Élections municipales
L’engagement municipal, une longue histoire

Entretien avec François Purseigle, ingénieur en agriculture, docteur en sociologie rurale et chercheur associé au Centre de recherches politiques de Sciences Po, le Cevipof. Pendant près de huit ans, ses activités de recherche ont été consacrées à l’étude de l’engagement et du comportement syndical et politique des agriculteurs français. Un sujet qu’il maîtrise donc bien à la veille des élections municipales de mars prochain.

L’engagement municipal, une longue histoire

Quelle a été l’évolution de l’investissement du monde agricole dans la vie municipale ?

François Purseigle : Pendant des décennies, le rôle des agriculteurs était lié à la place qui leur était conférée dans la société. Ainsi, fin 19e-début 20e siècle, les campagnes se sont vidées car l’urbanisation a attiré les petits métiers. Les campagnes deviennent alors le fief des paysans, la profession agricole se retrouve donc concentrée sur elle-même.
À cette période, la majorité de la population française est agricole. C’est l’époque de la recherche de la souveraineté alimentaire et les espaces ruraux sont dévolus à la production agricole. Pour acheter la paix sociale, la politique est laissée aux mains des agriculteurs. En fait, on leur a donné les clés des communes jusqu’en 1980-1990.
Cet investissement n’était pas nouveau et découle d’un processus. Dès les années 1920-1930, la Jeunesse agricole catholique, la Jac, incitait les jeunes agriculteurs à s’engager dans les organisations professionnelles. Mais comme ce seul engagement professionnel n’était pas suffisant, cela a débouché sur l’engagement politique, notamment dans les syndicats et dans les conseils municipaux, soit les autres facettes d’un même combat.
Après la seconde guerre mondiale, il y a eu les grandes lois d’orientation visant notamment le contrôle des structures foncières. Être maire c’était justement avoir le regard sur la politique foncière agricole de sa commune. L’État avait donc tout intérêt à ce que la population agricole s’engage.

Aujourd’hui, la baisse du nombre des agriculteurs dans les conseils municipaux suit-elle la baisse de leur représentativité dans la société ?

F.P. : Oui car aujourd’hui nous vivons un renversement de l’exode. Depuis les années 1990, les campagnes attirent à nouveau, la dynamique est redevenue positive, même s’il y a de grandes disparités avec des zones qui au contraire se meurent. Mais de manière tendancielle, le milieu rural attire une nouvelle population qui a une vue différente de la campagne, non plus dominée par la production agricole mais plus dévolue à un cadre de vie résidentiel.
Dans ce contexte, les agriculteurs se retrouvent en effet concurrencés dans la vie municipale. Le tout dans un climat actuel tendu de remise en cause des activités agricoles.
Il est donc primordial, alors qu’ils sont devenus minoritaires dans l’espace rural, qu’il y ait un partage des rôles dans les instances décisionnaires. Ceci pour retrouver un contexte apaisé.

Comment les convaincre de continuer à s’investir dans la vie municipale ?

F.P. : L’incitation à s’investir est très importante et émane de nombreuses instances. Il ne faut cependant pas oublier que désormais les agriculteurs doivent aussi composer avec une réalité organisationnelle tendue, un réel manque de temps dans une période où l’on manque de bras. Ainsi, si c’est une bonne chose qu’ils y aillent, tous n’en ont pas les ressources.
Malgré tout, il y a une vraie appétence pour la chose publique, un intérêt manifeste ne serait-ce que pour parler de leur métier. Et il y a suffisamment de sujets à traiter et à défendre pour qu’ils ne délaissent pas la chose publique. L’un des principaux moteurs reste la volonté de se moderniser, d’aller au-delà. Cela peut surtout apporter un outil au service du dialogue auquel ils sont attachés. L’engagement municipal reste l’expression publique du sujet agricole, mais il y a aussi les marchés, les réseaux sociaux, même s’il n’y a pas tout a fait ni la même portée, ni les mêmes objectifs.

L’engagement municipal, une longue histoire

Quelle a été l’évolution de l’investissement du monde agricole dans la vie municipale ?

François Purseigle : Pendant des décennies, le rôle des agriculteurs était lié à la place qui leur était conférée dans la société. Ainsi, fin 19e-début 20e siècle, les campagnes se sont vidées car l’urbanisation a attiré les petits métiers. Les campagnes deviennent alors le fief des paysans, la profession agricole se retrouve donc concentrée sur elle-même.
À cette période, la majorité de la population française est agricole. C’est l’époque de la recherche de la souveraineté alimentaire et les espaces ruraux sont dévolus à la production agricole. Pour acheter la paix sociale, la politique est laissée aux mains des agriculteurs. En fait, on leur a donné les clés des communes jusqu’en 1980-1990.
Cet investissement n’était pas nouveau et découle d’un processus. Dès les années 1920-1930, la Jeunesse agricole catholique, la Jac, incitait les jeunes agriculteurs à s’engager dans les organisations professionnelles. Mais comme ce seul engagement professionnel n’était pas suffisant, cela a débouché sur l’engagement politique, notamment dans les syndicats et dans les conseils municipaux, soit les autres facettes d’un même combat.
Après la seconde guerre mondiale, il y a eu les grandes lois d’orientation visant notamment le contrôle des structures foncières. Être maire c’était justement avoir le regard sur la politique foncière agricole de sa commune. L’État avait donc tout intérêt à ce que la population agricole s’engage.

Aujourd’hui, la baisse du nombre des agriculteurs dans les conseils municipaux suit-elle la baisse de leur représentativité dans la société ?

F.P. : Oui car aujourd’hui nous vivons un renversement de l’exode. Depuis les années 1990, les campagnes attirent à nouveau, la dynamique est redevenue positive, même s’il y a de grandes disparités avec des zones qui au contraire se meurent. Mais de manière tendancielle, le milieu rural attire une nouvelle population qui a une vue différente de la campagne, non plus dominée par la production agricole mais plus dévolue à un cadre de vie résidentiel.
Dans ce contexte, les agriculteurs se retrouvent en effet concurrencés dans la vie municipale. Le tout dans un climat actuel tendu de remise en cause des activités agricoles.
Il est donc primordial, alors qu’ils sont devenus minoritaires dans l’espace rural, qu’il y ait un partage des rôles dans les instances décisionnaires. Ceci pour retrouver un contexte apaisé.

Comment les convaincre de continuer à s’investir dans la vie municipale ?

F.P. : L’incitation à s’investir est très importante et émane de nombreuses instances. Il ne faut cependant pas oublier que désormais les agriculteurs doivent aussi composer avec une réalité organisationnelle tendue, un réel manque de temps dans une période où l’on manque de bras. Ainsi, si c’est une bonne chose qu’ils y aillent, tous n’en ont pas les ressources.
Malgré tout, il y a une vraie appétence pour la chose publique, un intérêt manifeste ne serait-ce que pour parler de leur métier. Et il y a suffisamment de sujets à traiter et à défendre pour qu’ils ne délaissent pas la chose publique. L’un des principaux moteurs reste la volonté de se moderniser, d’aller au-delà. Cela peut surtout apporter un outil au service du dialogue auquel ils sont attachés. L’engagement municipal reste l’expression publique du sujet agricole, mais il y a aussi les marchés, les réseaux sociaux, même s’il n’y a pas tout a fait ni la même portée, ni les mêmes objectifs.