Domaine Berthenet à Montagny-lès-Buxy
Observer la pureté des terroirs se créer

Cédric Michelin
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François Berthenet n’est pas homme à se reposer. Mais observer fait partie intégrante de sa philosophie de vigneron à Sassangy. La base pour révéler la pureté de ses terroirs donnant des vins uniques.

Observer la pureté des terroirs se créer

« Observer et laisser faire au maximum la nature, cela demande énormément de travail ». Derrière ce paradoxe, c’est bien la réalité et le travail immuable de générations de vignerons. Dix pour la famille de François Berthenet, installée à Montagny-lès-Buxy depuis quatre siècles, éleveurs travaillant la terre. D’ailleurs, ce jeune vigneron - installé en 2016 à 29 ans - continue de « semer » ses champs et récolter le foin de ses prés.
De quoi nourrir ses réflexions croisées – nombreuses et permanentes – pour ses vingt hectares de vignes. Pas un jour ne passe sans apprendre. L’adaptation est son maître mot. Pas une année similaire non plus et donc pas un millésime identique. De toute façon, ses vins sont le reflet de « la pureté » de ses nombreux terroirs.
Tout débute à la vigne, du travail des sols, enherbement ou non, taille avec les cycles lunaires, sélection massale, palissage, effeuillage… rien n’est laissé au hasard. Ou plutôt si, au hasard de la vie et de la nature. « Je suis non interventionniste, en lutte raisonnée "plus + plus" », se qualifie-t-il, bien que ne revendiquant pas de label. Ce qui lui laisse d’autant plus de libertés pour marier à merveille tradition et modernité.
Ce grand et costaud vigneron multiplie les emplois du temps. Il privilégie la vente à son caveau ou servir près de 200 restaurants et 500 cavistes différents ! Une volonté de faire des circuits courts qui se bataille à la facilité de l’exportation, s’il y cédait plus. Mais non. Son caveau est ouvert toute la semaine et les samedis sur rendez-vous. « C’est important d’être ouvert et d’avoir des vins pour ceux qui se baladent. Je veux rester proche d’eux pour leur parler » de ses observations.
On lui pardonnera néanmoins d’être trop occupé lors des vendanges, s’étant étalées sur près de trois semaines en 2022 ! S’il a commencé par ses crémants de Bourgogne, qu’il élabore lui-même, ses pinots noirs, ses aligotés et chardonnays ont été récoltés début septembre. « J’ai une parcelle de chardonnay qui est toujours la plus tardive », fait-il le constat. L’observation encore et toujours. Chacune de ses parcelles, il les connaît par cœur, les pointant depuis l’observatoire en haut du village. Avec dix Montagny, dont sept premiers crus, à la carte et de nombreux Bourgognes (pinot noir, aligoté doré…), son regard va plus loin… vers Buxy et Bissey-sous-Cruchaud. Et même au-delà, du côté du Beaujolais, pour sa « micro-cuvée » de Morgon. Pour François pourtant, impossible de sortir un vin préféré dans sa gamme, faite pour tous les goûts et prix (13 à 30 €). Il les aime tous. Et quand il dit tous, derrière chaque cuvée, ce sont ces milliers d’observations qu’il partage.