A Chenay-le-Châtel, Yves Rollet a économisé 9.000 € en alimentation pour son cheptel
Eleveur-sélectionneur à Chenay-le-Châtel, Yves Rollet est parvenu à réaliser de substantielles économies sur le poste alimentation de son exploitation. La couverture des besoins des animaux n’a pas été remise en cause, mais la différence, c’est que le mélange des matières premières est désormais effectué à la ferme.

Yves Rollet est à la tête d’un cheptel charolais d’un peu plus de 110 vaches inscrites au Herd-book. L’exploitation 100 % herbagère couvre 150 hectares à cheval sur les communes voisines de Chenay-le-Châtel en Saône-et-Loire et de Vivans dans la Loire. Sélectionneur, Yves Rollet privilégie la production de charolais reproducteurs. Très attaché « aux qualités de race, d’aplombs, de ligne de dos », l’éleveur soigne les ascendances de ses animaux et n’achète que des taureaux de lignées reconnues. Fidèle à ses critères de sélectionneur, Yves est aussi très attentif aux index de ses animaux. C’est d’ailleurs ce qu’il enseigne à ses apprentis : « bien avoir en tête qu’au-dessus de 98, c’est améliorateur et qu’en dessous de 98, c’est détériorateur ». Bénéficiant d’une bonne clientèle, l’éleveur essaie aussi de satisfaire la diversité des attentes de ses acheteurs qui vont d’animaux viandés au type élevage sans oublier la facilité de vêlage, très convoitée aujourd’hui.
100 % herbe, 100 % maigre
La production d’animaux reproducteurs étant la vocation privilégiée de son élevage, Yves Rollet n’engraisse aucune bête et les broutards ne sont pas le débouché principal de ses mâles. Vendues maigres, ses meilleures vaches de réformes rejoignent cependant la filière Label rouge Charolais Terroir. Cette spécialisation dans la production de reproducteurs et d’animaux maigres explique l’absence de cultures sur la ferme. La question de l’intérêt de produire un peu de céréales s’était posée en son temps. Pour y répondre, une étude économique avait été réalisée par l’un des stagiaires en BTS accueilli sur la ferme. L’étudiant avait alors mis en évidence que dans le cas d’Yves, « le fait d’être autonome ou pas ne changeait pas grand-chose au niveau économique », rapporte l’éleveur. Ajouté au temps à consacrer à ces cultures, au besoin de surfaces supplémentaires et au peu d’enthousiasme de l’éleveur pour la mécanisation et les travaux aux champs, l’idée a été définitivement écartée.
Verdict des coûts de production
Si la quête de l’autonomie alimentaire n’a pas été retenue, en revanche, l’éleveur a tout de même revu son système économique. C’est à l’occasion d’une visite de son exploitation organisée par la MFR d’Anzy-le-Duc, Bovins croissance 71 (devenu depuis Alsoni Conseil Elevage 71) et le Herd-book charolais qu’Yves a fait procéder à une analyse économique complète de son entreprise. Réalisée par Sophie Deschaumes de Bovins croissance, cet audit économique dénommé "Capeco" a mis en lumière un poste de dépenses très élevé en alimentation, de l’ordre de 43.000 € pour l'année 2014, confie Yves. Une charge que le comptable de l’exploitation avait lui aussi signalée, informe l’éleveur.
Achat de matières premières
Pour alléger la facture alimentaire de l’élevage, Yves a décidé de revoir sa stratégie d’achat. A la place du mélange « à la carte » qu’il se faisait livrer auparavant « tout fait » par un fournisseur unique, l’éleveur a décidé de passer à des achats de matières premières pour confectionner son mélange à la ferme.
L’exploitation disposait déjà d’un bol mélangeur qui ne demandait qu’à être mieux amorti. Le préalable à ce changement de stratégie était également d’aménager un bâtiment de stockage adéquat à peu de frais. Yves a pu transformer un hangar existant. A l’intérieur, il a construit des cases de stockage à plat permettant de benner directement les matières premières et de les reprendre au godet. Un aplatisseur de grains a également été installé ainsi qu’une petite bétonnière électrique pour mélanger de petites quantités de matières sèches. Le sol a également été bétonné pour plus de propreté et de confort de travail.
Désormais, Yves achète des tourteaux de colza et de lin en grandes quantités auprès d’un marchand d’aliment local. L’orge et le concentré de base (mélange de pulpe, luzerne, drèche) proviennent de deux coopératives. La fourniture du concentré est sécurisée par un contrat à l’année avec Agri Sud-Est, détaille l’éleveur. Quant au maïs grain, Yves va l’acheter directement auprès d’un maïsiculteur de l’Allier lequel le lui cède 155 €/tonne. Il en faut trente tonnes par an qu’Yves va chercher sur place avec une benne acquise d’occasion, précise-t-il.
Une économie de plus de 11.000 €
Le simple fait de réaliser ses mélanges lui-même a eu un impact immédiat sur ses frais d’alimentation. Ce poste a en effet chuté de -11.407 € en 2015, révèle l’éleveur, soit un bon tiers de moins qu’en 2014. Les résultats n’ont toutefois pas été aussi marqués en 2016 car les mauvaises récoltes fourragères ont obligé à mettre davantage de protéines, indique Yves. Sans oublier l’effet de la hausse des prix du lin et du maïs. Mais malgré cela, l’économie atteint tout de même encore les 7.000 € de moins par rapport à 2014, ce qui équivaut à un gain moyen annuel d’environ 9.000 €, calcule Yves.
Bien entendu, cette incorporation de matières premières nécessite de bien caler les rations. Pour cela, Yves Rollet fait appel à deux techniciens ; l’un d’Agri Sud-Est et l’autre de la société Obione découverte par le biais de son groupement d’éleveurs sélectionneurs, le Gerc 42. Le suivi comprend des analyses de fourrages réalisées chaque année ainsi que des prises de notes d’état, de notes de propreté, un bilan de reproduction, des analyses de colostrum… Une démarche raisonnée qui porte ses fruits.
A Chenay-le-Châtel, Yves Rollet a économisé 9.000 € en alimentation pour son cheptel

Yves Rollet est à la tête d’un cheptel charolais d’un peu plus de 110 vaches inscrites au Herd-book. L’exploitation 100 % herbagère couvre 150 hectares à cheval sur les communes voisines de Chenay-le-Châtel en Saône-et-Loire et de Vivans dans la Loire. Sélectionneur, Yves Rollet privilégie la production de charolais reproducteurs. Très attaché « aux qualités de race, d’aplombs, de ligne de dos », l’éleveur soigne les ascendances de ses animaux et n’achète que des taureaux de lignées reconnues. Fidèle à ses critères de sélectionneur, Yves est aussi très attentif aux index de ses animaux. C’est d’ailleurs ce qu’il enseigne à ses apprentis : « bien avoir en tête qu’au-dessus de 98, c’est améliorateur et qu’en dessous de 98, c’est détériorateur ». Bénéficiant d’une bonne clientèle, l’éleveur essaie aussi de satisfaire la diversité des attentes de ses acheteurs qui vont d’animaux viandés au type élevage sans oublier la facilité de vêlage, très convoitée aujourd’hui.
100 % herbe, 100 % maigre
La production d’animaux reproducteurs étant la vocation privilégiée de son élevage, Yves Rollet n’engraisse aucune bête et les broutards ne sont pas le débouché principal de ses mâles. Vendues maigres, ses meilleures vaches de réformes rejoignent cependant la filière Label rouge Charolais Terroir. Cette spécialisation dans la production de reproducteurs et d’animaux maigres explique l’absence de cultures sur la ferme. La question de l’intérêt de produire un peu de céréales s’était posée en son temps. Pour y répondre, une étude économique avait été réalisée par l’un des stagiaires en BTS accueilli sur la ferme. L’étudiant avait alors mis en évidence que dans le cas d’Yves, « le fait d’être autonome ou pas ne changeait pas grand-chose au niveau économique », rapporte l’éleveur. Ajouté au temps à consacrer à ces cultures, au besoin de surfaces supplémentaires et au peu d’enthousiasme de l’éleveur pour la mécanisation et les travaux aux champs, l’idée a été définitivement écartée.
Verdict des coûts de production
Si la quête de l’autonomie alimentaire n’a pas été retenue, en revanche, l’éleveur a tout de même revu son système économique. C’est à l’occasion d’une visite de son exploitation organisée par la MFR d’Anzy-le-Duc, Bovins croissance 71 (devenu depuis Alsoni Conseil Elevage 71) et le Herd-book charolais qu’Yves a fait procéder à une analyse économique complète de son entreprise. Réalisée par Sophie Deschaumes de Bovins croissance, cet audit économique dénommé "Capeco" a mis en lumière un poste de dépenses très élevé en alimentation, de l’ordre de 43.000 € pour l'année 2014, confie Yves. Une charge que le comptable de l’exploitation avait lui aussi signalée, informe l’éleveur.
Achat de matières premières
Pour alléger la facture alimentaire de l’élevage, Yves a décidé de revoir sa stratégie d’achat. A la place du mélange « à la carte » qu’il se faisait livrer auparavant « tout fait » par un fournisseur unique, l’éleveur a décidé de passer à des achats de matières premières pour confectionner son mélange à la ferme.
L’exploitation disposait déjà d’un bol mélangeur qui ne demandait qu’à être mieux amorti. Le préalable à ce changement de stratégie était également d’aménager un bâtiment de stockage adéquat à peu de frais. Yves a pu transformer un hangar existant. A l’intérieur, il a construit des cases de stockage à plat permettant de benner directement les matières premières et de les reprendre au godet. Un aplatisseur de grains a également été installé ainsi qu’une petite bétonnière électrique pour mélanger de petites quantités de matières sèches. Le sol a également été bétonné pour plus de propreté et de confort de travail.
Désormais, Yves achète des tourteaux de colza et de lin en grandes quantités auprès d’un marchand d’aliment local. L’orge et le concentré de base (mélange de pulpe, luzerne, drèche) proviennent de deux coopératives. La fourniture du concentré est sécurisée par un contrat à l’année avec Agri Sud-Est, détaille l’éleveur. Quant au maïs grain, Yves va l’acheter directement auprès d’un maïsiculteur de l’Allier lequel le lui cède 155 €/tonne. Il en faut trente tonnes par an qu’Yves va chercher sur place avec une benne acquise d’occasion, précise-t-il.
Une économie de plus de 11.000 €
Le simple fait de réaliser ses mélanges lui-même a eu un impact immédiat sur ses frais d’alimentation. Ce poste a en effet chuté de -11.407 € en 2015, révèle l’éleveur, soit un bon tiers de moins qu’en 2014. Les résultats n’ont toutefois pas été aussi marqués en 2016 car les mauvaises récoltes fourragères ont obligé à mettre davantage de protéines, indique Yves. Sans oublier l’effet de la hausse des prix du lin et du maïs. Mais malgré cela, l’économie atteint tout de même encore les 7.000 € de moins par rapport à 2014, ce qui équivaut à un gain moyen annuel d’environ 9.000 €, calcule Yves.
Bien entendu, cette incorporation de matières premières nécessite de bien caler les rations. Pour cela, Yves Rollet fait appel à deux techniciens ; l’un d’Agri Sud-Est et l’autre de la société Obione découverte par le biais de son groupement d’éleveurs sélectionneurs, le Gerc 42. Le suivi comprend des analyses de fourrages réalisées chaque année ainsi que des prises de notes d’état, de notes de propreté, un bilan de reproduction, des analyses de colostrum… Une démarche raisonnée qui porte ses fruits.