A Chissey-en-Morvan, le pont de Souvert rénové solde un dossier vieux de six ans...
Il y a six ans de cela, un conflit s’installait entre le maire de Chissey-en-Morvan et les utilisateurs du pont de Souvert… qui leur était dès lors interdit. Pour cause de sécurité. Quatre ans après, le bon sens a fini par l’emporter grâce, notamment, à la détermination de Philippe Moreau.

En 2011, un conflit local s'installait entre les agriculteurs et Michel Criqui, maire de Chissey-en-Morvan, au sujet du pont de Souvert et de son utilisation… Un conflit comme il peut en exister ailleurs mais qui a su susciter une réaction des agriculteurs et leur refus de baisser les bras a permis de trouver une solution dans l’intérêt général.
Tout a commencé lorsqu’un cabinet d’études était chargé de vérifier les ouvrages d'art sur le Ternin à Chissey comme dans les communes. Après inspection, le cabinet déclarait ce pont "inapte" à supporter les passages des matériels agricoles, des camions quelles qu’en soient la charge et des voitures. Surtout, il stipulait au maire que sa responsabilité serait engagée en cas d'accident… Il est vrai que la sortie du pont débouchait alors en plein virage et cela sans beaucoup de visibilité pour ceux qui venait du pont de Souvert comme pour les utilisateurs de la route départementale 980.
Reste que ce pont était l’accès unique pour desservir quelques trente à quarante hectares de prés, mais aussi le massif forestier accidenté adossé à ces terres.
Une impasse…
Dès lors, comment faire ? Ne plus passer avec un engin agricole ou forestier et laisser choir les parcelles concernées en friche, puis en bois et cela sans aucune exploitation possible ni maintenant, ni d’ailleurs à l’avenir ou s’emparer du problème et refuser la première hypothèse ?
Optant pour la première solution au regard des risques potentiels et cherchant à se protéger, le maire de Chissey-en-Morvan optait assez naturellement en faveur de l'interdiction de l'accès au pont, quitte même à y placer un bloc de pierre en travers de la route des fois que…
Aussitôt, Philippe Moreau, agriculteur à Lucenay-L’Evêque et président du syndicat intercommunal, alertait la FDSEA 71, refusant de laisser tomber les exploitants concernés. Rapidement, une réunion était organisée à la sous-préfecture à Autun en présence de toutes les parties.
Alors que chacun campait sur ses positions, au fil des ans les pistes se sont peu à peu affinées. Ainsi, initialement avancée par Franck Richard, responsable du pôle Développement territorial à la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, l’idée d'associer la forêt à cette démarche faisait son chemin. De fait, un ouvrage à même de supporter le passage de camions s’imposait pour permettre la sortie des bois, une étape qui permettait d’envisager puis d’accéder à un possible accompagnement financier pour monter un tel projet dont le coût s’élevait tout de même à 240.000 €. Et cela, il faut le souligner grâce à la détermination de Carole Dabrigeon, alors sous-préfète, laquelle s’est fortement impliquée dans la recherche d’une solution à même de satisfaire chacun des parties. Il faut aussi saluer l’engagement des propriétaires forestiers lesquels ont mis la main à la poche, bien conscients que sans ce pont les forêts et bois concernés et donc situés du mauvais côté du Ternin seraient de facto inexploitables. Une plateforme de stockage et une sortie aménagée du pont étaient également envisagées.
De la détermination
Le 10 août 2016, les travaux du pont de Souvert débutaient enfin. Un dossier qui s’achevait après six ans de bataille, qui a mobilisé une importante énergies, notamment de la part de Philippe Moreau.
De fait, dans ce dossier, le président du syndicat intercommunal a tenu bon alors qu’il aurait pu maintes et maintes fois baissé les bras. Il faut dire que ce dossier, manifestement, lui tenait à cœur, aussi n’a-t-il jamais lâché, mettant régulièrement la pression pour que ce projet collectif avance et trouve une conclusion dans l’intérêt général. Il a en parallèle conduit un important travail de terrain, de sensibilisation des parties, alors que, pour des échanges de terrain indispensables, certains auraient pu se retrancher vers des intérêts plus individuels...
Finalement, l’inauguration du pont de Souvert rénové avait lieu le 1er mars dernier en présence d’Eric Boucourt, nouveau sous-préfet, des représentants du Conseil départemental, dont Frédéric Brochot, de ceux de l'Onema, de quelques élus et habitants concernés. A cette occasion, Luc Jeannin, représentant de la FDSEA 71, a tenu à saluer aussi Michel Criqui, le maire, qui, malgré les tensions de départ, a mené à bien ce projet. Depuis, agriculteurs et forestier peuvent traverser le Ternin en tout sérénité...