ÉGAlim 2 en viande bovine
Indicateurs de coûts de production : des vaches à 6 euros et des broutards à 4, exigez le juste prix !

Propos recueillis par Sophie Chatenet
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Les indicateurs prix de revient en viande bovine explosent encore au premier semestre 2022. Conformément à la loi ÉGAlim 2, le président de la Fédération nationale bovine, Bruno Dufayet, rappelle qu’ils sont le socle de toute négociation et qu’ils doivent être respectés par les acheteurs. « Avec l’augmentation de tous les indicateurs de coûts de production, vos vaches sont à 6 euros et vos broutards à 4 euros, exigez le juste prix ! »

Indicateurs de coûts de production : des vaches à 6 euros et des broutards à 4, exigez le juste prix !
Bruno Dufayet, éleveur dans le Cantal, préside la Fédération nationale bovine. 

Les indicateurs Prix de revient en viande bovine, mis à jour par l’Idèle pour le premier semestre 2022, sont à nouveau en forte augmentation. Une bonne nouvelle pour les éleveurs ?

Bruno Dufayet : Depuis le début de l’année, les prix payés aux producteurs ont bien augmenté, en moyenne de 25 à 30 % par rapport à 2021. Nous pourrions nous en féliciter, sauf qu’entretemps, les charges des éleveurs ont explosé, si bien qu’il subsiste encore un écart important entre les coûts de production et les prix payés aux producteurs.

Les opérateurs ne respectent donc pas les nouvelles règles du jeu instituées par la loi ÉGAlim 2 garantissant le strict respect des indicateurs de coûts de production ?

B.D. : La prise en compte des coûts de production n’est en effet pas pleinement effective. Tous les acteurs de la filière qui déclarent que la contractualisation ne sert à rien, sont irresponsables. Il est temps d’arrêter de mettre la pression sur les éleveurs. Une vraie perspective doit être donnée dans le secteur de la viande bovine, faute de quoi la décapitalisation va encore s’amplifier.

Cette décapitalisation inquiétante appelle selon vous à un sursaut…

B.D. : La décapitalisation s’accélère, c’est une réalité. Elle est clairement le reflet de la faiblesse des revenus. Qui plus est dans un contexte climatique compliqué en raison de la sécheresse où beaucoup d’éleveurs préfèrent vendre une partie de leurs bêtes plutôt que d’acheter des fourrages. Sur ces derniers mois, on a perdu 3,2 % du cheptel. Entre 2016 et 2022, nous avons perdu 720.000 vaches et 11 % de l’effectif de races à viande, c’est considérable. Moins de production, c’est un affaiblissement de notre souveraineté alimentaire, c’est moins d’abattoirs, moins d’outils de transformation, c’est juste une question de bon sens. Les opérateurs qui refusent de contractualiser aujourd’hui devront en assumer les conséquences demain, y compris pour eux-mêmes.
Dans un moment où la consommation se tient, mais où nous arrivons dans la limite de ce que nous pouvons produire, la filière doit s’interroger sur son modèle pour demain, peut-être plus durable. Et nous le redisons, la première étape de cette durabilité passe par une rémunération suffisante des producteurs.

À quelques jours de l’ouverture du Sommet de l’Élevage à Clermont (du 4 au 7 octobre), qu’attendez-vous des pouvoirs publics ?

B.D. : Les pouvoirs publics doivent garantir le respect de la loi ÉGAlim 2 et appliquer les sanctions prévues en cas de défaut.