Les brèves du 30 août 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
-

Voici les brèves du 30 août 2023

Les brèves du 30 août 2023

 

Pomme de terre fécule : Tereos annonce la fermeture de son usine d'Haussimont 

«Faute d'acquéreur», le géant agroalimentaire Tereos a annoncé le 29 août la fermeture de son usine de transformation de pomme de terre en fécule à Haussimont (Marne), dans un communiqué. Le groupe coopératif avait indiqué en juin qu'il envisageait la fermeture de ce site, qui emploie 62 personnes, dans une circulaire adressée à ses coopérateurs planteurs. Ce sera le troisième site de Tereos concerné par une fermeture en quelques mois, après la sucrerie d'Escaudoeuvres (Nord), rachetée récemment par l'entreprise belge Agristo, et la distillerie de Morains (Marne). «Nous avons pris le temps et délivré les moyens nécessaires pour trouver une solution qui permettrait de maintenir l'activité de la féculerie.  Aujourd'hui, au regard de l'évolution de cette piste, il est de notre responsabilité de réfléchir à d'autres solutions pour le site d'Haussimont», indique Christophe Lescroart, directeur des activités agricoles et industrielles Europe de Tereos, cité dans le communiqué.  Tereos précise que le projet de fermeture n'a pas d'impact sur la campagne 2023-2024 de pommes de terre de fécule qui sera lancée le 20 septembre. La France ne compte aujourd'hui que deux féculeries, celle d'Haussimont et celle de Vecquemont (Somme, groupe Roquette).

 

Phytos : BASF déploie son modèle de vente au forfait et au résultat sur 12 000 ha 

Ce sont huit distributeurs, dont les coopératives Cérèsia, Eureden, Agrial, Oxyane et deux négoces, qui proposent désormais à leurs clients agriculteurs le nouveau modèle de vente de pesticides au forfait et au résultat, développé avec le fabricant BASF. Pour la récolte 2023, l'offre a été déployée sur 12 000 hectares de blé et d'orge. «L’agriculteur achète des hectares de cultures en pleine santé, explique Yohann Béréziat, responsable de développement chez Xarvio, filiale dédiée à l’agriculture numérique. Il délègue la protection phytos à son distributeur, qui s’engage sur le résultat.» Le service est facturé 85 €/ha en moyenne, incluant le coût des produits. BASF pilote les traitements fongicides grâce à un OAD (outil d’aide à la décision), basé sur des modèles prédictifs de maladies. Le rôle du technicien de coop se limite à l’observation des parcelles. Si l’objectif n’est pas atteint, à savoir 80% de feuilles vertes, BASF indemnise l’agriculteur, à hauteur de 180 €/ha en 2023. «Le modèle est vertueux sur le plan économique et environnemental, souligne Yohann Béréziat. Chaque acteur vise à réduire les phytos.» Une baisse de 20% de l’IFT (indicateur de fréquence de traitement) fongicide aurait été mesurée depuis le lancement en 2019-2020.

 

Brexit : nouveau report des contrôles sur les importations alimentaires européennes 

Le gouvernement britannique a annoncé reporter une nouvelle fois la mise en œuvre des contrôles post-Brexit sur les importations de produits frais et alimentaires de l'Union européenne, au début 2024 (et non plus fin octobre) indique l’AFP le 29 août. Cela concerne l'introduction de certificats sanitaires et phytosanitaires, ainsi que les contrôles douaniers complets pour certaines marchandises provenant d'Irlande du Nord. Néanmoins, des contrôles physiques sur les produits d'origine animale, les végétaux, les produits végétaux et «les denrées alimentaires et aliments pour animaux à haut risque d'origine non animale en provenance de l'UE», seront mis en œuvre en avril 2024. Ce report intervient dans le cadre de la publication d'un nouveau «modèle opérationnel» (Border Target Operating Model) qui doit introduire «un nouveau régime global de contrôles de sécurité et de biosécurité». Londres compte notamment simplifier la saisie ou le partage des données et s'appuyer sur des nouvelles technologies (scellés douaniers "intelligents", traceurs GPS).

 

Légumes : la Sica Saint Pol de Léon veut investir dans un hôtel pour les saisonniers  

La Sica Saint Pol de Léon (Finistère) se positionne sur l’achat d’un hôtel afin de loger les travailleurs saisonniers pendant les récoltes. «Le projet est dans les tuyaux mais le marché post saison estival est tendu, et si nous voulons un tarif compétitif, nous sommes capés en termes de valeur d'achat. Nous restons toujours en veille» explique Olivier Sinquin directeur, à Agra Presse. La Sica est engagée depuis plusieurs années dans l’aménagement de l’hébergement des travailleurs saisonniers, une des raisons à la pénurie récurrente de main d’œuvre dans la filière. «Jusqu’à trois ans, il n’était pas trop difficile de trouver un logement. Le disponible est aujourd’hui très réduit, explique Olivier Sinquin. Le développement du tourisme résidentiel en Bretagne a réduit les possibilités. «Nous avons rénové un ancien bâtiment sur notre site pour y aménager 18 chambres, soit 50 lits, totalement équipées. Nous en sommes aujourd’hui à 3500 nuitées en saison. L’outil est saturé» explique-t-il. En septembre 2022, la Sica a acquis auprès de la commune de Saint-Pol de Léon 12 conteneurs « bungalow » équipés de deux lits et raccordés eau.

 

Nitrates: premiers arbitrages dans le PAR 7 breton, susceptible d’évoluer 

La région Bretagne aurait tranché sur plusieurs mesures qui figureront dans le prochain programme d’action régionale de lutte contre les nitrates agricoles (PAR 7), tient Agra Presse de sources concordantes. Le préfet envisage de relever le seuil d’obligation de traitement des effluents à 25 000 unités d’azote produites sur la ferme, contre 20 000 actuellement. Cette mesure s’applique aux exploitations dont l’un des sites d’élevage est dans une commune située dans une ancienne zone d’excédent structurel (ZES). Il prévoit de mettre en œuvre une nouvelle mesure dans les vasières: l’interdiction d’épandre sur une distance de 10m le long des cours d’eau. Par ailleurs, le préfet de Bretagne aurait décidé de maintenir à 50mg/L le seuil de nitrates à partir duquel une zone de captage est considérée à risque (ce qui entraîne la mise en œuvre de mesures renforcées), alors que le programme d’action national nitrates (PAN7) permet un abaissement à 40mg/L. Le contenu de ce projet de PAR7 breton pourrait cependant évoluer vu le jugement du tribunal administratif de Rennes, le 18 juillet, qui a donné quatre mois à l’Etat pour prendre des mesures de renforcement de la lutte contre la prolifération d’algues vertes due aux nitrates.

 

Inflation alimentaire: améliorer la situation «sans rogner les marges» agricoles (Le Maire) 

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a promis mardi que «tout ce qui peut améliorer la situation» de l'inflation alimentaire «serait retenu», avec une «limite» toutefois, ne pas «rogner les marges» des agriculteurs. «Toutes les propositions sont les bienvenues», a estimé M. Le Maire en marge de la REF 2023, l'université d'été du Medef, alors qu'il recevra mercredi et jeudi les distributeurs puis les industriels du secteur, en compagnie de la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire. M. Le Maire répondait à la presse notamment au sujet de la demande du PDG de Carrefour Alexandre Bompard d'un moratoire sur l'application de la loi Descrozaille. M. Le Maire s'est «félicité que les distributeurs fassent des propositions». «C'est comme cela qu'on arrivera ensemble à de meilleurs résultats, nous allons tout regarder de manière constructive», a-t-il dit, et «tout ce qui nous permettra d'améliorer la situation, nous le retiendrons». «La seule chose à laquelle je suis très attentif, ce sont les inquiétudes des agriculteurs qui ne veulent pas qu'on tire les prix vers le bas pour leur production agricole», a cependant prévenu le ministre : «c'est la seule limite que je fixe, je ne veux pas qu'on rogne les marges des agriculteurs».

 

Inflation: la FCD veut retarder l'encadrement des promos sur les produits d'hygiène 

A la veille d'une réunion entre Bruno Le Maire et les distributeurs, le nouveau président de la FCD (grande distribution) a déclaré, le 29 août sur France Info, qu'il plaidera pour un «moratoire d'un an sur l'application de la loi Descrozaille», qui avait été qualifiée par cette même fédération d'«irresponsable pour le pouvoir d’achat des consommateurs» lors de son adoption en mars. Et de citer le cas de l'encadrement des promotions en droguerie, produits d'hygiène et de soins, à 34%. Contactée, la FCD précise que la demande de moratoire porte uniquement sur ces produits, et pas sur l'alimentaire. Pour rappel, l’expérimentation de l’encadrement des promotions pour les produits de droguerie, parfumerie et hygiène (DPH) instaurée par la loi Descrozaille débutera le 1er mars 2024. Par ailleurs, le texte prolonge l'encadrement des promotions jusqu'au 15 avril 2026 sur les produits alimentaires, et le seuil de revente à perte jusqu'au 15 avril 2025. Il plafonne les pénalités logistiques, encadre les négociations commerciales en cas d'absence d'accord au 1er mars, et étend principe de non-négociabilité de la matière première agricole aux produits vendus sous marque de distributeur (MDD).

 

Apiculture: des outils pédagogiques pour éviter les allégations de santé non-conformes 

L’interprofession des produits de la ruche (Interapi) a produit un rapport et trois fiches pratiquessur l’utilisation d’allégations de santé dans la filière apicole, annonce un communiqué le 29 août. Le but de ces «ressources pédagogiques» est «d’améliorer l’information des acteurs de la filière» afin de «réduire le taux de non-conformité» observé par la DGCCRF dans une étude et une enquête menées en 2016 et en 2019. Le rapport définit ce qu’est une allégation, précise le cadre règlementaire et les sanctions encourues. Les fiches pratiques réitèrent, de manière synthétique, les principaux éléments du rapport. La première fiche portant sur «les allégations de santé» rappelle que «à ce jour, aucune (…) n’est autorisée pour les produits de la ruche». La deuxième fiche examine «le cas particulier» du pollen. Pour ce produit, certaines allégations de santé dites «en attente» sont autorisées «temporairement». Elles sont listées dans la base de données de la DGCCRF et leur utilisation doit respecter le cadre règlementaire général, souligne l’interprofession. La troisième fiche porte sur la catégorie des «compléments alimentaires» dont le cadre est plus souple, mais qui implique de respecter plusieurs normes d’étiquetage.

 

Ovins/caprins: immense incendie en Grèce, 4000 ovins et caprins brûlés 

La Grèce lutte depuis onze jours contre un feu dévastateur dans le département frontalier d'Evros (nord-est) et la forêt protégée de Dadia, le «plus grand incendie jamais enregistré dans l'UE» (81 000 hectares) ayant tué 20 personnes et provoqué «un désastre écologique» et économique. Composée principalement de pins noirs (Pinus nigra) et de pins sylvestres (Pinus brutia) mélangés à des chênes, le parc de Dadia est surtout connue pour ses rapaces. La forêt de Dadia est vitale pour l'économie locale, car elle soutient l'exploitation forestière, l'apiculture et les activités touristiques dans le département de l'Evros, l'un des plus pauvres du pays. Rien que dans la municipalité d'Alexandroupoli, plus de 4.000 moutons et chèvres ont été brûlés, ainsi que 50 bergeries, selon les premières estimations, tandis que des entrepôts contenant des aliments pour animaux ont également été détruits, selon Kostas Dounakis, président de l'Association locale des éleveurs. «Tout le pâturage a été brûlé, toute la zone a été détruite et les bêtes n'ont nulle part où paître... Tout cela crée un coût très élevé pour les éleveurs», a-t-il déploré sur la chaîne de télévision publique Ert.

 

Amazonie/viande: mis en cause pour son approvisionnemen au Brésil, Carrefour dément 

Le groupe de distribution Carrefour, accusé par le média d'investigation brésilien Reporter Brasil de s'approvisionner indirectement en viande de boeuf auprès d'un éleveur accusé de déforestation en Amazonie, a démenti le 29 août «tout approvisionnement en viande de boeuf provenant du fermier incriminé». Carrefour a assuré dans un e-mail n'avoir «aucun approvisionnement de viande de boeuf venant du fermier incriminé (Bruno Heller) ou de membres de sa famille». Selon Reporter Brasil, l'un des fournisseurs de Carrefour dans le pays, Frialto, a acheté du bétail qui provenait d'élevages de Bruno Heller, mis en cause dans des affaires de déforestation illégale de l'Amazonie. Bruno Heller aurait selon le média eu recours à du«"blanchiment de bétail», transférant des bêtes issues d'élevages mis en cause pour déforestation vers d'autres qui ne le sont pas, certains au nom de sa fille. «Suite à l'alerte soulevée par Reporter Brasil, Carrefour Brésil a vérifié dans sa base de données l'absence de tout approvisionnement en viande de boeuf provenant du fermier incriminé ou de membres de sa famille», a martelé Carrefour, dont la filiale brésilienne «a un dispositif de surveillance par géo-monitoring satellite de plus de 33.000 fermes en temps réel au Brésil».

 

Déforestation/Bassin du Congo: réunion régionale pour réconcilier alimentation et forêt 

Des responsables politiques et des acteurs de la protection de l'environnement ont ouvert le 29 août à Kinshasa une réunion régionale consacrée aux moyens de conjuguer production alimentaire et conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo, dans un contexte d'urgence climatique. Au premier jour de cette réunion prévue jusqu'à jeudi et qui doit accueillir une centaine de participants d'une dizaine de pays, les intervenants étaient unanimes : la protection de l'environnement devrait mettre «l'homme au centre l'action», dans une région où les populations locales puisent l'essentiel de leurs moyens de substance de la forêt. Mais «comment pouvons-nous conserver la biodiversité de la forêt du bassin du Congo tout en renforçant la sécurité alimentaire de la région ?», s'est interrogé le ministre de l'Agriculture de la République démocratique du Congo José Mpanda, souhaitant, au nom du gouvernement de Kinshasa, avoir une réponse à l'issue de cette rencontre. «Pour les populations marginalisées et pauvres, la forêt est leur supermarché (...) on ne va pas leur interdire» d'y trouver de quoi se nourrir, a-t-il dit. Derrière l'Amazonie, le bassin du Congo est le deuxième massif de forêt tropicale de la planète.

 

Précision sur le mécanisme de taxation-remboursement des pesticides 

Suite au retour d'un de nos lecteurs, nous précisons que dans le cadre du mécanisme de taxation-remboursement des pesticides proposé par des scientifiques de l'Inrae, évoqué dans le précédent Agrafil, le montant du remboursement est calculé sur le montant moyen payé par hectare dans la région pour la culture visée. Le montant de la taxation est quant à lui calculé sur la consommation individuelle de pesticides, pour inciter à la baisse.