« Les vins de Bourgogne s’invitent chez vous »
Une e-formation inspirante

Cédric MICHELIN
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L’appellation Givry était sous les projecteurs le 28 juin dernier. Ce nouveau concept d’e-formation – sous le nom « Les vins de Bourgogne s’invitent chez vous » -, initialement développé pour pallier l’impossibilité de réaliser des formations en présentiel, a permis d’identifier de nouveaux leviers pour toucher les cibles de prescripteurs dans le futur. De quoi inspirer d'autres vignerons à faire de même ?

Une e-formation inspirante

Beaune, 28 juin, 10h59. « Plus qu’une minute avant le début, silence ! », demande Delphine Petit. Ce n’est pas un tournage (encore que) de film, non, dans les locaux du BIVB à Beaune, est enregistré et diffusé en direct sur les réseaux sociaux, la troisième émission « Les vins de Bourgogne s’invitent chez vous ». Réalisée par l’Interprofession des vins de Bourgogne, l’objectif est de palier à l’absence ou le manque de formations habituellement organisées avant le Covid. L’occasion de rassembler des prescripteurs – cavistes, restaurateurs… - et des « influenceurs » passionnés de vins, de Bourgogne et d’ailleurs donc. L’occasion aussi de parler d’appellations bourguignonnes « moins connues », comme il est inscrit dans le plan stratégique du BIVB depuis 2020. La première émission mettait ainsi en valeur l’AOC santenay, la seconde, l’AOC bourgogne côte d’or et donc la troisième – et peut-être dernière – l’AOC givry.

Des invitations et relances à planifier

Une formation des prescripteurs qui se double d’une belle opération de communication. Un modèle du genre. D’un nouveau genre donc. Le BIVB n’a pas mis dessus les gros moyens d’une chaîne de télévision nationale mais à plutôt jouer la carte d’une petite Agence de communication Parisienne spécialisée sur ce genre de diffusion vidéo en ligne et en direct. Résultat, un rendu visuel professionnel gardant un côté convivial.

Un beau visuel de vignes de Bourgogne sert de décor pour habiller la salle de réunion du BIVB. Un mange-debout, recouvert d’une nappe feutrée, avec deux chaises hautes, permettent aux invités de se tenir droit devant 6 verres de vins bien disposés. En face, côté technique, trois appareils photos réflex de qualité professionnelle, enregistrent différents plans vidéos. Trois éclairages led judicieusement placés enlèvent les ombres portées. Un mini studio de montage permet de changer dynamiquement de plans vidéos en permanence. Un autre ordinateur permet d’incruster les illustrations, des vins et cartes des appellations. Trois personnes sont mobilisées depuis le matin. Sans compter, la responsable marketing du BIVB, Delphine Petit et son collègue, Nicolas Bohain qui anime en même temps les réseaux sociaux. Si un lundi est un jour propice pour espérer toucher les restaurateurs et cavistes, souvent fermés ce jour, le 28 juin marque surtout une réouverture pour eux de l’activité récemment annoncée alors par le Premier Ministre. 45 personnes sont connectées en direct. Mais à l’image des deux premières émissions, quelque semaines après, ce sont plusieurs milliers de connexions qui sont comptabilisés par la chargée des relations Presses, Mathilde Paturaud. Le BIVB communiquant a posteriori dessus sur plusieurs de ses supports (site web, emailing, newsletters…), et pas que sur les réseaux sociaux donc.

La dégustation (bien) en amont

Mais comment se sont préparées les « stars » du jour ? À partir de la cave Prestige du BIVB. 6 vins de l’appellation givry ont été retenus. Là encore, l’objectif est de parler de vins « accessibles » dans une fourchette de prix compris entre 12 et 20 €/bouteille. Le BIVB a ciblé des restaurateurs, cavistes… et les a invité à s’inscrire à l’événement. Une fois inscrit avec adresse postale obligatoire, un colis de 6 mignonettes de vins de 4 cl a été envoyé, suffisamment petit pour être déposé dans la boite aux lettres en cas d’absence. Joliment étiquetées, les mini-bouteilles étaient accompagnées d’un rappel du rendez-vous à ne pas manquer. Le BIVB a envoyé plusieurs mails de confirmation d’enregistrement et de rappel, dont un avec des liens vidéos parlant de l’appellation : décrite par Juliette Roblot, Véronique Drouhin, en français ou en anglais.
Pour présenter les émissions, le BIVB a fait appel à Manuel Peyrondet, originaire d’Autun, meilleur sommelier de France et dirigeant de la société Chais d’œuvre à Paris. À ses côtés, le directeur de la cave de Buxy, Rémi Marlin qui lui aussi a reçu les vins pour préparer ses commentaires de dégustation. Le jour du tournage, rendez-vous est donné deux heures avant pour faire connaissance, briser la glace – facile pour les deux hommes aux nombreux points communs - et surtout pour échanger leurs impressions sur les vins. Ils les (re)dégustent d’ailleurs une (avant)-dernière fois avant le direct. Chacun comprend le rôle de l’autre. Ils vérifient le filage, le déroulé une dernière fois.

Dégustation rythmée

« Silence ». Les micro-cravates sont allumés. Le direct démarre donc. Le service des vins est parfaitement exécuté. Le rituel de la dégustation débute. La hiérarchie est respectée : blancs puis rouges, village puis premiers crus. Les regards se croisent lors du direct pour s’échanger la parole. Géographie des lieux-dits, sols, expositions, récolte, vinification, élevage, clé du millésime, référence du Domaine, comparaisons prestigieuses, conseils pour le boire (température, accords mets-vins…), durée de conservation, positionnement prix… rien n’est oublié. Manuel Peyrondet reprend la main car c’est lui le maitre du temps. L’émission ne doit pas trop dépasser une heure. Un format déjà assez long pour un direct sur le web. À midi pile, le dernier vin est dégusté et Manuel Peyrondet remercie Rémi Marlin « pour ses commentaires instructifs d’un givrotin pure souche » qui profite de l’instant pour faire la promotion des événements de l’été (Musicaves, Oenorires…).

Faire passer la passion

L’émission se termine et les sourires restent. Tout s’est bien passé. « C’est super intéressant ce format différent pour digitaliser des événements. On essaye de faire passer de l’émotion surtout, du plaisir. Le public est demandeur aussi d’apprendre. Et là, on touche plus de monde », se réjouit Manuel Peyrondet. Même avis pour Rémi Marlin qui a passé « un bon moment, sans stress, puisqu’on connaît bien les produits. Il faut rester naturel, honnête et passionné ». Une passion commune que d’autres vignerons de Bourgogne ne manqueront pas de reproduire à l’avenir, chez eux dans leurs caveaux, quitte à utiliser des outils plus simples (mais pas trop...) et pas forcément en direct. Une belle idée à reproduire pour s’associer avec un sommelier, un restaurateur, un caviste… et partager avec clients et amateurs.