Surveillance des vêlages
Chez Hubert Joigneault, les vaches s’habituent vite au drone utilisé pour surveiller les vêlages

Publié par Cédric Michelin
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Le 18 mai, lors de la journée Machinisme agricole au CFA de Gueugnon, Hubert Joigneault a fait sensation avec sa démonstration de drone. L’éleveur bressan de charolaises cherchait un moyen pour suivre ses vaches vêlant aux alentours de sa ferme à Saint-Germain-du-Plain. Bien qu’étant un jeu d’enfant à piloter, ce drone du commerce n’a pas la portée indiquée de 2 km. Bien qu’emballé par le potentiel technique pour surveiller ses animaux, Hubert Joigneault n’est donc pas encore pleinement satisfait, mais il croit au potentiel de surveillance d’un tel quadricoptère dans le futur. Témoignage.

Chez Hubert Joigneault, les vaches s’habituent vite au drone utilisé pour surveiller les vêlages

Dans le ciel, en vol, on ne le distingue presque pas mais un drôle d'engin est en approche. Le son ressemble à un gros bourdonnement. Nul essaim en vue, mais un bijou de haute technologie, un drone. Un Bebop 2 du fabriquant français Parrot. Son pilote, Hubert Joigneault, le contrôle soit avec sa tablette (iPad), soit avec sa télécommande (Skycontroller), soit encore avec des lunettes de réalité augmentée (Cockpitglasses) pour voir comme si vous étiez à bord du drone ! Une immersion totale qui peut donner au bout d’un moment le mal de l’air, bien qu’en restant les deux pieds sur le sol ferme ! Le drone peut monter jusqu’à 150 mètres d’altitude en quelques secondes (vitesse de 9 m/s). Tout ce "pack" matériel grand public a couté 700 € HT, auquel il faut rajouter le coût de la tablette ou du Smartphone en plus.

Surveiller ses vaches sans bouger

Si Hubert Joigneault trouve ce drone « très facile à prendre en main », il a un gros reproche à formuler. « La portée théorique indiquée était de 2 km, mais en réalité autour de ma ferme, c’est seulement 300 mètres. J’ai réussi 1,6 km ailleurs ». La portée réelle peut donc être variable. De sacrées différences qui s’expliquent sans doute par ce que les constructeurs appellent des interférences faisant obstacle au signal (ondes) servant à le contrôler à distance. « Ce qui gène, ce sont généralement les lignes électriques ». Lorsqu’il est perdu, heureusement, le drone revient tout seul à son point de départ (RTH) ou se pose automatiquement au sol s’il n’a plus assez d’énergie dans sa batterie. Là aussi, l’autonomie de vol peut varier autour des 25 minutes annoncées. Une batterie supplémentaire coûte 50 € HT.

Ce n’est pas magique

Surtout Hubert Joigneault fait la comparaison : « c’est comme un tracteur, il faut faire le plein pour que ça marche ». Histoire de bien souligner qu’aux 25 minutes de vol, il faut rajouter les temps de préparation et de mise en œuvre. « Ce n’est pas magique. Il faut connecter la tablette, remettre en charge… Comptez donc plutôt une heure à chaque fois ».

Du coup, l’éleveur de charolaises est quelque peu déçu par rapport à son objectif de surveiller ses vaches « isolées », surtout en période de vêlages, « sans avoir forcément à se déplacer » de sa ferme à Saint-Germain-du-Plain. Hubert a 150 vaches qu’il fait vêler dehors, dans un rayon de 2 km autour de la ferme. « Mais la zone d’action de 300 mètres est trop réduite et ne me suffitt donc pas ». Il a donc décidé de changer pour un nouveau drone pour tester à nouveau. D’autres drones - plus chers - ont en effet une portée théorique allant jusqu’à 7 km… mais la réglementation française n’autorise que les vols à vue.

Bonne idée à creuser

Il avait opté pour ce quadricoptère, quatre hélices, pour pouvoir faire des vols stationnaires et ainsi pouvoir orienter l’angle de la caméra embarquée. « On peut arriver à voir le numéro de la bête mais pas en vol, en zoomant après sur la photo sur l'ordinateur », précise-t-il. En effet, l’avantage principal du drone est de prendre des photos de bonne qualité. Il peut également filmer. Un retour visuel en direct est possible lorsque la liaison Wifi - que le drone créé - est bonne. « Par temps pluvieux ou avec du brouillard, c’est plus compliqué » que ce soit pour la visibilité ou pour la qualité du signal.

Mais comment réagissent les animaux à ce « gros frelon » ? « Les vaches s’habituent vite, au bout de 2-3 fois » elles n’ont plus peur. L’idée est donc bonne et la technologie ne peut que progresser. Hubert Joigneault image aussi l’utiliser pour « effaroucher les corbeaux et les étourneaux » qui attaquent les cultures.

En attendant peut-être aussi d’inventer des colliers électroniques permettant, en plus de l’identification, de géolocaliser les vaches pour que le drone effectue sa tournée de surveillance tout seul avant de revenir se recharger et se connecter à l'ordinateur de l'exploitation ?