Auxiliaires de culture
Leur offrir aussi le gîte

Françoise Thomas
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Avoir des ouvriers volants qui travaillent sept jours sur sept, jour et nuit, c’est ce que propose Agri Nichoirs, la société créée par Brice Le Maire. Le concept repose, tout simplement, sur l’installation et le suivi de nids pour oiseaux et d’abris pour chauve-souris, placés dans les parcelles agricoles.

Leur offrir aussi le gîte
Deux gîtes différents pour des hôtes très voraces...

Le principe « ne consiste pas à "produire" des mésanges ou des chauves-souris, mais bien d’aider les agriculteurs à produire leurs fruits et légumes », précise d’emblée Brice Le Maire. Pour cela, le concepteur d’Agri Nichoirs agit pour la présence naturelle des oiseaux et des chauves-souris sur les parcelles agricoles, étant des prédateurs particulièrement efficaces de tout un ensemble de ravageurs de cultures (un couple de mésange consomme jusqu’à 18.000 insectes par saison de ponte !). Pour cela rien de tel que des nichoirs adaptés, bien positionnés, à la conception résistante, le tout à un coût raisonnable pour l’agriculteur.

Des parcelles quadrillées

« La bibliographie montre à quel point il y a un intérêt à accueillir une population d’oiseaux et de chauve-souris sur les parcelles. Sans enrailler toute la pression d’insectes ravageurs, elle permet de réguler l’importance et la fréquente de ces attaques ».
Ainsi, le concepteur d’Agri Nichoirs préconise une dizaine de nids par hectare, et ceci en installant de concert les deux types d’habitats, nichoirs à mésanges en bambou et boxes en douglas pour chauve-souris : « les deux espèces n’interviennent pas au même moment ni sur les mêmes types d’insectes… ».
Alors bien sûr, ces auxiliaires-là ne font pas le distinguo entre les "bons" insectes et ceux qui nuisent aux cultures car « mésanges et chauves-souris ciblent plutôt un type d’insectes et une mésange pourra aussi bien manger un puceron, qu’une coccinelle… ». Cependant, leur présence participe à la régulation générale de l’écosystème, ce qui ne peut, au final, qu’être bénéfique.

Efficacité surveillée

Mais une fois les nids en place, quel est le rôle de l’agriculteur ? « Observer ! », répond Brice Le Maire dans un sourire. Les nids se gèrent d’eux-mêmes. Peut-être à l’usage le lieu choisi pour quelques-uns nécessitera un repositionnement, mais les interventions se limiteront donc à cela.
Parmi les deux options possibles, Brice Le Maire propose malgré tout un relevé annuel pour « établir le taux d’occupation des nids ». Au moment de l’installation, chaque nid est géolocalisé ce qui permettra de facilement le retrouver par la suite (leur nombre est souvent d’une centaine par exploitation…).

La mise en place de ces nichoirs fait partie d’un tout : la préservation ou la mise en place de haies, la plantation d’arbres, la restauration d’une mare ou la création d’un point d’eau, sont autant d’actions également les bienvenues et fréquemment constatées lorsque l’on s’engage dans cette démarche. « L’étape 2 consistera à installer d’autres types de nichoirs correspondant à d’autres espèces d’oiseaux ». Et Brice Le Maire de citer le rouge-queue à front blanc intéressant pour les vergers ou le torcol fourmilier préconisé dans les vignes.

Des premiers effets

S’il est encore difficile d’établir un lien direct entre la présence des nichoirs, et donc des oiseaux, et un effet immédiat et tangible sur les cultures en place, Brice Le Maire espère bien qu’un jour les nichoirs et les oiseaux soient « une technique sur laquelle les agriculteurs puissent s’appuyer ». Certains arboriculteurs rapportant déjà avoir pu se passer d’un traitement insecticide en comparaison à de précédentes années…
Et Brice Le Maire est loin d’être le seul à y croire : Agri Nichoirs a été distingué lors de la dernière édition de Tech & Bio à Valence en septembre, en étant désigné vainqueur des Technovations 2021-catégorie Intrants-services. Un prix… grâce à des nids.