer, la diffusion de la maladie d’élevage en élevage », précise M. Brice. Ces 45 communes – les plus denses au sein de la zone surnommée « Vendée militaire » – couvrent une partie de la Vendée, du Maine-et-Loire et des Deux-Sèvres. Elles comprennent plus de 230 bâtiments de canards à rôtir, qui produisent habituellement quelque 140 000 animaux par semaine. Après deux vagues d’influenza, au printemps 2022 puis à l’hiver suivant, les éleveurs de ces 45 communes ont déjà subi des restrictions (pas de mise en place de canard à rôtir jusqu’au 15 mai). Le président du Cicar Guy-Marie Brochard demande à l’État un accompagnement financier pour cette mesure responsable.

 

Influenza aviaire : dans le Sud-Ouest, le virus aurait pu persister sur les parcours

« Il semblerait que du matériel génétique [du virus de l’influenza aviaire] ait persisté sur les parcours » d’élevage dans le Sud-Ouest, a indiqué François Landais, vétérinaire avicole au cabinet Anibio, lors d’une visioconférence des chambres d’agriculture le 17 mai. « Les animaux remis en place ont eu quatre, cinq semaines de vie normale. Dès qu’ils ont eu accès aux parcours, il est probable qu’ils se soient contaminés. » Une conclusion surprenante, car « on pensait impossible que le virus se maintienne trois ou quatre mois dans l’environnement, même avec un hiver froid et humide comme cette année ». Comme suspecté, des séquençages confirment que la flambée actuelle (lire notre article sur agra.fr) est due à une « résurgence locale, et pas à une réintroduction par la faune sauvage migratoire », selon Jean-Luc Guérin, professeur à l’École vétérinaire de Toulouse (ENVT). Des doutes subsistent sur les mécanismes de cette résurgence, avec deux hypothèses : celle d’une « boucle locale qui fait que le virus n’a jamais quitté la zone », et celle d’une « évolution des propriétés du virus » qui aurait « gagné en stabilité dans l’environnement des élevages ». « Toutes les données que l’on connaît sont défavorables » à cette deuxième hypothèse, note M. Guérin, qui « ne croit pas à la résistance du virus [à long terme] dans les bâtiments ».

 

Fruits et légumes/plan souveraineté : succès du premier dispositif « agroéquipements »

L’appel à manifestation d’intérêt (AMI) sur les agroéquipements innovants pour la filière fruits et légumes est « un succès » avec « 270 dossiers déposés », s’est réjoui le ministère de l’Agriculture dans un communiqué le 26 mai. Cet AMI avait été lancé le 12 avril à l’intention des équipementiers et pépiniéristes, avant l’ouverture « à l’été » d’un guichet d’aides publiques aux producteurs pour qu’ils puissent investir dans les matériels sélectionnés. La Rue de Varenne a fait cette annonce au lendemain du « premier comité de pilotage stratégique » du plan souveraineté fruits et légumes, qui a permis « d’établir la gouvernance opérationnelle et la feuille de route » du plan doté en tout de 200 millions d’euros. Elle a par ailleurs mis à jour le dossier de présentation du plan diffusé au Salon de l’agriculture. Ce dossier passe de 21 pages à 126 pages, avec des précisions sur les actions et les échéances. Par exemple, un « plan d’alternative d’urgence » pour les 24 situations d’impasses en matière de lutte contre les bioagresseurs devra être livré en 2025. De plus, le CGAER devra évaluer les besoins en main-d’œuvre dans un rapport à remettre en 2023-2024. Autre exemple : un groupe de travail sur les alternatives naturelles aux produits phytos sera constitué en septembre.

 

LOA : l’installation de nouveaux profils réclame des budgets supplémentaires (rapport)

Dans un rapport sur l’installation des personnes non issues du milieu agricole (Nima), le CGAAER (ministère de l’Agriculture) souligne les besoins supplémentaires pour accompagner ces nouveaux profils. Il propose d’accroître la contribution de l’État au financement du parcours préparatoire à l’installation à hauteur de 50 à 80 %, selon les conclusions d’une mission dans le cadre de la LOA (loi d’orientation agricole). Cela représente 5 à 10 M€ d’enveloppe supplémentaire pour le PAIT (Programme d’accompagnement de l’installation transmission en agriculture), financé par l’État et les régions. « La remise à plat du parcours est indispensable pour prendre en compte ces nouveaux profils, former les conseillers et ouvrir les dispositifs à la pluralité des agricultures », considèrent les auteurs. Accompagner les Nima nécessite des moyens supplémentaires mais aussi « des changements de posture et surtout une remise à plat de l’écosystème agricole », d’après le CGAAER. Le rapport préconise ainsi d’élargir la gouvernance des instruments de régulation du foncier agricole pour mieux intégrer les nouveaux profils d’actifs. Cela concerne notamment le contrôle des structures et l’intervention des Safer.

 

« Bassines » : les députés de la commission développement durable se penchent sur le dossier

Réunie le 24 mai, la commission du développement durable de l’Assemblée nationale s’est penchée « sur une pratique particulière, qui a suscité des réactions contrastées, parfois virulentes, celle de la constitution de bassines agricoles », selon les mots de Jean-Marc Zulesi, député Renaissance et président de la commission. Les députés ont reçu Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France, Antoine Gatet, vice-président de FNE, et Alexis Guipart, membre du réseau « eau » de FNE. Au cours de ces discussions, deux visions opposées de la gestion de l’eau se sont affrontées. Pour Sébastien Windsor, les réserves « sont alimentées par un captage en hiver, à des périodes de crues […] ce qui se traduit souvent par une amélioration d’un point de vue environnemental ». Une vision que ne partage pas Alexis Guipart, pour qui « l’eau surabondante en hiver est une vue de l’esprit », précisant son importance pour les milieux. Reste que pour Sébastien Windsor, « si demain, on ne cultive pas les fruits et les légumes chez nous », ce sera « l’eau qui vient d’ailleurs que l’on importera dans nos rations alimentaires ». Pour les représentants de FNE, les « déséquilibres quantitatifs » en eau dans les territoires ne sont pas dus aux fruits et légumes mais à la « maïsiculture intensive », qui utilise 20 % de l’eau dédiée à l’agriculture.

 

Vin : un besoin de 3 000 ha supplémentaires pour les vins d’apéritif (fédération)

Dans un contexte d’arrachage et de distillation au sein de plusieurs bassins viticoles, la Fédération française des vins d’apéritif (FFVA) a souligné le 25 mai un manque de vins de base en France pour les entreprises du secteur, dont « près de 60 % des besoins » sont couverts par des importations, surtout d’Espagne. « Nous aurions besoin de l’équivalent de 3000 ha supplémentaires en France », rappelle le vice-président du SFVM (mousseux) Franck Ribayre, cité dans un communiqué. Une demande justifiée également par les « progressions annuelles de 20 à 30 % sur les marchés export » de certains vins aromatisés ou vins mousseux. La grande majorité des vignes plantées en France sont consacrées à la production de vins en AOC, reléguant les sans IG (4 %) au rang de « variables d’ajustement », déplore la FFVA. « La limitation des droits de plantation, plafonnée à 1 % par an, crée une situation de pénurie pour ces vins de base car les autorisations de plantations sont bloquées par les gestionnaires des appellations. » Et de souligner les opportunités liées à l’essor des vins désalcoolisés. « Cette demande va engendrer une augmentation des besoins en vins de base », considère le président Jérôme Perchet.

 

Grandes cultures bio : « bonnes performances économiques » en Essone depuis 2009 (Arvalis)

Dans un article publié le 25 mai, l’Institut du végétal Arvalis présente les résultats notamment économiques d’une expérimentation de grandes cultures bio sans apport extérieur d’azote. Lancé en 2009 à Boigneville (Essonne), cet essai a été conduit sur une parcelle de 5,2 ha. Un outil baptisé Systerre permet « d’extrapoler les résultats obtenus […] à une exploitation de 300 ha pour 2 actifs », précise Arvalis. « Les résultats obtenus mettent en évidence de bonnes performances économiques », relève l’institut qui explique ces résultats par des « cultures à fortes valeurs ajoutées comme le blé à destination de la meunerie ». Entre 2009 et 2022, le seuil moyen de commercialisation était ainsi de 205 €/t pour un prix de vente moyen de 404 €/t. Ce point fort est contrebalancé par « la présence dans la rotation de cultures moins rémunératrices mais dont la vocation agronomique les rend indispensables », précise Arvalis. Et d’ajouter que « c’est notamment le cas de la luzerne, dont le seuil de commercialisation moyen entre 2009 et 2022 est de 106 €/t pour un prix de vente moyen de 88 €/t ». Par ailleurs, la marge nette avec aides est en moyenne de 607 €/ha et de 138 €/ha sans les aides entre 2009 et 2022. « Même sans les aides, la marge nette de l’exploitation reste positive 12 années sur 14 depuis le début du dispositif », soutient Arvalis.

 

Santé/environnement : l’alimentation mondiale génère 14 000 Mrd$ de coûts cachés (étude)

Dans une étude parue le 15 mai dans la revue Nature Foods, des chercheurs anglais et suisses ont estimé, pour la première fois à l’échelle mondiale, les montant des externalités négatives créées par l’alimentation (hors alcools), que ce soit sur la santé humaine ou les milieux naturels. Ils l’estiment à 14 000 milliards de dollars (Mrd$), l’équivalent de 17 % du PIB mondial en 2018, en accordant notamment une valeur monétaire aux vies humaines, aux espèces ou aux écosystèmes. Les dommages provoqués par l’alimentation proviennent en majorité des consommations d’eau et de terres, du réchauffement climatique et des émissions de particules fines. Rapportées à la population, les nuisances sont bien supérieures en Amérique du Nord et en Océanie (4200 $/habitant) qu’en Asie ou en Afrique sub-saharienne (1100 $/habitant). Les produits animaux sont responsables de 51 % des coûts au niveau mondial, selon l’étude. Les chercheurs soulignent qu’une suppression de la consommation de viande rouge réduirait ces externalités de 4000 Mrd$, l’adoption d’un régime végan de 7000 Mrd$. Avec une méthodologie différente, des ONG ont publié une étude, fin 2022, des coûts et bénéfices liés aux pesticides en France, estimant à 372 M€ les coûts directs pour l’État.

 

Caprins : Jacky Salingardes reconduit à la présidence de la Fnec

Jacky Salingardes, éleveur en Occitanie, a été réélu à la présidence de la Fnec (éleveurs de chèvres, FNSEA), annonce un communiqué. Le conseil d’administration de la Fnec s’est réuni, le 25 mai, pour élire son nouveau bureau après le renouvellement des administrateurs du syndicat lors de l’assemblée générale qui s’est tenue les 5 et 6 avril. Producteur de lait en AOP Selles-sur-Cher dans le Loir-et-Cher, Sylvain Boiron est élu secrétaire général à la suite de Franck Moreau, ce dernier ayant transmis son exploitation. Les postes de vice-présidents reviennent à Jean-Philippe Bonnefoy et Samuel Herault. Laurence Gueit assurera la trésorerie.