Moisson blé BFC 2022
Une campagne blé 2022 marquée par une forte hétérogénéité mais la qualité est là

Diane Chavassieux et Luc Pelcé (ARVALIS-Institut du végétal)
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En 2021-2022, le cumul des surfaces implantées en blé tendre d’hiver en Bourgogne Franche-Comté (BFC) s’établit à 360.000 ha. En comparaison à la moyenne des cinq dernières années, la sole occupée par cette espèce est en régression de 3 % dans la région. Du côté rendement 2022, une grande hétérogénéité marque la campagne en fonction de la réserve hydrique des sols. Le rendement moyen 2022 de la région BFC pourrait se positionner dans la moyenne des cinq dernières années soit à 66 q/ha. Sur un plan qualitatif, les teneurs en protéines sont élevées et les PS sont corrects.

Une campagne blé 2022 marquée par une forte hétérogénéité mais la qualité est là

Climat : une montaison dans le chaud et sec

Une fois n’est pas coutume, les températures sont plus froides que la normale tout au long de l’automne jusqu’à la mi-décembre. Ensuite, il fait progressivement plus chaud jusqu’au pic record enregistré tout au long du mois de mai. Des gelées allant jusqu’à -5 °C sont enregistrées début avril sans impacts notables sur les blés en début de montaison. Du côté de la pluviométrie, les périodes pluvieuses alternent avec des périodes plus sèches. Le mois de mai est parmi le plus sec jamais enregistré avec par exemple un cumul de seulement 11 mm sur la station de Sens (89). Quelques averses fin avril limitent la casse pendant la montaison sauf dans l’Yonne et la Nièvre, particulièrement affectées par la sécheresse. La réserve de survie des sols superficiels est atteinte dès le stade épi 1 cm sur les sols superficiels alors qu’il faut attendre 2 nœuds sur les sols profonds.
Côté rayonnement, de très bonnes valeurs sont enregistrées pendant toute la montaison, pendant la période de mise en place des épillets / épis et des grains / épis.

Croissance : une année précoce

Les semis se réalisent rapidement du 10 au 20 octobre entre deux séquences pluvieuses. En sortie d’hiver, le début de la montaison intervient deux à trois jours avant la date médiane, autour du 27 mars par exemple à Dijon pour un semis du 15 octobre.
Puis les températures s’élèvent. En conséquence, l’épiaison des semis précoces arrive autour du 10 mai pour les situations précoces et jusqu’au 20 mai pour les situations les plus tardives soit une semaine à 10 jours avant la date médiane. La durée de la montaison a donc été raccourcie d’environ 10 jours par rapport à 2021.
À la suite, le remplissage des grains se réalise à une vitesse record sous l’effet de températures maximales sous abri souvent supérieures à 30 °C, surtout entre grain laiteux et grain pâteux affectant d’autant plus les situations tardives, l’échaudage étant arrivé plus tôt pendant le remplissage des grains. Le début de la moisson s’effectue dès la fin juin, soit à une date précoce record.

Conditions de culture : faible pression des maladies

Les sols sont frais au moment des implantations. En conséquence, l’efficacité et la sélectivité des herbicides racinaires sont bonnes d’autant plus en post-semis prélevée. Au-delà de la levée, les conditions fraîches et venteuses sont peu propices aux pullulations de ravageurs d’automne.
En sortie d’hiver, sous l’effet d’alternance de périodes humides et plus sèches, les engrais azotés sont généralement bien valorisés. Le dernier apport d’azote fin montaison n’a pas toujours été bien valorisé en raison de la sécheresse du mois de mai.
Du côté des maladies, leur développement est resté modeste avec un déclenchement des traitements entre dernière feuille pointante sur variété sensible jusqu’à dernière feuille étalée voire épiaison sur variété tolérante. Quelques cas de rouille jaune sont apparus tout en restant contenus.
Une forte présence de cécidomyies orange a été observée sur un pas de temps court autour de la floraison (mi-mai) sous un climat orageux.
Des situations avec de l’ergot ont pu être remontées à la récolte, il faudra prêter une attention toute particulière à la propreté des lots de semences pour la campagne 2023.
Sur la fin de campagne, des orages et des pluies ont pu provoquer un peu de verse. Les épis sont restés plutôt sains et, a priori, sans germination sur pied.

À la récolte : des PMG affectés par l’échaudage mais une bonne qualité

Sur la base d’un jeu de données historiques d’Arvalis-Institut du végétal sur la région Bourgogne Franche-Comté, les résultats obtenus à l’issue de la campagne 2021-2022 se caractérisent par :
→ Un nombre d’épis / m² variable mais en moyenne inférieure à la moyenne sur les plateaux en sols superficiels.
→ Un nombre de grains/épi dans la moyenne voire, supérieure notamment dans les situations où le nombre d’épis / m² fait défaut par compensation.
→ En conséquence, le nombre de grains / m² reste à un niveau satisfaisant mais néanmoins très hétérogène en fonction de la réserve hydrique du sol.
→ Un PMG contraint par des conditions de fin de remplissage défavorables, les valeurs sont inférieures de -10 % en plaine à -15 % sur les plateaux par rapport aux moyennes pluriannuelles atteignant 35 à 40 g.
→ In fine, des rendements proches de la moyenne des 10 dernières années voire inférieurs, d’autant plus que le sol est superficiel.
→ Des teneurs en protéines élevés.
→ Des PS corrects malgré les fortes pluies enregistrées après la maturité physiologique (93 mm de pluie cumulées sur Dijon du 20 juin au 5 juillet).