Comité régional des céréales
« Nous pouvons répondre à tous les besoins », rassure Jacques de Loisy, agriculteur de Côte-d’Or et président

Jacques de Loisy, agriculteur de Côte-d’Or et président du Comité régional des céréales de Bourgogne Franche-Comté, revient sur le bilan de la moisson 2021.

« Nous pouvons répondre à tous les besoins », rassure Jacques de Loisy, agriculteur de Côte-d’Or et président
Jacques de Loisy préside le Comité régional des céréales de Bourgogne Franche-Comté. L'organisme souhaite à l'avenir travailler sur l'analyse prospective, afin de détecter d'éventuels marchés qui, aujourd'hui, ne seraient pas pourvus par la production céréalière régionale.

Vous présidez le Comité régional des céréales. Pouvez-vous repositionner cet organisme dans le contexte de Bourgogne Franche-Comté?
Jacques de Loisy : Le CRC est placé sous la tutelle du préfet de Région et du ministère de l’Agriculture. Il regroupe les familles de la filière céréalière et oléagineuse. Il existe depuis longtemps, mais a pris tout son sens avec la fusion des Régions, qui a conduit à ce que ces collectivités aient plus de poids dans les discussions avec l’État, notamment pour ce qui touche aux orientations agricoles du second pilier de la Pac. Au sein du CRC, Christian Morel, nouveau vice-président du Conseil régional de BFC en charge de l’agriculture, qui connaît bien la filière, est présent. Il y aussi une volonté de redynamisation du CRC, en lien avec Marie-Jeanne Fotré-Muller, Directrice régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf), notamment pour organiser des réunions qui ouvriront une vision plus prospective sur la communication de la mise en marché et sur l’organisation de la filière. C’est une ambition que je partage avec les deux vice-présidents du CRC, Lionel Borey (président de la coopérative Bourgogne du Sud) et Damien Racle (établissement Bresson à Saulon-la-Chapelle, en Côte-d’Or). Les CRC sont confortés par la réorganisation de la filière céréalière, sous l’égide d’Intercéréales et de l’AGPB, pour tout ce qui touche à l’organisation de la production et de la mise en marché des céréales. Nous avons, en France, une filière céréalière forte, présente sur les marchés régionaux, national, européen et mondial et la Bourgogne Franche-Comté est pleinement intégrée dans ce schéma. Nous produisons des céréales pour les meuniers locaux, pour les fabricants locaux d’aliments pour bétail, pour nos voisins européens et pour une partie de l’Afrique, notamment le Maghreb. Dans ce contexte, le CRC analyse et communique toutes les notions importantes pour le marché céréalier.

Quel bilan tirez-vous de la moisson 2021 ?
J.d.L. : Nous avons eu une moisson compliquée mais qui permet néanmoins de répondre à tous les besoins. En juillet, il y a eu beaucoup d’appréhension, compte tenu des conditions climatiques. Les producteurs étaient légitimement anxieux sur les conditions de récolte. Aujourd’hui, après analyse des lots livrés et des stockages qui sont encore en fermes, on peut considérer que l’ensemble des segments de consommation pourront être pourvus. Les besoins en alimentation animale pourront être satisfaits, notamment par des blés fortement protéinés puisque la fertilisation azotée a pu avoir lieu dans de bonnes conditions. Pour la filière « Viandes blanches » par exemple, c’est important. Parallèlement, nous pourrons répondre à la filière consommation humaine, puisque, malgré les conditions de récolte compliquées, nous avons des blés à plus de 75 de poids spécifique (PS) avec, là-aussi, de bons taux de protéines et des taux de Hagberg (qui mesure l’activité des enzymes du grain, NDLR) très corrects. En menant un gros travail d’allotement dans les exploitations agricoles ou au sein des organismes stockeurs qui ont pris le temps, lors de la moisson, de bien répartir les différentes livraisons en fonction des exploitations ou des variétés, nous avons aujourd’hui des stocks bien triés et sur lesquels nous pourrons avoir une valorisation et une mise en marché rapide, et d’autres, après un travail de tri un peu plus méticuleux, de reprise d’état de grains, qui permettront de fournir l’ensemble des marchés. C’est un signal fort que nous souhaitions apporter avec une récolte qui, en volume, est bien supérieure à celle de l’an passé. 

Le travail accompli ces dernières années sur l’allotissement semble avoir été bénéfique...
J.d.L. : Il y a parfois des lots que l’on doit passer au trieur optique afin d’enlever quelques grains qui peuvent poser problème, dans le but d’avoir un lot homogène et de rehausser le PS. Ce travail, il se fait chez les organismes stockeurs. On enlèvera peut-être 1 ou 2 % de la récolte, qui partiront dans une valorisation moindre, mais les 98 % restants pourront accéder à l’échelon supérieur, de manière tout à fait honnête, transparente et professionnelle puisqu’on se doit de mettre en marché des lots sains, loyaux et marchands. Toute la filière s’attache à travailler sur cela, ce qui permet aussi de rassurer les marchés, puisqu’il y avait des appréhensions qui s’exprimaient sur l’origine France. 

Au-delà du travail réalisé en matière de prévision ou de bilan des récoltes, le CRC peut-il développer une autre approche ?
J.d.L. : En 2022, nous allons travailler sur l’adéquation de l’offre et de la demande. Nous devons acquérir une analyse plus fine des besoins des différents marchés et, peut-être, adapter quelques mises en production, afin de répondre à des marchés qui ne sont pas pourvus actuellement. Cela éviterait de faire appel à de l’importation. 

L’évolution des prix sur les céréales est actuellement encourageante. Quelle analyse en faites-vous ? 
J.d.L. : On a constaté une évolution du prix des céréales, qui n’est pas de la même ampleur que celle de 2007 où le blé avait frôlé les 300 euros la tonne. Néanmoins, on est autour des 200 euros payés aux producteurs. Nous avons conscience que pour des filières telles que la viande blanche (porc ou poulets) qui sont de gros consommateurs de céréales, cette augmentation a un impact et nous attendons beaucoup des discussions menées actuellement sur la loi ÉGAlim 2. Il faut qu’elles aboutissent positivement pour que les céréaliers puissent valoriser convenablement leurs productions et que nos collègues éleveurs ne soient pas pris en tenaille. Il faudra que les éleveurs puissent envisager l’avenir sereinement quant aux prix auxquels ils pourront vendre leurs productions, notamment en GMS et que la répercussion des prix des céréales aille jusqu’au consommateur final afin que le producteur s’y retrouve. 

Propos recueillis par Berty Robert