Feux de forêt
Les pompiers mobilisés contre le risque incendie

Ariane Tilve
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Sensibiliser le public aux risques accrus de feux de forêt sur fond de changement climatique, voilà la priorité du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS). En présence du préfet, du maire de Mâcon, du président du Conseil départemental et du Préfet, les sapeurs-pompiers de Saône-et-Loire ont présenté vendredi 26 mai leurs dispositifs préventifs d’intervention.

Démonstration d'intervention sur le plateau de Sennecé-lès-Mâcon.
Démonstration d'intervention sur le plateau de Sennecé-lès-Mâcon.

Oui, le risque feux de forêts et de végétation est très prégnant en Saône-et-Loire. Surtout lorsque l’on sait que le département est couvert au quart par des massifs forestiers. En dix ans, les feux d’espaces naturels ont été multipliés par huit et, face à des étés de plus en plus chauds et secs, il en va de la responsabilité de chacun d’adopter un comportement responsable pour prévenir les incendies d’espaces naturels et de massifs forestiers. Avec une surface forestière de 204.000 hectares qui couvre le quart du territoire, dont 77 % en propriété privée, il s’agit de sensibiliser de nombreux interlocuteurs aux bonnes pratiques. D’autant plus que le changement climatique accroît les risques d’incendie de végétaux à l’air libre, que ce soit en broussailles, en forêts ou encore en cultures.

Détecter précocement

La stratégie de lutte contre ces incendies a pour objectif la détection précoce, l’attaque massive et rapide des feux naissants. L’un des impacts de ce changement est la modification du couvert végétal. La composition des massifs forestiers ne devrait pas significativement évoluer, sinon par la raréfaction d’essences actuellement présentes suite à des dépérissements, mais sans apparition d’espèces, plus thermophiles ou mieux adaptées à la sécheresse. Certains modèles prévoient une modification sensible de la répartition et du type d’essences. Les réserves hydriques deviendront discriminantes. L’extension des formations forestières qui dépérissent va s’accompagner aussi d’une augmentation de la combustibilité des formations végétales touchées par accumulation de la quantité de combustible mort.

Autre impact, l’augmentation de la nécromasse et de la biomasse combustible. Ces dernières décennies, le maintien du bois mort en forêt a été favorisé pour des raisons de conservation de la nature et de la biodiversité. Ce bois mort est le combustible privilégié des incendies de forêts. En hausse, les tempêtes hivernales couchent les bois morts, qui ensuite par sécheresse ou infestations parasitaires, rendent cette nécromasse disponible aux feux de couches herbacées et arbustives. Partant de ce constat, les sapeurs-pompiers de Saône-et-Loire se sont fixé quatre objectifs : empêcher les feux en mettant l’accent sur la prévention, maîtriser l’éclosion des feux au stade initial, limiter les développements catastrophiques et réhabiliter les espaces incendiés.

Le Colonel Frédéric Pignaud, le maire de Mâcon Jean-Patrick Courtois, le président du Conseil départemental André Accary, le député Frédéric Canard et le préfet Yves Séguy.

Plus que jamais, prévenir

« 90 % des départs de feux sont causés par un humain, qu’il soit volontaire ou non », insiste le colonel Frédéric Pignaud. D’où l’importance de continuer à informer et à sensibiliser le public sur les risques d’incendie et inciter les citoyens à adopter les bons réflexes (lire encadré). La surveillance dissuasive permet, elle, de limiter le risque criminel, grâce au maillage du territoire par des moyens opérationnels terrestres et éventuellement aériens, mais surtout par une présence dans les massifs. Les caméras de surveillance et autres drones peuvent également être mobilisés pour surveiller. Autre moyen de prévention, les indicateurs météorologiques prévisionnels des feux de végétations. Entre juin et septembre, le Centre opérationnel départemental d’incendie et de secours (CODIS) reçoit chaque jour des indicateurs de risque prévisionnels des feux de végétation en croisant, entre autres informations, le niveau de sécheresse et les conditions météo. L’indice d’éclosion propagation maximum (IPEx) caractérise, lui, le danger pour la végétation fine (herbacés, broussailles, cultures agricoles mûres) ou morte (dont les forêts en dépérissement). Il est utilisé pour caractériser le danger d’éclosion et de propagation de feux liés aux travaux agricoles estivaux (récoltes), feux de chaumes ou herbacés (voies ferrées, bords de route). L’été, l’IEPx est un bon indicateur du risque de "saute de feu".

Maîtriser au plus vite les départs de feu

Maîtriser au plus vite les départs de feu est donc la priorité. « En France, 95 % des feux ne dépassent pas un hectare » ajoute le Colonel Pignaud. Pour y parvenir, le maillage du territoire est essentiel. Les unités d’intervention spécialisées doivent se trouver à moins d’une heure de n’importe quel point d’intervention éventuel. Sachant qu’une unité complète comprend « un véhicule tout-terrain de commandement, avec un officier chef de groupe, et quatre engins qui transportent chacun 4.000 litres d’eau », la mise à disposition de moyens matériel et humain est essentielle. Côté matériel, le département compte 27 camions de citernes de feux de forêts moyens (CCFM) et devrait bientôt en compter 30. La Saône-et-Loire dispose également 36 véhicules de liaison hors route (VLHR), des 4x4 utilisés pour le commandement, la reconnaissance ou le sauvetage tout-terrain ; un camion-citerne feux de forêts « super » capable de transporter plus de 12.000 litres d’eau et 21 camions-citernes ruraux (CCR).

Au niveau national, il s’agit de muscler les moyens aériens pour les rendre disponibles au niveau local. Le département devrait disposer de quatre à dix hélicoptères bombardiers d’eau, douze canadairs et huit Dash Q400, des avions de ligne transformés en bombardier d’eau l’été. Autre priorité du SDIS pour lutter efficacement contre ces incendies, la formation des sapeurs-pompiers. Actuellement, près de 630 hommes sont formés sur le territoire, ils devraient être 1.000 d’ici l’été 2026. Un apprentissage vital pour ces équipes qui risquent leurs vies et peuvent compter sur l’habitacle de leurs camions pour se réfugier en cas de besoin. « Véritables zones de survie, ces cabines sont surpressée, l’air y est respirable et 300 litres d’eau sont dédiés uniquement à l’arrosage en cas de besoin » précise le Colonel Pignaud. Qu’ils soient professionnels ou non, nombre de soldats du feu réclament cette formation. Chaque année, ils sont six à pouvoir y accéder. C’est plus que par le passé, mais encore insuffisant face au risque. D’où l’importance de mettre l’accent sur la prévention, chacun à son humble niveau.

Adopter les bons réflexes

– Jetez vos mégots dans un cendrier, jamais au sol. En voiture, attention aux cendres incandescentes pouvant sortir par la fenêtre ouverte.
– Faites votre barbecue sur une terrasse, loin de l’herbe et des broussailles. Ne faites pas de feu en pleine nature.
– Bricolez loin de la végétation avec un extincteur ou source d’eau à portée de main.
– Évitez d’aller en forêt avec des véhicules motorisés et respectez les barrières fermées.