42 km… de haies pour le marathon de la biodiversité
Restaurer les continuités écologiques c’est le défi que s’est lancée la communauté de communes Saône-Beaujolais, située au nord du Rhône, avec le soutien financier de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Ce plan autour des haies et des mares devrait à terme être reproduit dans les autres secteurs dépendant de l’agence de l’eau, soit toute la zone allant de Besançon à Marseille et Montpellier.

Un marathon c’est une course de plus de 42 km. La communauté de communes Saône-Beaujolais (CCSB) regroupant 42 communes (mais désormais 35 exactement depuis des fusions en janvier dernier) pour un peu plus de 42.000 habitants a profité de cet " argument marketing " pour lancer son marathon de la biodiversité. C'est-à-dire procéder, d’ici 2021, à la création et/ou à la restauration de 42 km de haies et de 42 mares permettant de créer ou recréer " les continuités écologiques " . « Si nous n’aurons aucun problème à atteindre, voire largement dépasser l’objectif en nombre de mares, prévoit déjà Frédéric Pronchéry, le vice-président de la communauté de communes, ce sera en revanche un peu plus compliqué pour les haies ».
Ce projet, mené depuis déjà plus de deux ans par la CCSB, a été lauréat de l’appel à projet lancé par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse qui a prévu en tout une enveloppe de 55 millions d’euros sur six ans pour des actions " eau et biodiversité " sous forme d’appels à projet.
Ainsi depuis 2017, un premier travail de cartographie a été réalisé sur tout le territoire de la Com'com pour inventorier et qualifier les haies et mares, pour pouvoir mieux prioriser ensuite les interventions.
On entre actuellement dans la phase de démarrage des travaux avec les premières mares restaurées et la poursuite de la création de haies. D’ici la fin de cet hiver, 16 mares auront été restaurées, six créées et une vingtaine de kilomètres de haies plantées sur 22 communes.
Copier la nature
La journée de visite organisée le lundi 23 septembre a tout d’abord conduit chez Sébastien Dupré, viticulteur à Saint-Lager (Rhône). Ses 15,5 ha de vignes (en côte de brouilly, beaujolais village blanc et beaujolais village rouge) bénéficient déjà de l’enherbement. « Nous sommes en conversion bio depuis deux ans, explique le jeune viticulteur, mais j’ai avant tout souhaité restructurer tout le domaine avant cette conversion ». Et implanter des haies a été une partie de l’objectif : « mon but est de remettre la vigne en conditions optimales, en copiant la nature, en essayant de comprendre son mécanisme, sans intrant, pour pouvoir mieux le reproduire ». C’est ainsi qu’il a opté pour une couverture du sol maximal, un travail du sol minimal et par l’implantation de haies en périphérie. 550 mètres linéaires ont déjà été plantés avec des essences locales sauvages. « L’objectif est de remettre les arbres au cœur du système... et même au cœur de la parcelle pour climatiser les vignes naturellement. Nous sommes plein sud et nous subissons le réchauffement climatique de plein fouet ».
Déjà des émules
Cette haie implantée en bord de route, perpendiculairement à la pente, va permettre de réduire l’érosion, maintenir l’humidité, servir de brise-vent pour les vignes et d’abri et de nourriture pour la faune et les auxiliaires de culture.
Et elle a fait des émules : « cette haie a déjà permis la création de 5 autres km, constate Jérôme Berruyer, technicien à la fédération départementale des chasseurs du Rhône. En tout, nous sommes en contact avec une cinquantaine de viticulteurs et tout ceci sans publicité ni communication ».
La visite s’est poursuivie du côté de Dracé permettant d’illustrer l’intérêt des haies pour les cultures. Les différentes strates végétales favorisent là aussi la présence d’une faune utile et diverse, dont des pollinisateurs. S’il faut attendre une vingtaine d’années pour pouvoir utiliser le bois, le feuillage est lui rapidement un apport alimentaire intéressant pour le bétail, en plus de lui offrir une zone d’ombre en période chaude.
Point d’abreuvement à aménager
Les mares entrent dans cette même logique de régulation du ruissellement, de concentré de biodiversité intéressante pour les cultures. Les travaux les concernant consistent souvent à aménager un accès ou un point d’abreuvement pour le bétail pour préserver l’équilibre floristique et faunistique de la mare sur le long terme.
Au total, le budget consacré à ce marathon est de 412.000 €, financé à 80 % par l’agence de l’eau. « Concernant la biodiversité, il n’y a pas besoin d’avoir beaucoup d’argent pour faire des choses », est intervenue Laurence Clottes, cheffe de service à l’agence de l’eau. Tous les exemples ont en effet démontré que c’est plus une question de volonté.