Nouvel horizon pour le moulin Decollogne d'Aiserey
Créé il y a une dizaine d'années par un groupe régional de coopératives agricoles, le moulin Decollogne d'Aiserey, en Côte-d'Or, spécialisé dans les farines biologiques, prend un nouveau virage. Aux manettes, on trouve désormais la société Nicot Meunerie, basé à Chagny en Saône-et-Loire.

Avec le moulin Decollogne d'Aiserey, au sud de Dijon, la filière blé-farine bio de Bourgogne Franche-Comté dispose d'un outil de transformation précieux, dans un contexte porteur pour ce secteur agricole. Pas étonnant, dès lors, que l'évolution qui le touche actuellement suscite une grande attention. Les coopératives régionales (Dijon Céréales, Bourgogne du Sud, Interval et Terre comtoise) qui étaient à l'origine de la création de cet équipement, il y a une décennie, ont décidé de lui donner « un nouvel élan » en permettant à la société Nicot Meunerie, dont le siège est à Chagny, en Saône-et-Loire, et qui était associée depuis le départ, de monter en puissance au sein de son capital, disposant de 49 % des parts et de 51 % des voix. Jean-Philippe Nicot, son directeur général, revient sur les raisons qui ont conduit à cela. « Le moulin d'Aiserey, précise-t-il, fabrique la farine bio pour nos clients artisans-boulangers. Ce marché n'est pas nouveau, nous y sommes présents depuis vingt ans. Pour un meunier de notre importance, avoir du bio dans la gamme est indispensable aujourd'hui. Il nous fallait devenir producteur de farine bio ».
« Bon alignement de planètes »
Une réflexion pour faire évoluer cet outil de transformation était à l'oeuvre, depuis plusieurs mois, avec les partenaires de Nicot, cités plus haut. « Le but, poursuit Jean-Philippe Nicot, étant de le faire passer à la vitesse supérieure et pour cela, il est apparu que confier les clés à un meunier, qui connaît bien son métier et les marchés était la bonne formule ». Le directeur général de Nicot constate par ailleurs qu'il existe aujourd'hui un « bon alignement de planètes », avec l'objectif des coopératives régionales de rendre l'outil autosuffisant en blé bio, sans nécessiter d'en importer. « La volonté de créer et de promouvoir une filière blé-farine-pain bio de Bourgogne Franche-Comté est réelle. La situation géographiquement centrale du moulin Decollogne est un atout, ne serait-ce qu'en regard du bilan carbone ». Le moulin s'appuiera désormais sur un comité de pilotage composé de Nicot Meunerie et des coopératives actionnaires, appelé à se réunir très régulièrement dans le but d'établir un état des lieux du marché du blé, de la farine et de l'outil de transformation. « Il nous faudra être agiles, réactifs, en alerte sur les évolutions du marché. Le comité de pilotage sera un pont entre le consommateur, l'artisan boulanger, le meunier et le producteur ». D'autres coopératives pourraient rejoindre cet ensemble prochainement. L'évolution actuelle, outre l'augmentation de capital, nécessite un programme d'investissements de 2 millions d'euros (pour augmenter la capacité de stockage de blé, l'aménagement du laboratoire, la conduite des analyses à réception l'amélioration du nettoyage des blés et le fonctionnement du moulin), avec, en ligne de mire, des gains en termes de qualité et de productivité. L'objectif de Jean-Philippe Nicot est une progression de chiffre d'affaires de 50 % dans les trois ans (aujourd'hui, celui-ci se monte à 11 millions d'euros), et l'écrasement de 20.000 tonnes de blé bio par an, dans un contexte marqué par un élargissement du marché des farines bio et de leur utilisation, notamment pour les biscuitiers, pour les croissants, la pâtisserie, le pain.
Berty Robert