Sanitaire
Sanitaire viticole : une véritable année à Mildiou !
S’il est encore un peu tôt pour faire un réel bilan, ou ne serait-ce que chiffrer l‘impact du Mildiou sur la récolte, à l’approche des vendanges, il est certain qu’il est loin d'être négligeable. Premier retour du Vinipôle Sud Bourgogne sur cette campagne où toutes les conditions étaient malheureusement réunies en faveur de ce champignon, parasite historique de la vigne.
Pour essayer de comprendre et d’expliquer cette pression historiquement forte sur le département, mais assez généralement sur l’ensemble du vignoble français, il faut remonter à l’automne dernier : le mildiou termine alors son cycle par la voie sexuée, provoquant les symptômes appelés mildiou mosaïque sur les feuilles. Ce dernier est porteur d’oospores, une forme de conservation du mildiou durant l’hiver. Les feuilles tombant au sol, ces oospores ont eu tout l’hiver pour arriver à maturité et pouvoir faire germer les premières spores responsables des contaminations primaires au printemps.
Comme très souvent, cette maturité est fonction de la température et de l’humidité. Et ces spores se sont épanouies ce printemps. Car, depuis la mi-octobre 2023, les précipitations vont s’enchainer très régulièrement jusqu’à fin décembre, maintenant une humidité permanente des sols propoice. Sur certains secteurs (par exemple Clessé), on enregistrait plus de 400 mm entre le 15 octobre et la fin mars. Dans le même temps, les températures moyennes sont très douces. En effet, c'est l’un des hivers les plus doux jamais enregistré par les stations météos, avec surtout des températures rarement en dessous des 5°C (moyenne > 8°C).
Ces facteurs étant réunis, la maturité est observée beaucoup plus précocement que les autres années, soit le 26 mars en Saône-et-Loire, contre le 23 avril en 2023 ! (selon les suivis biologiques au microscope réalisés chaque année par la chambre d'Agriculture de Saône-et-Loire). De plus, le potentiel de germination (nombre de spores issu d’un oospore) était plutôt important par rapport à certaines années. Ainsi, dès le début de campagne (débourrement de la vigne) 2024, les contaminations étaient possibles, avec un niveau de risque plutôt élevé compte tenu de l’humidité des sols, de l’enchainement des précipitations entretenant une humidité de l’air. Ces conditions favorables se sont prolongées quasiment toute la saison : 58 jours de pluie (plus ou moins abondantes) sur les mois d’avril/mai/juin, pour la même station de Clessé, provoquant de nombreuses contaminations (>25) sur cette période. Les modèles d’analyse de risque utilisé pour le Mildiou (Outil d’Aide à la Décision - OAD) - qui prennent en compte seulement la pluviométrie, l’hygrométrie et les températures - classent cette campagne 2024 en tête du palmarès des plus fortes pressions (juste devant 2016).
En parallèle, les produits ont été souvent mis en défaut soit par un lessivage rapide et régulier en ce qui concerne les produits de contacts (par exemple le cuivre) soit par une dilution en ce qui concerne les produits systémiques, en raison d’une pousse plutôt active toute la saison.
À ces différents paramètres favorables, on peut également rajouter le fait que les conditions n’étaient pas forcément favorables au moment de la floraison, ce qui a rallongé cette période de forte sensibilité en exposant les grappes plus longtemps à des risques de Rot gris, la forme la plus impactante au niveau de la perte de rendement.
Pour résumer, le Mildiou a passé l’hiver au chaud, les pieds dans l’eau, ce qui est optimale pour ce champignon, puis a passé le printemps et l’été dans des conditions tout aussi humides entretenues par les pluies régulières (jusqu’à 400 mm encore du 01/04 au 31/07), une végétation plutôt abondante, (et souvent un peu d’herbe entre et dans les rangs !), et tout cela avec une protection qui a pu faire défaut. Il reste juste à espérer que ces conditions restent exceptionnelles.
Le Vinipôle Sud Bourgogne poursuit ses analyses pour faire le bilan final lorsque la saison culturale après vendanges sera terminée.