Fédération des Caves coopératives Bourgogne-Jura
La coopération reste une force

Sébastien Closa
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La Fédération des caves coopératives Bourgogne Jura (FCCBJ), qui regroupe 19 caves dont une large majorité de Saône-et-Loire, tenait son assemblée générale le 17 mars dans les locaux de la fruitière vinicole d’Arbois. Malgré une diminution chronique des surfaces, la coopération possède de nombreux atouts.

La coopération reste une force
Joël Morin, président de la fruitière vinicole d’Arbois et François Legros, président de la fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura

Les participants à l’AG ont été accueillis par le président des lieux, Joël Morin, qui a présenté la structure et son vin phare, le Savagnin. Seule une différence sémantique, relevée par le président de la FCCBJ François Legros, sépare les caves coopératives bourguignonnes des jurassiennes : « Nous sommes aujourd’hui dans le Jura, nous devons utiliser le terme de fruitières ».

« Il y a un mouvement chronique de baisse de surfaces dans nos caves depuis plusieurs années, cela nous interpelle : notre modèle coopératif, qui a de nombreux atouts, perdrait-il de son attrait ? Notre projet se heurte à l’individualisme grandissant, à un enseignement peut-être trop formaté “caves particulières”, à des cours du vrac attractifs… ».

« Nous ne sommes pas tout seuls »

Malgré ce premier constat, la coopération reste une force pour François Legros : « nous n’avons pas à rougir des résultats chez les coopérateurs, la redistribution leur profite pleinement. Nous avons toutes les cartes en main pour nous préparer à des années incertaines, par des investissements réfléchis, par la mutualisation des équipes et du matériel, par des conseils d’administration au plus proche du terrain, par nos certifications et labels… La capacité collective du groupe est supérieure à la capacité cumulée de chacun pris isolément ».

Pour promouvoir ce système coopératif, la FCCBJ organise de nombreuses actions. Le groupe jeune a travaillé sur une plaquette de communication et est à l’origine d’une vidéo « fiers d’être vignerons coopérateurs » qui rappelle, à travers des témoignages, le rôle des caves coopératives et le soutien qu’elles apportent à leurs adhérents : « Le métier de vigneron se complexifie, il y a de plus en plus d’administratif. Mais nous ne sommes pas tout seuls, il y a toujours quelqu’un pour aider dans un esprit convivial, pour prêter du matériel ». Cette vidéo, visible sur le site fccbj.fr (réalisée par votre journal L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire), est valorisée lors de chaque occasion.

Idées reçues

La FCCBJ est aussi intervenue à 12 reprises cette année dans des établissements scolaires, principalement des lycées agricoles, des MFR, des CFPPA et à Agrosup, touchant au total 340 élèves. « Ces rencontres nous permettent de répondre aux idées préconçues », résume Élodie Segaud, déléguée générale de la FCCBJ. « Nous entendons régulièrement que ceux qui choisissent la coopération n’ont pas envie de vinifier ou n’ont aucune relation avec la clientèle… Pourtant, les vignerons peuvent exister au sein des caves coopératives, à travers des vins de domaine parcellaire ou des cuvées nominatives ».

Une région locomotive

Cette année, la FCCBJ a aussi choisi d’intégrer le réseau national des Vignerons Coopérateurs de France. « Nous profiterons d’une synergie, pourrons partager nos pratiques et faire remonter nos inquiétudes sur les sujets d’actualité comme l’étiquetage ou les bilans carbone », estime François Legros.

Les Vignerons coopérateurs de France étaient d’ailleurs invités à cette AG. « Je suis heureux d’être dans une région viticole qui se porte bien », a lancé leur président Joël Boueilh, « ce n’est pas toujours le cas. Nous avons besoin de locomotives ». Il a aussi profité de l’occasion pour annoncer la tenue à Dijon de leur congrès 2023 avant de rappeler la baisse régulière de la consommation de vin en France et la nécessité de renforcer l’attractivité des caves coopératives.

Des représentants des 19 caves coopératives adhérentes à la FCCBJ étaient présents

Région : les formations viticoles remises en question

À l’issue de l’assemblée générale, Jean-Philippe Lachaize, directeur du lycée Lucie Aubrac Mâcon-Davayé a alerté les vignerons coopératifs sur la baisse du budget alloué par le conseil régional (lire aussi en page 2) aux formations professionnelles : « Il a été taillé de 50 % et a perdu en tout 80 millions d’euros. Sous prétexte qu’il n’y avait pas besoin d’emploi en viticulture, des formations viticoles sont supprimées. À Davayé, exit le BTS viti-oeno qui a formé des générations de viticulteurs ! Exit le BTS taille de la vigne ! Exit le CS tractoriste ! Cela aura des conséquences sur les lycées agricoles, mais aussi pour les viticulteurs ». Le directeur regrette que la région n’ait utilisé que les chiffres de Pôle Emploi sans prendre en compte ceux des agences spécialisées.

François Legros propose d’envoyer, au nom de la FCCBJ, un courrier au Conseil régional signé de toutes les caves coopératives adhérentes pour signifier leur mécontentement.

Baisse des volumes mais hausse des prix

Même si la Bourgogne produisait historiquement des vins rouges, depuis 1980, les blancs sont devenus majoritaires. « Depuis 2003, la production moyenne diminue régulièrement, les oscillations sont de plus en plus importantes entre les petites et les bonnes récoltes ». 2022 a été une très belle récolte, mais 2021 a été un petit millésime. Les volumes proposés à l’export ont donc fortement diminué. « Le problème, c’est que les places laissées sont prises par les autres, poursuit Philippe Longepierre. Nous allons devoir nous battre pour les récupérer ». Mais cette diminution des volumes à l’export est contrebalancée par une augmentation des prix, permettant au chiffre d’affaires de croître de 13 % pour s’établir à 1,5 Md d’euros. « Par rapport à la moyenne des 5 dernières années, cette croissance est de 45 % ».

Les caves coopératives représentent 20 % du stock bourguignon en janvier 2023, soit 568.000 hectolitres (en augmentation de 27 % par rapport à janvier 2022). D’août à janvier 2023, les coops ont vendu 17 millions équivalents bouteilles (18 % des ventes totales).

Pour autant, pas question de réduire de trop le temps d’élevage. Pas de précipitation pour François Legros, « 2021 était une petite année, mais il y avait du stock de 2020, surtout dans les caves coopératives. On ne travaille pas qu’avec un seul millésime. Nous avons contingenté, diminué les marchés les moins porteurs pour nous redéployer sur des marchés plus intéressants, avec des plus petits volumes. C’était la seule solution pour régler ce problème ». Des premiers vins ont été vendus dès le début d’année 2023, notamment des mâcons, des aligotés...