Récolte et semis
Impact attendu et bilan mitigé

Françoise Thomas
-

Sans surprise, les conditions météo ont impacté les récoltes du printemps comme celles de l’automne. Voici le point sur les récoltes de maïs et sur les semis en cours.

 

Impact attendu et bilan mitigé

L’association générale des producteurs de maïs, l’AGPM a dressé, le 21 octobre dernier, le bilan de la récolte 2020 au niveau national. Une récolte que le groupement de producteurs qualifie de « décevante » et avec « des résultats économiques incertains », malgré un « rendement stable » et « une embellie des prix actuellement ».
Ainsi, au niveau national la production est estimée à 13,6 millions de tonnes, avec un rendement de 89,4 q/ha, sensiblement le même que l’an passé à 89,3 q/ha, mais inférieur à la moyenne quinquennale de 93,1 q/ha.
Même constat au niveau départemental, pour lequel Emmanuel Buisset, représentant l’AGPM et céréalier du côté de Charette-Varennes, évoque « un bilan plus que jamais hétérogène, avec des zones très limitées qui ont pu bénéficier d’un orage, ce qui a sauvé leur maïs », quand pour beaucoup « l’année a été très compliquée ».
Au final, « 50 % de rendements en moins par rapport à une année normale, soit de 45 à 55 quintaux/hectares, avec une moyenne à 50 q/ha ; ce qui est très bas pour notre secteur », insiste-t-il.

Trop sec

Si l’an passé, l’année avait été aussi chaude, plus d’orages bien placés avaient été plus bénéfiques.
« Et pour le soja, c’est aussi la même punition, avec 50 % de rendement en moins ! ». Ainsi, même pour ces plantes résilientes, le cumul manque d’eau et chaleur s’est indéniablement fait ressentir.
La campagne de maïs aura été marquée cette année par des dates et des conditions d’implantation normales. Mais les plantes n’ont en revanche par la suite poussé que dans le sec. Les récoltes de maïs grain, globalement regroupées fin octobre, ont au moins bénéficié de conditions saines, même si le risque fusariose augmente avec les pluies.
Avec le recul, « les parcelles de maïs en dérobé après une orge n’ont rien donné cette année », a pu constater Antoine Villard. Cette conduite « déjà risquée en temps normal » s’est révélée improductive à cause du sec.

Période de semis

Du côté des semis, ceux-ci se sont déroulés dans un timing habituel. « Les conditions pluvieuses actuelles limitent le risque pucerons, poursuit le conseiller grande culture de la chambre d’agriculture, mais ils restent à surveiller notamment lors des belles journées ensoleillées qui favorisent tout de suite les vols ».
Du côté du colza, cet été a vu un nouveau retrait des surfaces implantées, de l’ordre de « moins 30 % à moins 35 %, après un retrait de même ordre en 2019 », détaille ainsi Bertrand Combemorel. Une situation en grande partie due aux conditions climatiques très sèches qui ont conduit nombre de céréaliers à conditionner les semis au retour des pluies, le tout dans un contexte de « pression altise désormais généralisée ». Après quelques semaines, l’évolution s’avère plus que jamais hétérogène : « selon les dates de levée, les parcelles de colza varient actuellement de magnifiques à catastrophiques ». Certaines d’entre elles ont déjà dû être retournées et implantées en orge notamment et « pour les plus petits colzas, rien n’est encore gagné », prévient encore le directeur général adjoint de Bourgogne du Sud.
Il reste malgré tout que les conditions de semis de cette année n’ont rien à voir avec celles de l’automne 2019, laissant espérer un très bon assolement blé et orge.
« Cette année, nous avions une des plus importantes surfaces jamais semées en soja, mais cela était en partie dû aux semis très compliqués de l’automne précédent, rappelle Bertrand Combemorel, la chaleur et le sec ont finalement donné un rendement catastrophique ». Plus que jamais, l’une des clés restent l’allongement des rotations, « nous avons malgré tout la chance dans le secteur d’avoir un choix important de cultures possibles », souligne-t-il en conclusion.

Les ravageurs du maïs

Les producteurs ont dû faire face à deux types de ravageurs : les sangliers, « pour lesquels nous avons malgré tout des moyens de lutte en place » et les corvidés « face auxquels nous sommes beaucoup plus désarmés », explique Emmanuel Buisset. Les céréaliers constatent « des populations de corbeaux qui augmentent d’année en année car les printemps de plus en plus chauds font qu’ils ont leurs petits plus tôt », soit au moment des périodes de germination et de levée du maïs sur lequel ils mettent une telle pression, que cela a un « impact lourd : le resemis a été nécessaire sur un certain nombre de parcelles ! », souligne le producteur.
La problématique n’est pas propre à la Saône-et-Loire et touche aussi les départements voisins. Du côté de la Côte-d’Or notamment, la profession agricole et la Fredon ont mis en place plusieurs moyens de lutte, « des prélèvements ponctuels et des piégeages ». Autant de leviers de lutte « non encore activés en Saône-et-Loire, mais qui représentent sans doute un axe de travail pour le futur, à étudier selon l’efficacité du piégeage et la façon dont on peut l’adapter chez nous », estime encore Emmanuel Buisset.