La sécheresse sévit en France métropolitaine au point que de nombreuses préfectures ont pris des arrêtés interdisant, à plus ou moins grande échelle, l’utilisation de l’eau à des fins privées ou collective. La sécheresse serait-elle plus importante et plus grave que celle de 1976 ?

Pire qu’en 1976 ?

Pas moins de 90 départements sur les 96 métropolitains ont restreint, conformément aux arrêtés préfectoraux, les usages de l’eau. Le 26 juillet, seuls les départements de l’Aisne, de l’Ariège, de la Corrèze, des Hauts-de-Seine, de Paris et de la Seine-Saint-Denis n’imposaient aucune restriction dans les usages de l’eau. Les départements les plus en tension pour les eaux de surface sont ceux de l’Ouest de la France en particulier ceux du bassin de la Loire et à proximité : Loire-Atlantique, Ille-et-Vilaine, Mayenne, Sarthe, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne. Une partie du sud-est est également impactée par le manque de précipitations comme l’Isère, la Drôme, le Var. Les préfets des départements en crise ont déclaré l’arrêt des prélèvements « y compris à des fins agricoles ». Seuls les prélèvements permettant d’assurer l’exercice des usages prioritaires (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité et sécurité des centrales nucléaires) sont alors autorisés.

L’impact se fait d’ores et déjà sentir sur les cultures dont les rendements accusent des baisses notables, sur les grandes cultures notamment. Dans certains secteurs géographiques, une partie des fruits et des raisins ont grillé sur place. Le bétail souffre également des chaleurs parfois excessives, augmentant le besoin en hydratation. Selon la race (lait, mixte ou viande) une vache boit entre 40 et 120 litres d’eau par jour. Un volume qui peut doubler sous de très fortes chaleurs comme ces dernières semaines.

Gestion de l’eau : une priorité

Le site Propluvia.fr qui dépend du ministère de la Transition écologique, pointe de très nombreuses sous-régions en crise tant pour les eaux de surface que pour les eaux souterraines. Il faut dire que le printemps 2022 (mars-avril-mai) a été le troisième le plus sec derrière 2011 et 1976, enregistrant un déficit de précipitation de 45 % par rapport à la normale. Selon Météo France, il serait même le plus chaud depuis 1900. En France, le mois de juin a également été, aux dires de différents sites météorologiques, le troisième mois le plus chaud jamais enregistré dans le monde !

Intervenant le 18 juillet dernier dans l’émission C dans l’air (France 5), la climatologue Françoise Vimeux a indiqué que l’année 1976, au regard de la dernière décennie (2011-2020) pourrait passer comme un été « tout à fait banal. On ne s’en apercevrait pas (… ). Il est devenu la norme ». Sans tirer de conclusions hâtives, son homologue Jean Jouzel, expert du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) subodore que 2022 a déjà battu 1976. « Les températures moyennes de 2022 seront certainement au-dessus de 1976, on le saura à la fin de l’été […] 2022 a déjà battu les records de 1976. Les extrêmes enregistrées pendant la canicule de 1976 ont approché les 40 °C, là, on les a dépassés »*.

Pour l’agriculture, les choix sont peu nombreux. Avec les épisodes extrêmes qui s’accélèrent d’année en année (sécheresse en été et pluies diluviennes en automne et en hiver), la gestion de l’eau par de nombreux moyens devient une priorité. Il faut aussi rappeler qu’il pleut en France l’équivalent de 503 milliards de mètres cubes d’eau par an**. Sur les 33 milliards de m3 (soit 6,6 % du volume total), le secteur agricole ne représente que 16 % de ce volume, derrière les 56 % pour la production d’énergie et les 18 % pour les ménages. Parmi ces 16 %, 92 % servent à l’irrigation, 6 % pour l’abreuvement et 2 % pour d’autres utilisations.

 

*Ouest-France du 19 juillet 2022

** https://www.eaufrance.fr/les-volumes-de-precipitations