Les brèves du 30 janvier 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 30 janvier 2023.

Les brèves du 30 janvier 2023

Agriculture et climat : Macron veut « aller beaucoup plus loin »

La France doit doubler son « taux d’effort » pour réduire ses émissions de carbone si elle veut atteindre ses objectifs en 2030, a admis le 28 janvier le président Emmanuel Macron, en traçant un calendrier – de février à juin — des échéances à respecter par secteur d’activité (transports, agriculture…). « Si on veut atteindre notre cible 2030, on doit passer à 270 millions de tonnes de CO2 émises », contre 410 millions de tonnes en 2022, explique-t-il dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, deux jours après avoir réuni un discret « conseil de planification écologique », « ce qui veut dire qu’on doit simplement doubler le taux d’effort par rapport à ce qu’on a fait ces cinq dernières années ». Pour l’agriculture, « on doit aller beaucoup plus loin, beaucoup plus fort pour réduire nos émissions », a exhorté le président, qui entend avoir un plan finalisé « en juin ». Celui-ci devra s’articuler avec une future loi d’orientation et d’avenir (LOA). Liant agriculture et énergie, M. Macron semble indiquer que les aides à l’installation des jeunes agriculteurs pourraient être conditionnées à des objectifs en matière de production d’énergie, de biomasse, ou une amélioration du stockage carbone D’ici « mars-avril », le président compte aussi « finaliser la stratégie forestière » de replantation d'« un milliard d’arbres » pour améliorer le puits de carbone. L’absorption du CO2 par la végétation s’est effondrée en France depuis 2013 sous l’effet des sécheresses et des incendies.

 

Alimentation et climat : le gouvernement ne s’interdit pas « d’agir sur les prix »

Dans une note publiée le 27 janvier au lendemain d’un conseil de planification écologique réuni par Emmanuel Macron, le gouvernement détaille plusieurs pistes sur la déclinaison de cette méthode dans le secteur agroalimentaire. L’ambition, selon l’article est « double » : « accompagner les filières […] dans leur transition » et « promouvoir […] la transformation de nos habitudes ». Côté consommateurs, le gouvernement estime nécessaire de « formuler des recommandations nutritionnelles qui sont compatibles avec la préservation de nos écosystèmes et de nos ressources naturelles ». Afin de promouvoir une « alimentation saine », le gouvernement ne s’interdit d’ailleurs pas « d’agir […] sur les prix pour encourager ou décourager la consommation de certains aliments ». Coté production, l’enjeu de la rémunération reste central, tout en espérant « développer des circuits courts et de proximité vertueux ». La planification devrait être également l’occasion d’appliquer les objectifs prévus par Egalim et la loi économie circulaire en matière de restauration collective et de gaspillage. L’entourage de Marc Fesneau précise que l’un de ses sujets d’inquiétude « est celui de la biomasse », face à la future demande en matières destinées à l’énergie. Un enjeu qui entrera dans le champ de la future loi de programmation énergie climat, attendue pour juin.

 

Climat/adaptation : le ministère de l’Agriculture débloque 6 M€ pour former les agriculteurs

Dans le cadre de la thématique du Varenne dédiée à l’adaptation au changement climatique, le ministre de l’agriculture a réuni ce 27 janvier les acteurs du monde agricole pour annoncer que 6 M€ de fonds Casdar seront débloqués pour former 10 000 exploitants par an à l’adaptation au changement climatique. Économie d’énergie, augmentation du stockage de carbone, infrastructures agroécologiques : cette formation se basera sur un prototype développé en 2022 pour envisager une centaine de leviers d’atténuation et d’adaptation. « L’idée n’est pas de porter un modèle unique de transition mais d’adapter les leviers au cas par cas », insiste-t-on dans l’entourage de Marc Fesneau. Les chambres ont également présenté lors de cette réunion leurs diagnostics régionaux sur le changement climatique, avec « treize plans prêts à être transmis » selon la rue de Varenne. Des plans qui montrent l’état futur du climat et ses conséquences, comme celui de l’Occitanie. Les plans à l’échelle des filières devraient être pour la plupart disponibles d’ici le Salon de l’agriculture. Ce travail a été accéléré grâce à une mission « production et résilience » de l’inspection du ministère, lancée en début d’année pour accompagner « les filières en difficulté ». L’interprofession bovine, souligne le ministère, a déjà terminé le travail « et commence à en diffuser les résultats dans ses réseaux ».

 

Néonicotinoïdes/betteraves : Cristal Union veut augmenter ses prix d’achat d’environ 12 %

Le sucrier Cristal Union va augmenter d’environ 12 % le prix d’achat de la tonne de betteraves en 2023 pour inciter les agriculteurs à en planter en dépit de la fin des semences aux néonicotinoïdes, a-t-il indiqué le 27 janvier. La tonne de betteraves sucrières sera achetée 45 euros pour 16 degrés de teneur en sucre, contre un peu plus de 40 euros en 2022, soit près de 12,5 % de hausse. Cristal Union (marque Daddy) dit vouloir « aider ses adhérents à passer le cap » après le « coup de massue » donné la semaine dernière par la Cour de Justice de l’Union européenne, qui a estimé que les États ne pouvaient déroger à l’interdiction européenne des semences traitées aux insecticides néonicotinoïdes. « Dans ce contexte, nous envoyons un signal fort à nos coopérateurs afin de les soutenir et de les encourager à maintenir voir augmenter leurs surfaces de betteraves », explique dans ce communiqué son président, Olivier de Bohan. Pendant la campagne de culture 2022, Cristal Union avait prévu de rémunérer ses 9.000 planteurs 29,37 euros la tonne de betterave, avant de rehausser leur rémunération à 40 euros la tonne en octobre, tirant profit de l’envolée des prix mondiaux du sucre et du bioéthanol. Le groupe avait enregistré une hausse de 40 % de son bénéfice net lors de son exercice annuel décalé 2021/22.

 

Céréales : vers une nouvelle baisse de la production ukrainienne en 2023, selon une association

Les surfaces semées ont diminué et la récolte de céréales et d’oléagineux en Ukraine devrait encore baisser en 2023, pour atteindre « 53 millions de tonnes », contre 65 millions en 2022, selon les estimations de l’Association céréalière ukrainienne. « Nous sommes en guerre. Nous continuons à produire des céréales mais les récoltes vont baisser. Pour les agriculteurs, ce n’est plus rentable de produire des céréales », a déclaré le 26 janvier Nikolay Gorbachov, président de l’Ukrainian Grain association (UGA) lors d’une conférence sur les céréales organisée à Paris. Il a souligné que les agriculteurs ukrainiens ne retiraient en bout de chaîne que 80 dollars par tonne de maïs, alors que le grain jaune s’échange autour de 300 dollars sur les marchés, essentiellement du fait de la hausse considérable du coût du transport. Après les 106 millions de tonnes récoltées en 2021, un record historique, et une récolte estimée à environ 65 millions de tonnes pour 2022, il évalue à « 53 millions de tonnes » la production en 2023. Avant l’invasion russe, l’Ukraine était le quatrième exportateur mondial de maïs et le pays était en passe de devenir le troisième exportateur de blé. La campagne de semis 2022 a été entravée, du fait des combats, du manque de carburant et de la destruction d’une partie des machines agricoles et des infrastructures de stockage. Cela a conduit à la réduction d’environ un quart de la surface cultivée par rapport à l’année précédente, selon l’UGA.

 

Mal-être : un rapport sur les risques psycho-sociaux va irriguer la feuille de route

La Cosmap (Commission supérieure des maladies professionnelles en agriculture) a élaboré un rapport sur les risques psycho-sociaux (RPS) en agriculture qui devrait nourrir la feuille de route sur le mal-être en agriculture, ainsi que les travaux de la commission agricole au COCT (Conseil d’orientation des conditions de travail), a indiqué la CFDT Agri-Agro en conférence de presse le 23 janvier. « Pour nous c’est une vraie avancée », s’est réjoui le secrétaire national du syndicat Benoît Delarce. Ce dernier a estimé qu’« il y a des choses qui peuvent être faites au niveau du diagnostic, du risque de suicide, du risque de dépression », tant auprès des agriculteurs exploitants que des salariés qui partagent souvent des conditions de travail similaires. Le rapport – qui n’a pas encore été rendu public – formule 34 recommandations, selon les parties prenantes interrogées. Sept propositions visent à améliorer la visibilité du monde agricole dans les enquêtes sur les conditions de travail, 14 visent à prévenir les RPS dans l’agriculture, et 13 concernent la prise en compte des troubles psycho-sociaux (TPS) dans la réparation des maladies et accidents du travail.

 

Zones rurales : la Commission européenne lance un observatoire

Dans le cadre de son plan d’action à l’horizon 2040, la Commission européenne a lancé le 26 janvier un observatoire rural permettant de comparer les territoires à travers leurs multiples dimensions (économique, sociale et environnementale). Cet outil sera utilisé pour éclairer l’élaboration des politiques publiques, pour évaluer l’impact des initiatives de l’UE. Il servira également pour suivre l’évolution des indicateurs pertinents pour le plan d’action rural de l’UE et le pacte rural, comme par exemple la répartition de l’utilisation des sols, indique Bruxelles. De nouveaux outils de collaboration seront régulièrement ajoutés afin de mieux répondre aux besoins des zones rurales. Dans le cadre de la nouvelle Pac 2023-2027, plus de 60 Mrd€ sont dédiés au développement rural, dont au moins 35 % seront alloués à des mesures de soutien au développement local, au climat, à la biodiversité, à l’environnement et au bien-être animal.

 

« Bassines » des Deux-Sèvres : le porte-parole des opposants surveillé par un traceur GPS

Le porte-parole du collectif « Bassines non merci », qui milite contre la construction de retenues d’eau pour l’irrigation agricole dans les Deux-Sèvres, a révélé avoir découvert un traceur GPS de la police sur son véhicule, en dénonçant le 27 janvier des « barbouzeries ». Interrogée par l’AFP, la préfecture du département a confirmé que le dispositif découvert avait été placé à des fins de surveillance policière. « Je commence à trouver insupportable ce genre de méthodes », a affirmé Julien Le Guet lors d’une conférence de presse en ligne, rappelant que du matériel de surveillance policière avait déjà été découvert en mars 2022 devant le domicile de son père. Il a ajouté qu’il allait "probablement" porter plainte. « Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur ces moyens de surveillance hors norme et l’atteinte grave aux libertés publiques et individuelles qu’ils représentent », déclare de son côté le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre dans un communiqué. La préfecture estime pour sa part que « les antécédents de violence de Bassines non merci justifient une surveillance pour prévenir des troubles graves et généralisés aux biens, voire aux personnes ».

 

Lait bio : Danone envisage de vendre deux marques américaines de produits laitiers bio

Le géant agroalimentaire Danone a annoncé le 26 janvier envisager la vente de deux marques américaines de produits laitiers biologiques, Horizon Organic et Wallaby, dans le cadre de sa stratégie visant à se délester d’activités jugées non essentielles. Le groupe va « explorer ses options stratégiques, parmi lesquelles une possible vente, pour les activités de produits laitiers biologiques de Horizon Organic et Wallaby aux États-Unis », qui représentent environ 3 % du chiffre d’affaires de Danone, selon un communiqué. Les ventes de Danone, qui détient les marques Activia, Evian, Aptamil ou encore Actimel, devraient atteindre en 2022 un peu plus de 27 milliards d’euros, selon le consensus des analystes sondés par Bloomberg, soit quelque 800 millions pour ces deux marques américaines. S’il s’agit de « marques fortes et appréciées par les consommateurs » aux États-Unis, elles "ne font pas partie des segments de croissance prioritaires de Danone », a expliqué le directeur général Antoine de Saint-Affrique. Horizon Organic et Wallaby, qui commercialisent notamment lait, yaourts, fromage et beurre, ont pesé en 2022 sur la croissance organique des ventes et sur la marge opérationnelle courante du groupe, a précisé Danone.

 

Influenza aviaire : les syndicats minoritaires critiquent la gestion de crise

La Confédération paysanne et le Modef viennent de « demander un rendez-vous spécifique à Marc Fesneau sur la gestion de la crise » de l’influenza aviaire, annoncent-ils dans un communiqué le 26 janvier. Les deux syndicats critiquent la politique des pouvoirs publics, qu’ils qualifient d’« inefficace », « opaque » et « injuste ». Malgré un nombre de foyers « jusque-là inégalé sur cette période de l’année » (287 cas en élevages au 24 janvier), « aucun changement de stratégie n’est envisagé », sur les trois « piliers de l’action des pouvoirs publics », selon eux : mise à l’abri, abattages préventifs, et « application pure et simple des désidératas des filières industrielles ». De son côté, la Coordination rurale rapporte sur son site web avoir rencontré Hadrien Jaquet, le conseiller productions animales de Marc Fesneau. Le syndicat lui a notamment proposé de « permettre aux éleveurs de dindes et de canards [des Pays de la Loire] d’arrêter la production jusqu’à fin mai », avec indemnisation à 100 %. Une solution « quatre fois moins coûteuse » que les indemnisations après abattage, estime la CR. Le syndicat veut aussi une revalorisation des indemnisations (à 95 % de la VMO, Valeur marchande objective, contre 75 % actuellement).

 

Influenza aviaire : mort d’un chat testé positif dans les Deux-Sèvres

Un chat domestique appartenant à une famille des Deux-Sèvres a été euthanasié après avoir été contaminé par l’influenza aviaire, a appris l’AFP le 24 janvier auprès du ministère de l’Agriculture, confirmant une information de Ouest-France (article payant). L’animal, euthanasié fin décembre à cause de la dégradation de son état de santé, vivait dans une habitation située à proximité d’un élevage de canards également touché et entièrement abattu. Le ministère précise que « la détection du virus d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) chez les mammifères est un phénomène rare », mais « déjà observé ». Des mammifères marins (phoque gris, loutre européenne) comme terrestres (renard roux, lynx ou encore blaireau) avaient déjà été touchés. « La sensibilité des chats, et plus largement des félins, aux virus IAHP est connue depuis 2004 », est-il encore ajouté. Selon le site web de l’Anses, c’est la première fois qu’un cas de « contamination d’un chat par le virus de l’influenza aviaire hautement pathogène H5N1 » est observé en France. « La contamination d’animaux de compagnie comme le chat pourrait faciliter le passage du virus à l’être humain », a mis en garde l’agence qui appelle à « maintenir » ces animaux « éloignés des élevages infectés et des opérations d’euthanasie des foyers de canards contaminés ».