6 €/ha pour la prospection flavescence
cotisations par hectare 2012, en même temps que celles 2013. Car, depuis
2012, la flavescence dorée s’est répandue et menace. Prospection et
analyses sont chiffrées à 366.000 €. Par solidarité, toutes les ODG de
Bourgogne appellent –après vote– une cotisation de 6 €/ha pour
financer ce volet surveillance.
Cotisation mutualisée sur toute la Bourgogne
Car sur le volet prospection, l’accord de la majorité des vignerons est maintenant requis. Si le BIVB a provisionné 100.000 € sur les 366.000 € chiffrés pour la prospection terrain avec les analyses en laboratoire pour la Bourgogne entière, reste encore à trouver la différence.
C’est pour cela que le président de la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB) et également de l’Union des producteurs de vins Mâcon, Jean-Michel Aubinel appelait à voter une nouvelle cotisation. La cotisation "flavescence dorée" « mutualisée par tous les syndicats d’appellation de Côte-d’Or, de l’Yonne et de Saône-et-Loire » est appelée « à 6 €/ha » par les ODG. Cette cotisation « spécifique ne servira qu’à cela (donc pas à l’indemnisation des parcelles arrachées, NDLR) et pourra éventuellement être diminuée d’ici l’appel définitif, fin avril, en fonction » des aides pouvant arriver des collectivités territoriales (conseils généraux et régional). « Cela nous amène à revoter la cotisation 2012 et à voter celle de 2013 ». Il rappelait la cotisation ODG Mâcon rouge-rosé fixée à 31,5 €/ha et Mâcon blanc à 39 €/ha. Votés, ces 6 €/ha sont à rajouter mais surtout « à relativiser par rapport au coût de remplacement d’un pied (4 €/cep) ou de l’enjeu d’avoir encore demain un vignoble en Bourgogne et dans le Mâconnais en particulier ».
2012 : -22 % en volume
Un malheur n’arrivant jamais seul, les pertes de récolte 2012 sont « plus importantes que ce qu’on pensait ». Même si 2011 avait vu du DPLC, les volumes d’AOC mâcon blanc baissent de 22 % (194.000 hl) en 2012. Ce qui ramené à l’hectare donne un rendement de 57 hl/ha en moyenne, contre 73 hl/ha en 2011. En AOC mâcon rouge et rosé, c’est pire (-43 %) avec un rendement moyen de 35 hl/ha. « C’est le vrai rendement agronomique », lançait-il au représentant du négoce (ex-FNEB) pour preuve de la rareté du millésime.
Mais ce qui n’est pas sans poser d’autres problèmes à court et moyen terme ? Car les sorties propriétés sont identiques sur les deux campagnes. Si les viticulteurs ne peuvent que se réjouir du marché demandeur –notamment à l’export– et porteur (hausse des cours), l’offre faible fait craindre un manque de disponibilité pour honorer les marchés.
Blanchiment à contre demande
Sur le long terme, une autre question plus structurelle se pose. Rouges et blancs confondus, l’appellation régionale repose sur 3.813 ha (209.000 HL) répartis à 51 % en mâcon village (105.000 hl) puis revendiqués en nom de communes à 40 % (83.000 hl de vins blancs) et enfin en mâcon simple (4.433 hl) servant également à l’élaboration de crémants de Bourgogne (voir coteaux bourguignons).
Plus ancien administrateur sur le départ du Conseil, Michel Baldassini rappelait que la production de mâcons rouges fut de 60.000 hl pour maintenant 13.000 hl. Il soulevait là « une inquiétude » de passer à côté de la demande des marchés exports friands d’appellations rouges, particulièrement de pinot noir voire de gamay alors que le Mâconnais à l’image de la Bourgogne a blanchi, côté cépage.
Sur la gestion de la production justement, le vice-président de l’UPVM, Jérôme Chevalier détaillait les droits de plantation obtenus pour 2013. En 2012, 124 dossiers pour 42,42 ha ont été « satisfaits ». Pour 2013/14, l’ODG a demandé 50 ha à l’INAO.
Des évolutions sont à noter dans les visites de vignes. Quatre groupes de 1.000 à 1.250 ha ont été constitués. La commission travaille aussi sur le plan d’inspection pour le rendre « plus abordable ». Enfin, la mise en place du VCI, Volume complémentaire individuel, est « LE gros dossier dans les années à venir », avec les prospections flavescence dorée.
Jean-Michel Aubinel quitte la présidence
Elu à la tête de la CAVB depuis juillet, le président de l’UPVM, Jean-Michel Aubinel a annoncé quitter la présidence. Le viticulteur prisséen saluait « l’équipe dynamique », « renouvelée » et « toujours compétente » qui était volontaire à ses côtés. Il remerciait aussi Caroline Guyotat, l’animatrice, qui lui laissait alors "temps à volonté" pour son dernier rapport moral. Se montrant rigolo philosophe, 2012 aura été pour lui et certainement pour nombre de producteurs, le « pire millésime » en terme de « complexité climatique ». Il retenait là les leçons de l’environnement. « Une seule chose commande en végétal, c’est le temps ». « Avec la viticulture raisonnée, notre capacité d’observation et notre réactivité ont permis d’éviter une énorme catastrophe et des pertes à 100 %. Reste que 1.400 exploitants en Bourgogne ont connu des pertes supérieures à 40 % ».
Il évoquait l’augmentation de la fiscalité probablement « voulue » (plan Cancer, loi Consommation et santé publique). Après l’exception française des droits d’accise, « le risque de surtaxer une filière par une fiscalité comportementale est dangereux ». Il appelait aussi à « rester hyper vigilant » sur les droits de plantation, pouvant « vite reglisser vers certaines formes de libéralisation ».
Enfin, il évoquait la communication, invitant chaque producteur et chaque ODG « à communiquer sous l’ombrelle Bourgogne » pour « garantir une valorisation des appellations régionales ». Le rôle de l’Interprofession à qui il demandait aussi de « veiller à ce que l’évolution des cours soit proche entre les appellations locomotives (Côtes de Nuits, Grands crus…) et les wagons (Régionales, Saône-et-Loire…) ».
Un déficit qui profite à l’appellation
Bien que l’exercice 2012 soit « déficitaire » (-54.000 €), « les réserves de l'UPVM permettent encore d’engager des actions et voir l’avenir avec sérénité », rassurait Jean-Michel Aubinel. La trésorière, Isabelle Meunier précisait que l’opération Mâcon Wine Note ? (43.800 €, 2.168 entrées) explique en grande partie cette « différence ». Car le budget précédent comportait le double anniversaire (UPVM et appellation). L’ODG reconduit Wine Note ? sur deux soirées au lieu des journées. L’occasion de « faire du bruit » auprès des médias. 400 journalistes contactés avaient généré une contre valeur publicitaire "équivalente" à 120.000 €.
En droit ligne avec les Franco-gourmandes, du conseil général, André Peulet annonçait son soutien et le « lancement du Plan œnotourisme ». Forme "historique" de promotion, Marc Jambon insistait à ne pas délaisser la Confrérie des vignerons de la Saint-Vincent Mâcon qui touche d’autres publics.
L’Etat traine les pieds…
Sur le dossier flavescence, le député du Mâconnais, Thomas Thévenoud le rappelait. Lorsque la profession a fait le déplacement à Paris au ministère le 5 décembre dernier, « la somme existait » pour alimenter un éventuel fonds d'indemnisation. Pour la part professionnelle, l’Interprofession des vins de Bourgogne (BIVB) a déjà provisionné les 200.000 € nécessaires au fonds de solidarité pour indemniser les 11,31 hectares déjà arrachés. « Depuis, Bercy a donné des coups de rabot qui font que la décision tarde », expliquait ce membre de la Commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale. Thomas Thévenoud garde cependant « espoir » de voir « se mettre en place rapidement les indemnisations en continuant d’intervenir auprès du ministère ».
En attendant, les "victimes" ne peuvent rien toucher car légalement, le BIVB ne peut directement indemniser les vignerons sans la mise en place d’un fonds abondé d’argent public. Le terrain gronde donc d’impatience. Sans compter, l’entraide entre vignerons s’est organisée avec une "corvée" pour arracher les parcelles condamnées. Une soixantaine de viticulteurs solidaires se relayant auprès de leurs collègues, leur apportant leur aide et soutien dans ce drame.
En tant que président de la CAVB, Jean-Michel Aubinel remerciait pour la « solidarité financière bourguignonne ». La gravité de la flavescence dorée a même contraint les autorités de Côte-d’Or, « sans cas détecté », à prendre un arrêté préfectoral « avec une stratégie différenciée (un traitement) » pour faire baisser la population de cicadelle. L’Yonne renforce aussi sa surveillance. Tout ceci n’empêche pas de faire « grincer des dents, ne se fera pas de gaieté de cœur mais est un mal nécessaire », reconnaissait Jean-Michel Aubinel.
Robert Martin appelait aussi à « ne pas oublier la communication "grand public" et en particulier auprès des jardineries, communes, SNCF… ». Il faudra expliquer que les viticulteurs, engagés dans la lutte raisonnée, avaient volontairement arrêté de faire ses traitements insecticides, pourtant toujours autorisés, et s’exposant ainsi à ce risque de maladie mortelle pour le vignoble tout entier.
Fait « rassurant », de nouvelles molécules existent, même en viticulture biologique (pyrèthre vert). Jacques Rebillard, du conseil régional, en profitait pour insister sur l’importance de la recherche avec la récente mutualisation du Pôle régional vigne et vin à l’Université de Bourgogne ou encore avec le Vinipôle Sud Bourgogne à Davayé, orienté sur le développement durable.
VCI : opérationnel pour la récolte 2013 ?
De la CAVB, la directrice adjointe, Marion Sauquere expliquait les grands principes du VCI, volume complémentaire individuel. Après l’expérimentation chablisienne, les appellations blanches essaieront d’être « opérationnelles sur la récolte 2013 ». En expliquant ce « principe d’assurance récolte qui permet de mettre en réserve des volumes au delà du rendement annuel et dans la limite du rendement butoir », Marion Sauquere provoquait les discussions dans la salle qui cherchait à décrypter le « rafraichissement des VCI stockés chaque année », le « déblocage soit pour combler déficit ou substituer », etc…
Pour l’heure, majoritairement de Saône-et-Loire, quinze ODG sont volontaires. En effet, les ODG doivent faire des demandes de VCI. « La première année ne sera pas la plus compliquée ». Les syndicats vont devoir ensuite suivre le niveau de VCI annuel dans le rendement butoir et le VCI cumulable en stock, limité à 30 % par décret (20 hl/ha par exemple en AOC Mâcon villages blancs). Entrainant ainsi des coûts, « la traçabilité sera assez lourde pour les opérateurs, les coopératives comme pour les ODG », avertissait le président de la CAVB. Néanmoins, cela reste une avancée qui aurait été bien utile sur le millésime 2012. « Cela aurait changé la donne. Encore faut-il aussi voir sur long terme. Le VCI régularise une offre. Il faudra surveiller l’influence sur les cours », analysait-il.