Attaques de chevaux et poneys
« Justice sera faite »

Cédric MICHELIN
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Entre films d’horreur et rites vaudou, c’est une triste série de « meurtres » ou de « sévices » infligés à des chevaux et poneys qui frappe la Saône-et-Loire (trois cet été), la région (une dizaine), la France (30 cas au seul mois d’août ; dans dix départements) et même l’étranger de longue date (300 cas en Allemagne ; 160 en Angleterre depuis 40 ans). Gendarmeries et forces de l’ordre sont fortement mobilisés, à la demande des professionnels et des ministères.

« Justice sera faite »

Pour traduire cette mobilisation exceptionnelle, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie est venu au centre équestre des Parriauds à Saint-Eusèbe en Saône-et-Loire vendredi 28 août, accompagné par le nouveau préfet de Saône-et-Loire, Julien Charles et ses services (DDT, DDSV, etc.) mais surtout entouré de toutes les forces de l’ordre (Gendarmerie, Police, Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires). Ils ne sont pas seuls à « enquêter » : la Fédération des vétérinaires - effectuant les autopsies sur les « scènes de crimes » - et la Fédération française d’équitation sont également prêtes à se porter civil pour condamner « ces criminels » à la peine la plus lourde. La présidente du Conseil du cheval Bourgogne Franche-Comté, Claire Juillet, réclamait d’ailleurs au ministre que les peines maximales soient bien appliquées (deux ans de prison ; 30.000 € d’amende ; non cumulable malheureusement). Le ministre affirmait faire régulièrement un point sur ces affaires avec ses homologues de l’Intérieur et de la Justice. Les parlementaires de tous bords - Rémy Rebeyrotte, Marie Mercier, Jérôme Durain – condamnaient ces « actes barbares » et les collectivités assuraient un plein soutien aux victimes, à l’image de Frédéric Brochot pour le Conseil départemental ou d’Alain Ballot, maire de la commune. Voisins, anonymes et monde de l'élevage étant pleinement solidaires, réconfortant chacun un peu.

« Scènes de crimes »

Il faut dire que les témoignages des éleveurs et propriétaires faisaient froid dans le dos. Ici à Saint-Eusèbe où la jument Fleur des dames a été agressée dans son box, Thomas Desgres des Écuries Parriauds a longuement expliqué son incompréhension, son inquiétude et sa fatigue. Les propriétaires d’une ponette tuée à Saint-Vallier étaient eux aussi encore visiblement choqués par la violence et la cruauté des agresseurs (mutilations, oreille coupée, œil arraché, appareils génitaux enlevés, tête écrasée, sang vidé). Encore plus terrifiant, beaucoup craignent une recrudescence de « copieurs » (copycat) ou même la répétition d'un quelconque « rite » (le sang de cheval étant historiquement utilisé pour soigner des maladies : sérum contre la rage, tétanos, venin… par exemple) puisqu'attaquant plus souvent les juments et ponettes. Voire contre le Covid, imaginaient certains.

Prévenir la police (17)

Si l’État et les élus faisaient un point sur l’enquête en toute discrétion au fond de l’écurie avec le ministre, Julien Denormandie assurait à l’issue que « justice sera faite » et que l’enquête avance. Ou plutôt les enquêtes, puisque le ministre lâchait qu’il s’agit de plusieurs individus. Même s’il partageait « l’émotion légitime » des « victimes », le ministre et les forces de l’ordre invitaient chacun à ne pas tenter de faire justice soi-même. La gendarmerie relaie régulièrement des informations (alertes vigi-agri), des consignes et recommandations : signaler (téléphoner au 17) plutôt qu’intervenir. Les agresseurs étant particulièrement motivés. « Il y a manifestement un certain "professionnalisme", des personnes qui agissent avec une certaine technicité », a-t-il souligné, faisant référence à la ponette vidée de son sang sans laisser la moindre trace et ce, à proximité d’une rue passante. Ou encore, aux deux agresseurs dans l’Yonne qui ont lacéré des chevaux et un septuagénaire qui s’est héroïquement interposé. Un premier portrait robot a d’ailleurs été largement diffusé et d’importants moyens de surveillance sont mobilisés. La solidarité et la coordination sont maintenant « essentiels » pour résoudre « au plus vite » ces crimes « barbares ».