FNP
FNP : Plaidoyer pour un « plan d’investissement »

Face à la décapitalisation et aux difficultés d’installation, la FNP (éleveurs de porcs, FNSEA) a chiffré les besoins d’investissement à « plusieurs milliards d’euros » pour relancer la production.

FNP : Plaidoyer pour un « plan d’investissement »
Pour la FNP, au-delà des investissements dans la transition écologique ou le bien-être animal, l'agrandissement et la modernisation des élevages sont indispensables. ©SC - Photo d'illustration

« Engageons sans tarder un ambitieux plan pluriannuel d’investissement », a plaidé François Valy, le président de la FNP (éleveurs de porcs, FNSEA), lors du Grand rendez-vous de l’élevage porcin organisé le 21 novembre par son syndicat, la FNSEA et Jeunes agriculteurs. Afin d’investir dans la transition écologique ou l’amélioration du bien-être animal, « le besoin est colossal, de l’ordre de plusieurs milliards d’euros », a complété ce producteur du Morbihan. S’appuyant sur des chiffres de l’Ifip (institut technique), la FNP estime par exemple que l’arrêt des cages pour les truies (cases maternité liberté) et en verraterie coûterait au moins « entre 1,5 et 2,1 milliards d’euros ». Quant aux investissements visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) « avec la proposition de nouvelle directive IED », ils seraient « de l’ordre de 1,3 Md€ ». « Des surcoûts de plusieurs milliards sont à prévoir d’ici une dizaine d’années », abonde Jean-Christophe Roubin, directeur de l’agriculture chez Crédit agricole SA. La banque s’appuie sur trois exemples qu’elle a chiffrés. Le premier : le rapatriement des ateliers d’engraissement aujourd’hui sous-traités. Ce qui reviendrait à créer 700 000 places pour un total de 500 M€. Deuxième orientation : généraliser les cases maternité liberté, un investissement que le Crédit agricole évalue à 900 M€ (pour 200 000 places). Enfin, le troisième chantier envisagé consisterait à couvrir 30 % de la consommation d’énergie des truies avec des trackers photovoltaïques, pour 400 M€. Soit un total de 1,8 Md€, une enveloppe supérieure à l’encours actuel du Crédit agricole en élevage porcin (1,6 Md€).

Face au renouvellement des générations

Face à ces investissements pour certains non productifs, François Valy souhaite associer « nos organisations, les banques et les puissances publiques – l’Europe […], mais aussi l’État et les Régions ». Alors que la moitié des producteurs pourront faire valoir leurs droits à la retraite d’ici 2030, un plan d’investissement constituerait « le meilleur signal à donner aux jeunes éleveurs et futurs salariés », estime-t-il. Comme pour l’ensemble des productions agricoles, seul un départ à la retraite sur trois est remplacé par une installation en porc (environ 170 installations par an). Une des raisons qui expliquent la décapitalisation en cours aux niveaux français comme européen. Selon les calculs de la FNP, si le rythme de baisse actuel se poursuit, la France passerait de 8 500 sites d’élevage (en 2023) à 6 500 en 2030 (sites de plus de 300 porcs charcutiers). Les premiers à disparaître faute de repreneur sont « les petits élevages naisseurs engraisseurs, qui sont une particularité française », note Éric Thébault, le directeur de la FNP. Selon cette projection, l’Hexagone ne produirait plus que 71 % de sa consommation en 2030. Cette année, comme redouté, « le taux d’autosuffisance vient de passer sous la barre des 100 % au mois de juillet », indique Élisa Husson, de l’Ifip.

« Agrandissement et modernisation »

Autre source d’inquiétude pour la profession : les difficultés pour créer des nouveaux bâtiments d’élevage. « Dans le Morbihan, aucun projet n’est sorti depuis deux ans », a relevé le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, rappelant sa volonté, annoncée au Space, de « simplifier » les procédures administratives – sans apporter de précisions. « L’objectif, c’est le développement des sites existants », en conclut Thierry Marchal, vice-président de la FNP. Pour cet éleveur du Finistère, la restructuration actuelle peut constituer « une opportunité pour rationaliser la filière porcine et la rendre plus compétitive ». Comme le résume François Valy, au-delà des investissements dans la transition écologique ou le bien-être animal, « l’agrandissement et la modernisation [des élevages] sont indispensables ».

Y. G.