Les brèves du 31 mai 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 31 mai 2023

Les brèves du 31 mai 2023

Réserve agricole : Bruxelles annonce un troisième paquet de 250 M€

Le commissaire européen à l’Agriculture Janusz Wojciechowski a confirmé le 30 mai, lors de la réunion des ministres de l’Agriculture de l’UE à Bruxelles, qu’il préparait un troisième paquet de mesures dans le cadre de la réserve agricole qui sera, cette fois, destiné aux autres pays que ceux limitrophes de l’Ukraine. Les 250 millions d’euros (M€) restants de cette réserve (sur les 450 M€ initialement disponibles pour 2023) seront distribués aux États membres qui n’en ont pas encore profité selon des modalités qui restent à définir. Le dispositif devrait être finalisé au mois de juin. Ces soutiens seront notamment dirigés vers les secteurs des États membres affectés par la sécheresse (céréales, élevage) dans le sud de l’Europe, mais ils devraient aussi bénéficier aux éleveurs laitiers des pays baltes, aux producteurs de pommes en Belgique, ou encore au secteur viticole français. La Commission européenne examine également les demandes de plusieurs États membres pour augmenter la part des avances de paiement de la Pac. Dans une lettre adressée le 30 mai au commissaire européen à l’Agriculture, les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) estiment que le budget de la réserve agricole est insuffisant pour compenser les agriculteurs européens et appellent « à trouver des sources de financement supplémentaires (en dehors du budget de la Pac) ».

 

Importations ukrainiennes : Bruxelles veut renouveler la clause de sauvegarde jusqu’à octobre

Pour compenser l’afflux de céréales et oléagineux ukrainiens dans les pays d’Europe de l’est (Pologne, Bulgarie, Roumanie, Slovaquie, Hongrie), « il est nécessaire à ce stade de prolonger jusqu’à la fin du mois d’octobre la clause de sauvegarde exceptionnelle autorisant uniquement le transit de céréales et d’oléagineux sur leur territoire », a déclaré le 30 mai le commissaire à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, à l’issue du Conseil agricole. Avant de préciser que « cela permettrait d’éviter de graves difficultés lors de la prochaine récolte ». Cette mesure doit initialement expirer le 5 juin, date à laquelle il est prévu de renouveler pour un an la suspension des droits de douane et contingents tarifaires sur les produits ukrainiens importés dans l’UE. Malgré la réticence de plusieurs États membres (Allemagne, Espagne, France) à renouveler la clause de sauvegarde, Janusz Wojciechowski a expliqué qu’elle était également nécessaire pour stabiliser le marché. Depuis juin 2022, les importations en produits agroalimentaires ukrainiens de ces cinq pays d’Europe de l’est ont augmenté de 5 Mrd€. Avant d’être proposée formellement, cette mesure doit encore être approuvée par le collège des commissaires. Venu échanger avec les ministres des Vingt-sept, le ministre ukrainien de l’Agriculture, Mykola Solskyi, a exprimé son opposition à la reconduction d’une telle mesure.

 

Biodiversité/phytos : l’État poursuivi par cinq ONG pour « inaction », audience le 1er juin

Une première audience se tiendra le 1er juin au tribunal administratif de Paris dans le cadre d’un recours en carence fautive contre l’État « pour inaction face à l’effondrement de la biodiversité », selon un communiqué commun des ONG requérantes. Baptisé « Justice pour le vivant », ce recours a été déposé par cinq associations de défense de l’environnement* en janvier 2022. Elles pointent notamment une « défaillance » de l’État « dans la mise en place de procédures d’évaluation des risques et d’autorisations de mise sur le marché (AMM) des pesticides ». Selon Justine Ripoll, membre de l’association Notre affaire à tous, « la question des pesticides était l’angle le plus solide pour s’intéresser aux obligations en matière de biodiversité de l’État français », rapporte l’AFP. Dans son mémoire en défense, l’État estime ne pas avoir de marge de manœuvre par rapport au droit européen. Selon le document consulté par l’AFP, la procédure d’AMM des produits phytopharmaceutiques « est entièrement harmonisée par le droit de l’UE » qui « prend en compte la défense de l’environnement ». Au cours de l’instruction, l’État a reçu le soutien du syndicat Phyteis – représentant les fabricants de pesticides dont BASF, Bayer ou Syngenta –, qui a déposé une demande d’intervention ainsi que plusieurs mémoires.
* Notre affaire à tous, Biodiversité sous nos pieds, ANPER-TOS et l’Aspas

 

Élevage et risques sanitaires : Marc Fesneau annonce une réforme du financement

À l’occasion de l’assemblée générale du FMSE (fonds professionnel sanitaire) le 30 mai, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé qu’il « est opportun de réformer le financement » de la gestion des risques sanitaires dans les filières animales. Pour ce faire, une mission va être lancée dans les prochaines semaines au CGAAER (ministère de l’Agriculture). Le ministre a promis que cette réforme se fera « à coûts constants pour l’État » et a appelé à une « mutualisation accrue entre filières ». Il a aussi assuré que « l’État abondera son implication dans les indemnisations à mesure de celle des professionnels ». Alors que le ministère de l’Agriculture s’apprête à réformer le dispositif du suivi sanitaire permanent (SSP), et qu’une réforme du bien-être animal doit être proposée par la Commission européenne d’ici la fin de l’année, le président du FMSE Joël Limouzin a appelé à une « pause dans la mise en place des Programmes sanitaires d’intérêt collectifs (Psic) » mis en place par le fonds national.

 

Risques sanitaires : Joël Limouzin passe la main, Christophe Chambon lui succède

À l’occasion de la dixième assemblée générale du FMSE le 30 mai, son premier président Joël Limouzin a passé la main après une décennie à la tête du fonds professionnel de gestion des risques. Pour succéder à l’éleveur vendéen, Christophe Chambon, éleveur de vaches montbéliardes en zone comté, a été élu le même jour. Candidat présenté par la FNSEA, M. Chambon est l’un des actuels secrétaires généraux adjoints du syndicat. Ouverte à la presse pour l’occasion, l’assemblée générale du FMSE a été marquée par un long hommage – dont celui de Marc Fesneau – au travail de Joël Limouzin, dont l’engagement national à la FNSEA s’achève par la même occasion. Dans son discours de clôture, le Vendéen a notamment regretté le dossier « non soldé » des indemnisations des dégâts de campagnols, pour lesquels un engagement de l’État de 2 millions d’euros est toujours attendu, qui aurait été promis par l’un des prédécesseurs de Marc Fesneau. Il a également appelé à acter le financement des sections spécialisées du FMSE par les acteurs de l’aval des filières concernées.

 

Bovins : Élisabeth Borne tente de rassurer les filières sur leur « avenir »

« Nous avons un modèle d’élevage bovin dont nous pouvons être fiers », a déclaré la Première ministre Élisabeth Borne lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le 30 mai (replay), en réaction à un rapport de la Cour des comptes concluant à la « nécessaire » réduction du cheptel bovin français. L’élevage bovin « a un avenir dans notre pays », assure la cheffe du gouvernement, qui constate « l’inquiétude » des éleveurs, alors que le rapport de la Cour des comptes relevait également la forte dépendance des exploitations aux aides de l’État. « Oui, l’élevage bovin devra prendre toute sa part dans la transition agricole. Il y est prêt, il s’y engage déjà. Oui, l’élevage bovin devra évoluer pour retrouver un modèle économique solide et durable mais, non, il ne sera pas la variable d’ajustement », affirme Élisabeth Borne. « Pour être réussie, la transition écologique et agricole doit se faire avec les Français, avec les éleveurs, et non pas contre eux », a-t-elle poursuivi sous les huées de députés de gauche. Elle renvoie à la présentation de la « stratégie complète » du gouvernement pour la planification écologique prévue en juin. Après avoir dévoilé les grandes lignes de son plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre le 22 mai, la Première ministre recevra le 9 juin les acteurs du monde agricole pour préciser sa mise en œuvre.

 

Porc : en Italie, la PPA désormais « à 55 km » de la France (FMSE)

À l’occasion de l’assemblée générale du FMSE (fonds sanitaire professionnel) le 30 mai, le président de la section porcine Jeff Trebaol s’est inquiété de la progression de la peste porcine africaine (PPA) au nord de l’Italie, où la maladie « explose » chez les sangliers, avec des cas récemment identifiés « à 55 km » de la frontière française. « Ça avance inexorablement », constate l’éleveur, qui craint un passage des animaux sauvages contaminés en France : « Les Alpes ne sont pas une barrière », estime-t-il, puisque des sangliers auraient été « abattus jusqu’à 2200 m d’altitude ». Autre inquiétude : selon Jeff Trebaol, les autorités italiennes « sont débordées », en raison d’un manque de moyens financiers et humains, ainsi que d’un problème de gouvernance, entre les instances nationales et régionales. Une représentante de la DGAL (ministère de l’Agriculture) confirme que « beaucoup de décisions sont prises au niveau régional » en Italie, que les autorités françaises souhaitent rencontrer prochainement. Au niveau européen, le nombre de foyers de PPA a considérablement diminué en 2022, selon un rapport publié le 22 mai par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Les foyers ont reculé de 79 % en un an. Cette baisse a été particulièrement marquée en Roumanie, en Pologne et en Bulgarie. Mais huit pays ont encore signalé des foyers chez des porcs domestiques. La Roumanie restait le pays de l’UE le plus touché avec 327 foyers, soit 87 % du total.
* Allemagne, Bulgarie, Italie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie et Slovaquie

 

Influenza aviaire : l’Omsa adopte une résolution favorable à la vaccination (ministère)

L’Organisation mondiale de la santé animale (Omsa) a adopté le 25 mai une résolution appelant à « trouver des solutions innovantes pour lutter contre [l’influenza aviaire], au premier rang desquelles la vaccination », indique le ministère français de l’Agriculture dans un communiqué diffusé le lendemain. Dans son texte adopté à l’issue de sa 90e session, du 21 au 25 mai à Paris, l’Omsa recommande de pouvoir « envisager la mise en œuvre de la vaccination comme un outil complémentaire de contrôle de la maladie ». L’organisation insiste à plusieurs reprises sur la « surveillance rigoureuse » qui doit y être associée, afin de « démontrer l’efficacité de la vaccination et l’absence d’infection ». Par ailleurs, l’Omsa appelle ses 182 États membres à reconnaître que « le recours à la vaccination est conforme et n’a pas de conséquences négatives sur les échanges commerciaux ». Dans son communiqué, le ministère de l’Agriculture salue « une avancée importante au niveau international », qui « conforte la stratégie française ». Après plusieurs épisodes d’influenza dévastateurs pour les filières avicoles, la France prévoit de vacciner à l’automne l’ensemble des canards, plus sensibles au virus que les autres espèces de volailles.

 

Influenza aviaire : les professionnels du Sud-Ouest réclament le vaccin dès cet été

Les organisations agricoles de quatre départements du Sud-Ouest réclament une campagne de vaccination contre l’influenza aviaire dès cet été pour garantir « la survie » des élevages de volailles dans la région, où le virus circule à nouveau. Dans un communiqué commun cité par l’AFP, les chambres d’agriculture du Gers, des Landes, des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées-Atlantiques, le Cifog (interprofession du foie gras) et l’Airvol (interprofession interrégionale des volailles de chair) demandent au gouvernement un « déploiement » du vaccin « au cœur de l’été », des contributions de l’État et des collectivités pour la prise en charge de cette vaccination, ainsi qu’un « dépeuplement de tous les palmipèdes » dans un rayon de trois km autour des élevages reproducteurs. Après plusieurs années de crises successives provoquées par l’influenza aviaire, le virus circule à nouveau depuis début mai dans la région, avec 81 élevages contaminés, dont plus de la moitié dans le Gers, selon le dernier décompte des autorités. Alors que les premiers essais des vaccins sur canards ont fourni des « résultats satisfaisants », le ministère de l’Agriculture prévoit de finaliser sa stratégie vaccinale en juin, puis de lancer la campagne de vaccination à l’automne.

 

Haies : première région sur la plantation, la Bretagne veut encore aller plus loin

La région Bretagne a signé, le 26 mai, une campagne de mobilisation nationale « pour les espaces bocagers » lancée en février par le réseau associatif Afac-Agroforesterie et baptisée « l’Appel de la haie ». Cet appel repose sur trois piliers : la protection des haies existantes, leur « valorisation économique pour les agriculteurs et les territoires » et la création de nouveaux espaces bocagers. La Bretagne est la deuxième région à s’engager dans cet appel après la Bourgogne-Franche-Comté. La région est particulièrement active dans ce domaine : près de 500 km de haies sont plantés chaque année dans le cadre de son programme Breizh Bocage, lancé en 2007. « Cet effort de long terme a permis au territoire breton de stabiliser globalement les surfaces bocagères, quand elles ont tendance à disparaître ailleurs », explique le communiqué. La région réalise les deux tiers (65 %) de l’effort national pour la plantation de haies via le fonds Feader (2015-2022), indique l’exécutif. Ce bilan reste insuffisant pour la région qui souhaite désormais encourager la gestion et la valorisation des haies par leurs propriétaires. « Une jeune plantation n’aura pas les mêmes vertus écologiques qu’une haie ancienne et ne pourra pas compenser immédiatement sa destruction », constate la région. Ainsi, « le bocage ne pourra progresser que si les haies apportent un complément de revenu aux agriculteurs ».

 

Coopératives : Agrial s’étend dans le sud-est en fusionnant avec Natura’Pro

Les adhérents du groupe coopératif Agrial ont approuvé, le 26 mai, le projet de fusion avec la coopérative Natura’Pro, basée en Auvergne-Rhône-Alpes, informe un communiqué du 30 mai. L’opération avait déjà été validée en assemblée générale par les adhérents de Natura’Pro en décembre 2022 et sera effective le 1er juin. Avec cette fusion, Agrial étend sa présence dans la vallée du Rhône, où la coopérative du Grand ouest possédait déjà 14 sites de production agroalimentaire et 150 adhérents en production de lait de chèvre. Les quelque 850 membres actifs de la coopérative Natura’Pro rejoignent donc Agrial, faisant ainsi grimper les effectifs du groupe coopératif à 12 000 adhérents. Natura’Pro est une coopérative diversifiée (activité agricole, jardinerie, eau et irrigation, motoculture), née en 2011 de la fusion de deux coopératives du sud-est. Elle apporte à Agrial une expertise sur « de nouveaux métiers », comme l’irrigation et « d’autres productions de semences, au-delà des semences de céréales à paille, des semences fourragères ou des semences de maïs », explique Nicolas Laigle, directeur général de la branche agricole d’Agrial, dans une vidéo. Les adhérents de Natura’Pro auront, eux, accès à de « nouvelles filières » et à « l’expérience technique » du groupe, note Christophe Devos, ancien président de Natura’Pro et désormais administrateur d’Agrial, dans le communiqué.

 

Viande : l’irruption de la PPA et de la fièvre aphteuse coûterait 23 Mrd$/an aux États-Unis

Important exportateur de viande, les États-Unis pourraient perdre jusqu’à 23,1 milliards de dollars (Mrd$) par an, et ce pendant dix ans, si le pays était touché simultanément par la peste porcine africaine (PPA) et par la fièvre aphteuse, d’après une récente étude de l’université de l’Iowa (document en anglais). Survenant seule, la PPA coûterait 7,5 Mrd$ par an dans le pire des cas, selon ces recherches financées par la filière porcine. Pour les deux maladies, les universitaires ont fait l’hypothèse d’un arrêt total des exportations de viande de porc (PPA) et de bœuf (fièvre aphteuse), ainsi que celles d’un arrêt total ou partiel des importations de ces viandes. Une perte de débouché qui provoquerait un effondrement de 50 à 60 % du prix du porc. « Nous avons mené l’étude avec deux ans perdus pour le marché export […], et nous l’avons menée dans le pire scénario possible où [la PPA] finit dans la faune sauvage et où nous ne parvenons jamais à nous en débarrasser », explique l’un des auteurs, l’économiste Dermot Hayes, à Beef Magazine (article en anglais). Dans ce deuxième scénario, « effrayant » selon lui, la filière viande perdrait 60 000 emplois. En 2022, les États-Unis ont exporté 28 % de leur production de porc et 11 % de leur production de bœuf, pour environ 20 Mrd$.

 

Espagne : la sécheresse s’est imposée dans la campagne électorale

Selon le dernier baromètre du Centre de recherches sociologiques (CIS) espagnol publié en mai 2023, 89 % des Espagnols sont préoccupés par la sécheresse. Alors que se sont tenues les élections régionales et municipales espagnoles le 28 mai, le sujet de la sécheresse s’est imposé dans le pays, rapportent nos confrères de France info. « Nous allons […] mettre toutes les ressources de l’État pour protéger notre secteur primaire. Le monde rural ne sera pas laissé-pour-compte », avait promis le Premier ministre et leader du Parti socialiste, Pedro Sánchez. Le 11 mai, une enveloppe de 784 M€ destinée aux agriculteurs a ainsi été débloquée, dont 355 M€ prendront la forme d’une aide financière directe aux éleveurs et aux producteurs de lait. Une somme de 276 M€ ira aux cultures et aux zones que le ministère de l’Agriculture estimera les plus affectées par la sécheresse. Pour le chef de l’opposition et président du Parti populaire, Alberto Núñez Feijóo, ce sont là « des mesures électoralistes », rapporte France info. Le 28 mai, son parti a recueilli davantage de voix aux municipales que le Parti socialiste. Par ailleurs, il a ravi au moins six régions à la gauche.