Tendance commerciale semaine 13-2023

Conjoncture : La multiplication et le durcissement des conflits sociaux impactent de plus en plus le pouvoir d’achat des personnes les plus mobilisées, et l’inflation galopante fait plonger un peu plus, une grande partie de la population qui a des fins de mois difficiles. Les abatteurs enregistrent un recul des commandes des GMS. Ce phénomène de repli de la consommation de viande rouge n’est pas uniquement français. Des pays comme l’Allemagne ou l’Espagne y sont également confrontés.

Il y a un an, l’envolée des prix en Allemagne, en Belgique ou aux Pays-Bas était hallucinante. En quelques semaines, les tarifs avaient atteint des sommets avec des vaches O à 5,10 € et des jeunes bovins R proches des 5,90 €. Aujourd’hui, les vaches O Allemandes sont à la baisse à 4,15 € et les jeunes bovins R à 4,75 €. Cet effondrement qui ne peut être supporté que par une très bonne valorisation du lait, place ce pays en position de force sur les marchés exports. La France importe 30 % de ses viandes consommées, et la demande italienne en jeunes bovins pour Pâques est couverte par des JB allemands ou polonais. Tout contribue à tirer les prix vers le bas dans un contexte de charges élevées et de décroissance de la production. Les équilibres de production ne sont jamais établis, et soumis en permanence aux aléas géopolitiques, climatiques, environnementaux et surtout économiques.

À quinze jours de Pâques, les concours d’animaux de boucherie se sont achevés, avec une offre en repli de 15 % par rapport à 2022. Les besoins ont été limités, notamment en direction des GMS qui ont perdu énormément de marge dans la revalorisation importante des prix dans la viande conventionnelle depuis deux ans. Une plaque suffit pour mettre en valeur le rayon boucherie, avec des chefs bouchers très soucieux de l’équilibre économique de leur activité. Si les tarifs sont un peu plus élevés que l’an passé, les écarts de valorisation avec le marché conventionnel sont faibles avec une majorité d’animaux commercialisée entre 6,50 et 8,00 €.

Dans une économie très chahutée, quels seront les efforts que les consommateurs seront prêts à consentir pour les fêtes pascales ? L’analyse commerciale de ces dernières semaines fait apparaître un resserrement des grilles tarifaires entre les animaux de qualité bouchère et l’entrée de gamme. Après les hausses de ces dernières semaines, les tarifs se sont stabilisés dans l’ensemble des génisses et vaches charolaises ou limousines.

Réformes laitières : La tendance est à la stabilisation des prix dans les réformes prim’holsteins, abondances ou montbéliardes avec un peu plus d’offres et une demande qui se rétracte à l’approche des vacances de Pâques.

Jeunes bovins : Les éleveurs, qui ont une nouvelle fois planifié des sorties pour des expéditions en direction de l’Italie en prévision des fêtes de Pâques, sont confrontés à une très forte concurrence de l’Allemagne et de la Pologne. Les engraisseurs italiens protestent contre cette forte concurrence. Nos expéditions d’avants vers l’Allemagne souffrent. Cette tension alourdit le commerce avec des tarifs qui se maintiennent plus difficilement dans les charolais.

Bovins d’embouche et d’élevage : Le printemps est arrivé et les herbagers profitent d’une pousse abondante de l’herbe. La demande reste soutenue dans les herbagères, même si les acheteurs butent sur les tarifs élevés du maigre. La demande reste active dans les animaux lourds.

Broutards : L’activité commerciale est un peu plus calme que ces dernières semaines, car le niveau élevé des prix freine la demande, notamment du côté italien. Le ralentissement des sorties de JB pour Pâques, face à la concurrence allemande, provoque un décalage dans les mises en place. Sur les marchés, le commerce reste globalement très convenable avec peu d’invendus, mais les tarifs tendent à plafonner dans les charolais ou limousins lourds pour l’export sur l’Italie ou aux pays tiers. Dans la gamme pesant de 250 à 350 kg, la demande reste soutenue pour des mises en place sur la France. Dans la marchandise de second choix, souvent non vaccinés, les transactions sont plus calmes avec des tarifs qui restent néanmoins très convenables. Dans les femelles, l’offre saisonnière tend à progresser et couvre mieux les besoins du marché italien. Le commerce est un peu plus calme avec des tarifs qui se rétractent légèrement.

Veaux d’élevage et d’engraissement : L’activité commerciale reste régulière dans les veaux laitiers, avec des marchés moins fournis. Les intégrateurs profitent toujours de la concurrence irlandaise sur le marché espagnol pour maintenir leurs prix dans les bons veaux holsteins. La tendance reste positive dans les bons montbéliards. La demande se renforce du côté des croisés taupes, gris, jaunes ou blanc bleus, avec un marché qui étoffe ses débouchés.

Ovins : Les fêtes pascales se rapprochent à grands pas et les abatteurs sont à l’achat pour servir les magasins en agneaux français. Les volumes de gigot Néo-Zélandais ou Britanniques seront également importants sur les étals des GMS pour faire des prix d’appel.

L’animation commerciale est plus active sur les marchés, et les niveaux de prix sont soutenus pour la plus grande satisfaction des éleveurs. En brebis, la demande est normale avec des tarifs stables

Porc : La progression des prix du porc est plus modérée depuis deux semaines à Plérin à 2,380 €. Les abattoirs se montrent en effet très prudents sur leurs achats, et cette accalmie leur permet de travailler à la revalorisation de la viande. Depuis le début de l’année, le prix du porc au MPB a ainsi progressé de 30 %, une flambée difficile à répercuter.