CSEA du Grand Chalon
Réchauffement climatique, quelles solutions pour les éleveurs et les irrigants ?
Le 14 janvier, une quinzaine d’exploitants du Chalonnais ont participé à une formation sur l’eau. Cette formation organisée à l’initiative de la CSEA (Communauté de syndicats d’exploitants agricoles) du Grand Chalon, s’inscrit dans un travail de réflexion autour des besoins en eau à la fois pour les éleveurs mais également pour les irrigants.
Avec les sécheresses successives, les inquiétudes des exploitants sont grandes et les techniciens de la chambre d’agriculture intervenant lors de cette formation ont pu répondre à leurs nombreuses questions. La formation a débuté par une présentation des données climatiques par Antoine Villard, technicien au Pôle environnement de la chambre d’agriculture. Ces données témoignent d’un réchauffement climatique. Ainsi, d’ici 20 à 30 ans, le climat du Mâconnais devrait correspondre au climat actuel de la région de Vienne en Isère. La journée s’est prolongée par la présentation de techniques pour optimiser son irrigation, passant d’une part par une bonne estimation des besoins en eau des cultures, et d’autre part par une optimisation du matériel.
Passer les barrages administratifs
De la réglementation liée à l’implantation du forage, aux déclarations ou autorisations administratives, Bertrand Dury, technicien au Pôle agronomie de la chambre d’agriculture, a pris le temps d’expliquer les différentes étapes administratives dans un projet de forage ou de retenue, ainsi que les types de solutions à privilégier en fonction de la situation. Chacun a donc pu poser des questions concrètes sur son projet.
Des coûts très variables
Selon les besoins, irrigation ou abreuvement des troupeaux, les débits nécessaires et la profondeur du forage, les coûts d’un forage sont très variables, allant de 15.000 € à près de 100.000 € d’investissement (forage et matériel d’irrigation inclus). Montant difficilement envisageable pour les exploitations.
Les dispositifs d’aides
Un inventaire rapide des dispositifs d’aides a été présenté. Ainsi, certaines intercommunalités, comme par exemple la CUCM (Creusot-Montceau), subventionnent les études et la réalisation de forage pour l’abreuvement des troupeaux. La Région Bourgogne Franche-Comté subventionne également des équipements pour l’abreuvement (stockage, récupération d’eau de pluie, citerne mobile, etc.). À travers le plan de relance Aides aux investissements en exploitation pour la protection contre les aléas climatiques, certains investissements liés à l’irrigation sont également éligibles.
Élaboration d’une cartographie des projets
Outre la partie informative de la réunion, l’un des objectifs de cette journée était d’élaborer une cartographie des besoins et des projets liés à l’accès à l’eau sur le périmètre du Grand Chalon. Ainsi, les besoins de création de forages sont nombreux à la fois pour l’abreuvement des troupeaux afin de palier les périodes d’à sec des rivières et des puits en période de sécheresse, mais également pour l’irrigation des cultures pour sécuriser l’autonomie alimentaire pour les troupeaux sur les exploitations, ou encore pour sécuriser les rendements des productions à valeur ajoutée telles que le maïs semence ou le soja.
Riches des informations obtenues lors de cette formation et des échanges entre les exploitants présents ce jour, les élus de la CSEA du Grand Chalon ont rencontré l’élu du Grand Chalon en charge des dossiers eau et assainissement, Monsieur Bergeret, afin d’évoquer la problématique de l’accès à l’eau pour les éleveurs et les irrigants du Chalonnais, pour envisager un potentiel soutien de l’intercommunalité dans les projets des exploitants (voir encadré).
Séverine Rémaque
Pourquoi suivre une formation sur l’eau ?
« Le changement climatique est déjà engagé dans nos régions. Quand on apprend qu’au cours d’une journée d’été à 37 °C, c’est 8 mm de précipitation de perdus ! On réalise les conséquences que cela peut avoir sur nos cultures », témoignait Hélène Doussot stagiaire de la formation et éleveuse à Gergy.
« Les informations précises sur la réglementation et sur les démarches administratives apportées par les formateurs nous permettent d’avancer concrètement dans notre réflexion sur nos projets individuels », ajoutait Jean-Pierre Bon, éleveur à La Charmée.
Rencontre avec le Grand Chalon
Hélène Doussot, exploitante à Gergy et Jean-Pierre Bon, exploitant à La Charmée, tous deux membres du bureau de la CSEA du Grand Chalon ont rencontré le mardi 19 janvier à Châtenoy-le-Royal, Vincent Bergeret, vice-président du Grand Chalon en charge de l’eau et de l’assainissement. Cette rencontre a fait suite à une première rencontre sur la problématique de l’accès à l’eau qui avait eu lieu en juillet dernier avec des représentants administratifs du Grand Chalon, au cours de laquelle un estimatif des besoins et des projets sur le territoire avait été demandé, afin que l’intercommunalité réfléchisse à un potentiel accompagnement financier des projets. C’est chose faite. Ainsi, un estimatif des projets a été présenté à Vincent Bergeret. Tout en présentant les enjeux liés au changement climatique et son impact sur les productions agricoles (élevage et culture), Hélène Doussot a pu expliquer les raisons pour lesquelles des forages étaient nécessaires pour les exploitations, à la fois pour répondre aux besoins liés à l’abreuvement des troupeaux, mais également pour développer les cultures à valeur ajoutée telles que le maïs semence et le soja. Elle a pu également répondre aux nombreuses questions de l’élu intercommunal sur le choix de forages, plutôt que de retenues d’eau ou de dispositifs de récupération d’eau de pluie. Vincent Bergeret s’est donc engagé à porter la demande d’une subvention à la création de forages auprès du Conseil communautaire.
Permettre l’accès à la Saône
Nombreux sont les éleveurs à avoir des parcelles de pâture en bord de Saône. En période de sécheresse, lorsque les puits sont à sec, une solution simple à envisager serait le pompage d’eau en Saône pour l’apporter aux animaux. Cependant, cette solution se heurte à deux problèmes. Tout d’abord, à l’heure actuelle, les éleveurs n’ont pas l’autorisation de pompage en Saône. Second frein, les rampes d’accès, trop pentues, créées pour les pêcheurs, ne permettent pas à un tracteur et une tonne à eau chargée de remonter. L’aménagement des berges de Saône, situées sur le domaine public dépend donc de l’autorisation de pompage accordée par VNF (Voies navigables de France), des financements de l’EPTB Saône-Doubs et des compétences Gemapi. Autant de structures à mettre autour de la table pour avancer dans le projet. Vincent Bergeret s’est engagé à contacter les différentes structures afin d’organiser une rencontre.