Inflation et crise énergétique
La loi Egalim en plus du bouclier tarifaire

L’inflation accélère. La crise énergétique menace tous les pans de l’économie. L’agriculture tire la sonnette d’alarme. La FNSEA demande l’application de la loi Egalim et la solidarité du reste de la filière, alors que s’ouvrent de nouvelles négociations commerciales.

La loi Egalim en plus du bouclier tarifaire

À l’image des autres secteurs d’activité et du reste de la société, tous les secteurs agro-alimentaires tirent la sonnette d’alarme face aux hausses des fournitures, de l’inflation (qui gagne les salaires) et de la crise énergétique. Citons par exemple, la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) qui s’inquiète de la survie de ses entreprises en raison de l’augmentation du prix des matières carnées, des coûts du transport, des emballages et de la main-d’œuvre, et aussi du « mur du prix de l’énergie ». Selon la Fédération, le seul surcoût des énergies devrait représenter 3,3 % du chiffre d’affaires en moyenne, et le coût total de l’énergie jusqu’à 5,1 % de leur chiffre d’affaires, avec des pointes à 8 %. Autre exemple, la députée de la Bresse, Cécile Untermaïer a relayé au Ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, ancien Ministre de l’Agriculture, le cri d’alarme des artisans boulangers-pâtissiers « de notre territoire ». « Si la démarche du Gouvernement auprès de l’Union européenne en vue de décorréler les prix d’achat du gaz et de l’électricité va dans le bon sens, il y a urgence à agir au niveau national pour éviter que ces chefs d’entreprise, notamment les boulangers, ne jettent l’éponge définitivement », alerte-t-elle au côté de Bresse initiative et de la mairie de Louhans. Deux exemples parmi des milliers…

Amortisseur à réviser

Accompagnée des ministres de l’Économie, de la Transition écologique et de la Transition énergétique, la Première ministre Élisabeth Borne a présenté, le 27 octobre, une nouvelle aide destinée aux entreprises, collectivités et associations, appelée « Amortisseur électricité ». Elle s’appliquera à tous les contrats professionnels sur l’année 2023. Elle couvrira, de « manière automatique », sans constitution de dossier, la moitié de la facture d’électricité (hors Arenh) au-delà de 380 €/MWh. Cela représenterait en moyenne une aide de 120 €/MWh pour les PME, selon Bruno Le Maire. L'« amortisseur » vient compléter deux types de soutien en vigueur depuis plusieurs mois : l’un destiné aux entreprises de moins de dix salariés ou 2 M€ de chiffre d’affaires, qui bénéficient du « bouclier tarifaire » au même titre que les particuliers ; et un autre « bouclier » pour les entreprises fortement consommatrices de gaz et d’électricité (au moins 3 % de leur chiffre d’affaires). Ces dernières aides vont également être simplifiées, a annoncé Bruno Le Maire. Seront désormais éligibles les entreprises ayant vu leur facture de gaz et d’électricité augmenter de 50 %, et non plus doubler. La condition des 3 % de chiffres d’affaires s’appliquera non plus sur 2021, mais sur 2022. Et les plafonds d’aide ont été doublés pour chacune des catégories de taille.

La FNSEA pas rassurée

Réagissant à ces annonces, la FNSEA estime que les « agriculteurs demeurent très inquiets ». Même si ces « mesures vont dans le bon sens ». Elle fait part de sa « déception » sur les mesures concernant le gaz. Pour la FNSEA, le critère retenu (3 % de la facture énergie dans le chiffre d’affaires pour être éligible) exclut trop d’exploitations agricoles. Elle déplore par ailleurs que « le premier niveau de protection, à savoir le bouclier tarifaire pour les TPE, le plafond de puissance électrique de 36 kVA continue à s’appliquer », excluant là aussi beaucoup d’entreprises agricoles. « Nous demandons que toutes les TPE puissent bénéficier de ce bouclier sur les tarifs de l’électricité, d’autant que ce plafond n’est pas un critère communautaire », insiste la FNSEA qui craint une rupture d’approvisionnement dans la chaîne alimentaire.

Pour une application stricte d’Egalim

La loi Egalim, rien qu’elle et enfin appliquée. « La solution doit venir d’une application très stricte de la loi EGalim », poursuit donc la FNSEA. Elle réclame notamment la prise en compte des indicateurs de coûts de production dans les contrats conclus par les producteurs ainsi qu’une meilleure prise en compte des coûts industriels et la fin de la facturation de pénalités logistiques. Par ailleurs, elle entend clore les négociations commerciales 2022 pour « laisser la place » à celles de 2023. Prônant une « indispensable solidarité » et appelant à pérenniser le relèvement du Seuil de revente à perte et l’encadrement des promotions. Le syndicat craint et constate déjà une hausse des volumes d’importation. Enfin, la FNSEA appelle à la mise en place d’un chèque alimentaire durable pour aider les consommateurs les plus fragiles.

L’inflation accélère

Les prix à la consommation auraient augmenté de 6,2 % sur un an à la fin du mois d’octobre, selon une estimation provisoire de l’Insee, contre 5,6 % fin septembre. Un niveau d’inflation jamais atteint en France depuis juin 1985, quand la hausse des prix enregistrée était de 6,4 % sur un an. La flambée des prix s’accélère sur l’énergie, l’alimentation et les produits manufacturés. L’inflation sur les produits alimentaires atteint 11,8 %. Les prix des produits frais enregistrent la hausse la plus forte dans la catégorie des produits alimentaires : 16,9 %, contre 11 % sur le reste. L’écart se creuse de mois en mois : les hausses étaient respectivement de 11,3 % sur les produits frais et de 9,6 % sur le reste à fin septembre. Quant à l’inflation des prix de l’énergie, elle est à 19,2 %.