Marchés de bétail vif
Une réunion pour envisager l'avenir

L'interprofession bovine, la Fédération des marchés de bétail vif et des élus FNB se sont réunis mardi 13 octobre dans les locaux de la Sicafome pour échanger sur les alternatives envisageables au désengagement de FranceAgriMer de l'observatoire des prix des marchés de vif.

Une réunion pour envisager l'avenir
Les marchés au cadran craignent pour la véracité de leurs cotations en cas de désengagement de FranceAgriMer de l'observatoire des prix.

Échanger pour envisager l'avenir ensemble. Tel était l'objectif de cette réunion de travail entre l'Interprofession bovine, (Interbev-FNB) la Fédération des marchés de bétail vif et des représentants des marchés au cadran dont la Sicafome qui a accueilli cette matinée de travail. La réunion de ces acteurs de la filière fait écho à la volonté de FranceAgriMer de faire évoluer la collecte de ces cotations en conformité avec le nouveau règlement européen de 2019 (voir article ci-contre). Les échanges ont débuté par un exposé de Martial Tardivon, responsable des ventes à la Sicafome, sur la manière avec laquelle la structure collecte les cotations pour le compte de sa fédération. « En préambule, je voudrais signaler que la seule intervention humaine dans la restitution de ces chiffres se situe au niveau du classement des animaux lorsqu'ils rentrent dans le ring. Nous ne classons que du charolais, donc si nous avons une autre race, nous sortons l'animal pour ne pas parasiter la cotation. Ensuite on se sert de deux documents : la liste des ventes et la moyenne des cotations. La structure dispose grâce à ce premier document, d'une mine d'informations pour renseigner les éleveurs le plus précisément possible. J'entends parfois la rumeur selon laquelle la Sicafome modifie le résultat des cotations. Mais si l'on compare la publication de ces dernières dans les journaux agricoles avec nos statistiques, je mets au défi quiconque de trouver une erreur. Cette moyenne des cotations est ensuite envoyée à la FMBV qui la diffuse à la presse. Ce qu'on publie reflète rigoureusement ce qui s’est passé sur notre marché », affirme Martial Tardivon. En ce qui concerne les marchés de gré à gré, les données sont moins précises qu'au cadran mais les résultats sont néanmoins suivis par FranceAgriMer lors des commissions de cotations.
Cette présentation a été l'occasion pour la FMBV de montrer à l'interprofession le rôle essentiel joué par les marchés au cadran dans la collecte des cotations. Un travail effectué en toute transparence selon eux.

Un indicateur mal compris

Depuis cet été, la FNB a fortement réagi à la baisse des prix du broutard en publiant notamment plusieurs indicateurs (dont un baromètre du cours moyen du broutard charolais U 400 kg). Un outil qui se veut complémentaire aux cotations de marchés mais qui ne correspond pas au travail effectué par la FMBV qui réalise 25 % de l'export notamment vers l'Italie. D'où la nécessité de mettre les pratiques à plat. « À la FNB, nous réfléchissons à proposer des solutions pour les agriculteurs. Les marchés sont certes des lieux d'échanges mais on voudrait que les éleveurs puissent se confronter à d'autres données pour éviter que soit colportées de fausses informations. D'où l'idée de créer un indicateur national » estime Christian Bajard, le président de la FDSEA de Saône-et-Loire. Mais le mode de calcul de cet indicateur fourni par France-AgriMer étonne les marchés au cadran qui ont repéré des différences de prix par rapport à leurs statistiques. C'est en tous les cas le sentiment de Martial Tardivon : « sur les trois dernières semaines, j'ai relevé jusqu'à 10 centimes d’écart entre le Charolais U à Moulins-Engilbert et l'indicateur FNB. Cette différence n'est pas à l'avantage des éleveurs et certains opérateurs pourraient être tentés de se servir de ce flou pour jouer sur le prix et ça me gène » a estimé la chef des ventes de la Sicafome. « Nous ne parlons pas du même périmètre. Nous collectons des données des opérateurs au niveau national dont FranceAgriMer. Or d'un bassin à un autre, il peut y avoir des différences d'où cet écart de prix. Mais il n'y a pas de notre part une volonté de rentrer en contraction avec les cotations marchés, notre indicateur est un outil supplémentaire qui se veut pédagogique pour les éleveurs », explique Marie Penn, chargée de mission à la FNB.

« La véracité des cotations en question »

Le désengagement possible de FranceAgriMer via l'observatoire des prix inquiète la FMBV qui craint pour la représentativité des marchés. Actuellement, pour que des cotations soient prises en compte, il faut que les marchés au cadran commercialisent 5.000 gros bovins et ovins et 2.500 veaux. Depuis 1995, FranceAgriMer soutien la FMBV au travers d'un observatoire des prix qui a débouché notamment sur une grille de cotation commune pour tous les marchés. 38 marchés sur les 45 que compte la FMBV dans son effectif d'adhérents font partie de l'observatoire de FranceAgriMer. Si le désengagement est confirmé, 78 % du volume d'animaux vendus par les cadrans vont disparaître de cette instance de surveillance. Pour essayer de faire entendre leurs arguments, la FMBV a envoyé un courrier au ministère de l'agriculture. Une missive signée conjointement par la FNB, Interbev, Elvea (association d'éleveurs) et la FFCB (Fédération des commerçants de bestiaux). Des pétitions circulent également sur tous les marchés. Preuve sans doute que la profession a compris qu'il fallait désormais s'unir pour qu'il y ait encore demain des cotations vérifiées de manière impartiale qui favorise le commerce et in fine la juste rémunération des éleveurs.
Théophile Mercier

Les explications de FranceAgriMer

Contacté sur le sujet de l’observatoire des prix sur le marché du vif, FranceAgriMer a tenu à faire quelques précisions.

Pouvez-vous nous rappeler le cadre légal de l’accompagnement de FranceAgriMer ?

FranceAgriMer : FranceAgriMer soutient l’observatoire des prix sur les marchés en vif animé par la FMBV depuis 1995, selon des modalités qui ont peu évolué depuis cette date. Or le contexte, notamment réglementaire, a profondément changé depuis 1995 et FranceAgriMer se voit contrainte de faire évoluer les modalités de soutien à cet observatoire. De plus, pour les animaux engraissés et vendus pour la boucherie, une cotation « entrée abattoir » pour les gros bovins, les veaux et les ovins, reposant sur des déclarations des abatteurs, a été instaurée par un règlement de l’Union européenne de 2008. Cette cotation a été mise en place en France par un décret de 2012, qui en a confié la réalisation à FranceAgriMer. La cotation des animaux vendus pour la boucherie sur les marchés en vif ne revêt donc plus un caractère réglementaire.

On entend parler d'une nouvelle réglementation, pouvez-vous nous en dire plus ?

FAM : cette réglementation de l'Union européenne datant d'octobre 2019, dénommée « transparence des marchés », instaure 90 nouvelles notifications de données économiques (tous secteurs confondus) à transmettre à la Commission européenne à compter du 1er janvier 2021. FranceAgriMer est chargée de ces notifications et, pour une bonne partie d’entre elles, doit faire évoluer ses enquêtes existantes ou en créer de nouvelles, ce qui constitue un chantier important tant en ressources humaines qu’en budget pour l’évolution de son système d’information. Toutes ces évolutions conduisent FranceAgriMer, dans un contexte global de réduction des effectifs et des moyens pour tout ce qui est des enquêtes ou cotations (tous secteurs confondus), à se recentrer sur ce qui relève strictement des obligations réglementaires. Pour ce qui concerne les animaux vifs qui font l’objet de cotations sur les marchés de l’observatoire, FranceAgriMer ne met pas fin à l’observatoire, mais continue à apporter son soutien aux cotations des catégories d’animaux concernées par la réglementation, à savoir les veaux de huit jours à quatre semaines (encore appelés « petits veaux ») ou les bovins destinés à l’engraissement (encore appelés « bovins maigres »). Ce soutien concerne des marchés dont le seuil d’activité est significatif afin de garantir la représentativité et la robustesse de ces cotations. Ces critères de représentativité sont pour le moment à l'étude.