EXCLU WEB / Une belle campagne en vue pour les oléagineux

Avec des cours qui restent soutenus, une récolte et des rendements très abondants pour le colza, des surfaces en forte hausse pour le tournesol, la filière oléagineuse devrait réaliser des ventes de plus de 4 milliards d’euros au cours de la campagne.

EXCLU WEB / Une belle campagne en vue pour les oléagineux

Les producteurs français de colza, de tournesol et de soja devraient réaliser une jolie campagne de vente au cours de la campagne 2022/2023. La récolte s’est passée dans de très bonnes conditions pour le colza, la canicule n’ayant pas eu d’effets indésirables sur les graines. La forte hausse des surfaces consacrée aux semis de tournesol, engendrée par la flambée des cours, a aussi permis une belle récolte malgré les effets du stress hydrique qui a réduit les rendements. Enfin, la production de soja est aussi en hausse. Or, sur la base des cours actuels, qui ne semblent pas devoir fléchir, les producteurs de colza devraient réaliser des ventes de l’ordre de 2,5 milliards d’€ (Mds€), les producteurs de tournesol 1,5 Md€, auquel il faut ajouter la production de soja qui va générer environ 250 M€. Au total, cela représente 4,25 Md€, sur la base des cours au jour le jour sur les marchés, hors primes ou contrats d’engagement entre producteurs et transformateurs qui ne sont pas dans les statistiques officielles. 

Récolte exceptionnelle 

C’est la récolte exceptionnelle de colza, qui restera peut-être dans les annales, qui permet de réaliser un tel montant de ventes. Les producteurs ont semé une surface de 1,216 million d’hectares, soit près d’un tiers de plus en 2022 qu’en 2021. Le rendement moyen national est aussi en hausse à 3,7 tonnes par hectare, voire plus dans certaines régions. Sur la base de ces chiffres, la récolte devrait s’élever à 4,5 millions de tonnes. Les statisticiens du ministère de l’Agriculture et de Terres Univia, l’interprofession des oléagineux, sont un peu plus prudents et annoncent une récolte de 4,3 millions de tonnes, ce qui correspond déjà à une hausse de 31,6 % entre 2021 et 2022. Et pour faire bon poids, comme les conditions météo, sèches, ont été bonnes du point de vue sanitaire, le taux d’huile moyen de la récolte 2022 va s’établir autour de 44,5 %, quand la moyenne quinquennale affiche 43,2 %. C’est tout bénéfice. 

Pour le tournesol, les chiffres restent à affiner, car la canicule a engendré un stress hydrique très néfaste au développement des plantes et des graines. Mais on s’attend tout de même à une récolte de 2 millions de tonnes en 2022, comparable à la récolte de 2021, mais en hausse de plus de 25 % par rapport à la moyenne quinquennale. Il faut noter la très forte augmentation de la surface semée, passée en un an de 698.000 à 842.000 ha. Il suffisait de battre la campagne cet été pour voir des champs de tournesol un peu partout en France, même dans des régions d’habitude uniquement productrices de blé ou de maïs. La production de maïs, moins rentable, a d’ailleurs chuté de 3 millions de tonnes. Enfin, la production de soja, qui reste faible en France et en Europe en comparaison du continent américain, affiche aussi une petite hausse, à 450.000 tonnes en 2022 contre 439.000 en 2021. 

Cours soutenus 

Concernant les prix à la tonne, ceux de la graine de colza ont fléchi ces dernières semaines pour s’installer sur un plancher de 600 €/t, sur le marché physique Fob Moselle, qui tient lieu de référence en Europe. Les marchés à terme sur Euronext sont confiants pour les mois à venir : les contrats à échéance en novembre affichent à peu près le même cours, et les échéances de février, mai et août se situent entre 600 et 615 €. Certes, on est loin des cours extrêmes qui avaient dépassé les 1.000 €/t pendant quelques jours en mai, quand la pénurie s’était installée en fin de campagne. Les cours actuels sont revenus au niveau d’avant la guerre en Ukraine, mais ils étaient déjà en hausse en raison de la reprise économique après la sortie de crise de la Covid. Pour le tournesol, la tendance est la même. La graine rendue au port de Saint Nazaire affiche 740 €/t, contre 600 €/t avant la guerre menée par la Russie en Ukraine. Le soja est plus à la peine, avec des cours mondiaux, à 550 dollars la tonne, nettement plus faibles que ceux du colza et du tournesol.

Bien sûr, on s’interroge sur l’évolution de la guerre en Ukraine. Certains experts pensent que les cours vont baisser en raison de l’accord passé entre la Russie et l'Ukraine parrainé par la Turquie et l’ONU pour charger des navires de céréales dans le port d’Odessa. Mais il est peu probable que des exportations de masse puissent avoir lieu à court terme pour ces cultures. Les cours devraient donc rester élevés, même si des épisodes de volatilité liés à l’actualité (cours du pétrole ou autres) sont à attendre. La filière française des oléagineux vit tout de même une période faste pour les producteurs comme pour les industriels, dont les marges de trituration sont élevées.