Influenza aviaire
Influenza : le ministère publie le « plan de vaccination officiel »

Restrictions de mouvements, administration du vaccin, gestion des foyers : dans son « plan de vaccination officiel » contre l’influenza aviaire publié début août, le ministère de l’Agriculture confirme sa stratégie et égrène des précisions pratiques.

Influenza : le ministère publie le « plan de vaccination officiel »

Sans tambour ni trompette, le ministère de l’Agriculture a publié le 3 août son « plan de vaccination officiel » contre l’influenza aviaire. En sept fiches thématiques, la Rue de Varenne y confirme sa stratégie : vacciner tous les canards du maillon « production » sur l’ensemble du territoire, à partir du 1er octobre. Quelque 64 millions de canards (gras et à rôtir) recevront deux doses de vaccins. Les animaux vaccinés seront bien « abattus en vue de la consommation humaine », y compris les reproducteurs de réforme. La campagne de vaccination durera un an. À la fin de cette période, elle fera l’objet d’une évaluation « pour mesurer son efficacité et son impact ». Après quoi, en octobre 2024, le dispositif sera « suspendu ou reconduit ».

Pour rappel, la vaccination sera obligatoire pour le maillon « production » et facultative pour les reproducteurs, à condition qu’ils ne soient pas destinés à l’export. « Seuls des œufs à couver et poussins d’un jour issus de reproducteurs non vaccinés pourront être exportés vers les pays tiers et États membres » de l’UE, insiste le ministère. Alors que la France est le premier pays exportateur de volailles – et de génétique – à vacciner contre l’influenza, de nombreux pays tiers sont susceptibles de mettre en place des embargos sur les produits hexagonaux.

Les éleveurs pourront administrer le vaccin

Dans ses documents, le gouvernement égrène quelques précisions pratiques, notamment sur l’acte de vaccination, qui sera « supervisé » par les vétérinaires sanitaires. Toutefois, le vaccin pourra être administré par les vétérinaires, mais aussi par les éleveurs et leurs salariés, ou encore par les techniciens de différentes structures (cabinets vétérinaires, organisations de producteurs, organismes à vocation sanitaire). La Rue de Varenne rappelle aussi les modalités de la surveillance post-vaccination, qui vise à s’assurer que les volailles vaccinées ne soient pas contaminées par une souche « sauvage » du virus. Et une autre fiche vient préciser le dispositif de traçabilité qui l’accompagne (données recueillies et systèmes d’information utilisés).

Autre nouveauté : le ministère de l’Agriculture précise les « restrictions de mouvements des animaux vaccinés », dictées par la réglementation européenne. Le règlement délégué 2023/361, qui autorise la vaccination, autorise leurs déplacements sur le territoire national, à condition de présenter des analyses négatives. Ils pourront rejoindre un abattoir « en vue d’un abattage immédiat », ou un établissement où sera réalisée la vaccination (rappel), qui ne détient que des animaux vaccinés ou qui peut séparer les volailles vaccinées et non vaccinées. Dans tous les cas, les canards devront y rester au moins 21 jours (sauf abattage). En direction d’un autre pays européen, seul un déplacement pour abattage immédiat est autorisé. Il devra être précédé d’une « inspection clinique » et de tests virologiques sur 20 animaux, le tout 72 heures avant le départ. L’ensemble de ces conditions s’applique aussi aux viandes issues des animaux vaccinés.

La vaccination se poursuivra dans les ZR

Autres précisions nouvelles : la « gestion des foyers dans un contexte vaccinal ». Car, comme le rappelle le ministère, la vaccination ne vise pas à éradiquer la maladie dans l’immédiat, mais à « éviter une diffusion rapide » de la maladie. Alors que l’influenza montre des signes d’endémisation en France, on voit mal comment l’Hexagone échapperait à de nouveaux cas cet automne. Le principe général suivi par la Rue de Varenne ? « La vaccination sera déployée sans préjudice des actions habituelles de biosécurité et de police sanitaire en cas de foyer d’IAHP ». En particulier, précise le ministère, « aucun animal ou produit d’origine animale ne sera exporté de zones soumises à des restrictions sanitaires ».

Si un cas se déclare dans un élevage vacciné, les « mesures de lutte classiques » seront appliquées, « y compris la mise à mort des volailles vaccinées dans les meilleurs délais ». Toutefois, si un élevage vacciné et sain est « pris » dans une zone réglementée (ZR), il sera épargné par les dépeuplements préventifs : ceux-ci viseront uniquement « les cheptels non vaccinés ou avec un schéma vaccinal incomplet ». Tous les élevages vaccinés des ZR se verront imposer une surveillance « renforcée » (analyses virologiques sur 60 volailles toutes les deux semaines). Autre cas particulier : celui des élevages qui n’ont pas complété leur schéma vaccinal (une seule injection sur deux) et se retrouvent en zone réglementée. « La vaccination préventive se poursuivra » pour ces élevages, mais elle sera doublée d’un examen clinique, de « mesures de biosécurité renforcées » pour les vaccinateurs. Enfin, le ministère consacre une fiche à sa stratégie de communication sur la vaccination.

Un nouvel appel d’offres sera « lancé à l’automne »

Dans son plan de vaccination officiel, le ministère de l’Agriculture annonce qu’« un deuxième appel d’offres sera lancé à l’automne », portant sur de nouvelles doses de vaccins contre l’influenza aviaire. La Rue de Varenne confirme avoir choisi le vaccin de Boehringer Ingelheim pour fournir 80 millions de doses dans le cadre du premier appel d’offres lancé en avril, sans en préciser les raisons. De son côté, son concurrent Ceva Santé animale, qui avait engagé une procédure en référé après avoir été évincé, a annoncé l’abandon de cette procédure le 26 juillet. « Cette décision a été prise dans le but de préserver les intérêts des éleveurs et des filières », a affirmé le groupe français. Si sa requête avait abouti à une annulation de l’appel d’offres, le gouvernement aurait dû en lancer un nouveau, entraînant un délai supplémentaire « de plusieurs mois » qui aurait repoussé la vaccination au-delà de la période critique de l’hiver, a expliqué Ceva. Or, « débuter la vaccination le plus rapidement possible est essentiel ».