50 ans de fêtes de l’agriculture
fête ses 50 ans. Entre concours général agricole, visites politiques et
rencontres professionnelles, retour en témoignages sur un demi-siècle
d’histoire agricole.
Concours général agricole
Qui dit salon, dit des heures de déambulations dans les allées. Au détour d’un stand, il est probable de croiser Bertrand du Cray, le directeur du Centre d’études et de documentation du sucre (Cedus). Depuis 40 ans, il pratique le salon. Comme journaliste spécialisé dans l’élevage, en tant que communicant pour le Ceneca et Comexposium (2), et pour finir à l’interprofession du sucre. En 1991, il a assisté à la séparation entre les exposants de machine agricole et les éleveurs. Les premiers partent à Villepinte et deviennent le salon des fournisseurs de l’agriculture et de l’élevage (SIMA), tandis que le SIA reste Porte de Versailles. Conséquence : le nombre de visiteurs chute passant de 900 000 à 300 000. Beaucoup de professionnels sont partis avec le SIMA et le grand public n’est pas encore au rendez-vous. Actuellement, l’équilibre est rétabli, l’édition 2013 devrait atteindre 700 000 visiteurs dont beaucoup de citadins en mal de campagne « mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de professionnels. Au contraire, nous avons besoin d’eux pour que vive le salon, ils en sont les acteurs », fait remarquer Pierre Del Porto. Pour les éleveurs, le SIA est LE moment où leur travail est reconnu. Depuis des mois, ils passent des concours en région pour « monter » à Paris et obtenir la fameuse plaque gravée « concours général agricole ». En marge des animaux, les produits alimentaires - vins, foie gras, cidres, huîtres …- se disputent aussi le célèbre prix. Un vrai gage de qualité.
Rendez-vous médiatique
Jacques Chirac n’a quasiment jamais loupé le salon. A chaque stand, il mangeait, buvait avec un plaisir non dissimulé. A l’image de François Hollande présent depuis des années et qui, en 2012, s’est baladé pendant 11 heures (1) ! D’autres ont marqué différemment, comme Édouard Balladur, pas vraiment à l’aise aux côtés des vaches ou Nicolas Sarkozy et son célèbre « cass’toi pauv’con ». Bref, la Porte de Versailles est devenue le rendez-vous médiatique. « Avant, il n’y avait que quelques journalistes venant récupérer des dossiers de presse », se souvient Bertrand du Cray. Désormais, ils se bousculent pour envoyer les images, écrire, tweeter… Pendant une semaine, la France ne parle que d’agriculture. Les politiques écoutent les responsables professionnels, souvent « en cassant la croûte », confirme Jean-Paul Bizien, ancien éleveur laitier. L’homme de 73 ans se rendait au salon en tant que syndicaliste, ex-membre de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), il est actuellement président de la Section nationale des anciens exploitants agricoles (SNAE) et se souvient : « on mangeait avec la coopération, les entreprises privées, les élus. On partageait nos difficultés et on voyait comment faire un petit bout de chemin ensemble… ». Cette année, les discussions, tourneront surtout autour de la réforme de la Pac ou encore des mesures environnementales mais rien n’entachera la convivialité qui règne sur le salon depuis 50 ans.
(1) La visite de François Hollande est prévue le samedi 23 février 2013.
(2) Le CENECA donne les grandes lignes du salon, gère le protocole et les visites officielles, la société COMEXPOSIUM organise le SIA.
Infos + :
Pour réserver sa place pour le SIA : www.salon-agriculture.com/
Pour acheter les produits du concours général agricole : www.concours-agricole.com/boutique/boutique
Interview Jean-Luc Poulain, président du SIA
Depuis quand allez-vous au salon ?
Quand j’étais au lycée agricole en 1975 puis en tant que militaire où j’animais le club agricole de ma caserne et comme agriculteur, j’ai une exploitation céréalière dans l’Oise. Depuis 2008, je suis président du SIA, je suis passé du côté organisateur.
Le hall 1 avec les animaux est supprimé cette année, cela inquiète les éleveurs.
C’est un changement en profondeur mais pas d’inquiétudes, rien ne s’arrête, il y aura les mêmes exposants, animations et soirée. On se réorganise juste autrement.
Le salon permet-il le dialogue entre politiques et agriculteurs?
Oui, un dialogue serein. Les hommes politiques ne l’évitent pas et les responsables professionnels ne font pas de démagogie. Chaque année, le commissaire européen à l’agriculture, Dacian Ciolos rend également visite aux agriculteurs.
Les visiteurs sont de plus en plus urbains, comment s’adapte le salon ?
Les citadins viennent pour comprendre l’agriculture. Les exposants font des efforts de pédagogie. On assiste souvent à de belles rencontres.
50 ans de salon de l’agriculture
1870 – 1er Concours général agricole (CGA) qui se tient au Palais de l’Industrie à Paris
1881 - Création du Ministère de l’agriculture
1925- Inauguration de la Porte de Versailles
1963 - Edgar Pisani, Ministre de l’agriculture crée le Centre national des expositions et Concours agricoles (Ceneca). Une convention entre le ministère de l’Agriculture et le Ceneca précise le cadre dans lequel doit être réalisé le Concours général agricole.
1964 - Le premier salon international de l’agriculture (SIA) voit le jour. 300 000 visiteurs.
1991 – Le SIA et le SIMA se séparent
2013 – 50 ans du SIA
Le concours de bœufs gras
Créé en 1844, le concours de bœufs gras à Poissy dans les Yvelines est à l’origine du salon de l’agriculture. A l’époque, les bouchers étaient une corporation riche et vénérée. Les animaux étaient exhibés sur des chars dans la ville. En 1870, la manifestation devient le Concours général agricole.
Les 50 ans du SIA : Chronologie
Le salon international de l’agriculture a 50 ans. Une occasion de revenir sur son histoire et son évolution.
1870 - création du premier Concours général agricole. Il se tient au Palais de l’Industrie, un bâtiment créé à l’occasion de l’exposition universelle de 1855. Ce bâtiment n’existe plus. Il a été détruit en vue de préparer une autre exposition universelle, celle de 1900. A sa place, ont été édifiés le Petit et le Grand Palais.
1874- Le Concours général reprend après la guerre franco allemande et la Commune de Paris.Il se tiendra successivement au Palais de l’industrie, puis au Champ de mars, au Grand Palais puis sur l’esplanade des Invalides.
1881 - Création du Ministère de l’agriculture
De 1903 à 1910, le concours général devient la semaine agricole
1922 - Le salon de la machine agricole voit le jour.
1925 - Les bâtiments du Parc de la Porte de Versailles sont terminés et inaugurés à l’occasion du Concours général agricole
1935 - Pierre Laval, le Président du Conseil supprime cette manifestation agricole qu’il trouve trop coûteuse.
1951 - Le Concours général réapparait après 12 ans d’interruption.
1963 - Edgar Pisani, Ministre de l’agriculture crée le CENECA, Centre national des expositions et Concours agricoles. Une convention conclue entre le Ministère de l’Agriculture et le CENECA précise le cadre et les conditions dans lesquelles doit être réalisé le Concours général agricole.
1964 - Le premier salon de l’agriculture voit le jour. Il accueille 300 000 visiteurs.
1969 - La FNSEA participe pour la première fois au salon international de l’agriculture. Elle n’y sera plus présente en tant que telle avant 1975.
1972- La semaine de l’agriculture reçoit 900 000 visiteurs dont 675 000 citadins.
1973 - Pour la première fois, la branche « Promotion du tourisme en milieu rural- bureau commun FNSEA-CNJA d’agriculture et Tourisme, en liaison avec l’association TER, (Tourisme et Espace rural) a un stand au Salon international de l’agriculture. Les citadins peuvent s’y documenter sur les vacances à la ferme, et même réserver une place en camping à la ferme, en gîte rural, ou pour une randonnée équestre.
1974 - Après cinq d’absence, le Président de la FNSEA, Michel Debatisse souhaite que la FNSEA participe de nouveau au salon de l’agriculture
1975 - Le salon international de l’agriculture reçoit 500 000 visiteurs. Le stand de la FNSEA reçoit la médaille d’or du salon de l’agriculture.
1990- Le Parc des expositions de Villepinte ouvre un nouveau hall (hall 6).
1991 - Le salon international de l’agriculture et le salon international de la machine agricole se séparent. Le salon de la machine agricole n’a pas assez de place, Porte de Versailles, et refuse des exposants. La surface d’exposition des machines a été réduite de 10% alors que les demandes des exposants augmentent de 30%. De plus, les machines sont de plus en plus volumineuses et demandent plus de place. Enfin, les exposants trouvent que la durée du salon Porte de Versailles est beaucoup trop longue. Ils souhaitent participer à un salon professionnel et ne plus avoir à recevoir la visite du grand public sur leurs stands. Le salon international de la machine agricole s’installe donc au Parc des expositions de Villepinte qui vient juste de s’agrandir. Au même moment, Porte de Versailles, le Concours général agricole fête sa 100ème édition.
1996- Pour la première fois, des enseignes de la grande distribution et des entreprises de la transformation sont présentes au salon international de l’agriculture.
1998 - Le salon international de l’agriculture reçoit 610 000 visiteurs. Pour la première fois, Danone y a un stand.
2000- Pour la première fois, Carrefour a un stand au salon international de l’agriculture.
2004- Le salon international de l’agriculture reçoit 700 000 visiteurs
2006 - Le salon international de l’agriculture connait une chute du nombre de ses visiteurs. Il en accueille 500 000. Une baisse due à plusieurs raisons : la grippe aviaire empêche les volailles d’être présentes, le mauvais temps, les embouteillages dus à la construction de la ligne de tramway.
2007- Les organisateurs du salon international de l’agriculture font des efforts pour le public. La disposition du hall 1, le hall des animaux est revue. Des tarifs réduits sont proposés aux enfants de moins de 12 ans ainsi qu’aux visiteurs de la nocturne.
2012- Les organisateurs du salon international de l’agriculture indiquent avoir reçu plus de 680 000 visiteurs.
2013- Les organisateurs du salon international fêtent ses 50 ans.
ENCADRE
Qui gère le Concours général agricole ?
Le Ministère de l’agriculture et le CENECA (Centre national des expositions et concours agricoles) sont les co-propriétaires du Concours général de l’agriculture (CGA).
Qui fait quoi au salon international de l’agriculture ?
Le propriétaire du salon international de l’agriculture est le CENECA (Centre national des expositions et concours agricoles). Il regroupe plusieurs associations professionnelles des filières agricole, agroalimentaire, et du monde rural, la ville de Paris et les Pouvoirs publics. Le CENECA est aussi propriétaire du salon du cheval. Le CENECA a confié par convention l’organisation du salon international de l’agriculture à la société COMEXPOSIUM. Cette dernière gère le salon tout en respectant les grandes lignes fixées par le CENECA. Celui-ci gère directement le protocole et les visites officielles du salon.
Qui est COMEXPOSIUM ?
Cette société est en fait le numéro 1 de l’immobilier commercial : la société Unibail qui, depuis 2007, s’est associée avec la société néerlandaise Rodamco.Le groupe Unibail-Rodamco s’est spécialisé dans la gestion et l’investissement dans de grands centres commerciaux situés dans des villes importantes d’Europe. Ce groupe possède aussi un certain nombre de centres de congrès - expositions de la région parisienne.Ainsi, Unibail-Rodamco a pris le contrôle depuis 2000 de Paris-Expo, la société qui gère le Parc des expositions de la Porte de Versailles. Unibail-RODAMCO est aussi le propriétaire du Parc des expositions de Villepinte.Côté centres commerciaux, Unibail-rodamco possède, par exemple, des actifs dans le tout nouveau centre commercial « So-Ouest » à Levallois. Il est aussi actionnaire de centres commerciaux situés en province, comme les centres de la Part-Dieu et Confluence à Lyon. Enfin, COMEXPOSIUM organise des salons professionnels et des salons « grand public ». La société gère 5 des 10 plus gros salons français : le SIAL, Intermat, Equip Auto, le SIMA, et la Foire de Paris.