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Avenir de nos territoires

A construire ensemble

La seconde table ronde était consacrée à l’avenir de nos territoires
ruraux. Dans la perspective d’une Pac en refonte, la profession entend
fédérer tous les acteurs de la ruralité autour d’un projet commun pour
l’avenir de nos territoires ruraux, et donc celui de notre agriculture.
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« Avec la nouvelle Pac, nous assistons à une remise en cause des historiques, en somme à une nouvelle ère ». D’emblée Robert Verger, membre du bureau de la FNSEA et viticulteur dans le Rhône, campait le décor sur ce qui devrait constituer une évolution majeure de la Politique agricole commune. Cela est d’autant plus à prendre au sérieux que l’Union européenne poursuit le démantèlement de ses outils de gestion des crises, lesquelles relèveront désormais du 2e pilier, ce qui suppose des cofinancements nationaux et au regard de l’état des finances publiques…, on est en droit de craindre le pire. « Dans 15 ans, il va falloir nourrir le monde. Alors, le verdissement, nous ne sommes pas contre, mais tel qu’il est conçu, la marche est très haute et trop risquée », poursuivait Robert Verger pour qui, actuellement, « la seule priorité, c’est le budget ! Et tel qu’il est prévu, c’est-à-dire constant sans prise en compte en compte de l’inflation, cela signifie en réalité en baisse ».

L’avenir en confiance


« Il est urgent que le cadre européen de la Pac soit fixé, afin que nous puissions travailler à l’adapter à nos territoires », rebondissait Bernard Lacour. « La vraie question est comment allons-nous accompagner nos territoires à faibles potentiels, mais avec des produits de qualité pourtant reconnus ? » Il posait ainsi la question de l’avenir incertain des zones défavorisées simples, celle de l’herbe subie sur nombre d’exploitations et donc celle de l’autonomie de nos exploitations, sans oublier l’entrée de la viticulture dans la Pac. Quant au verdissement réglementaire, « on n’a pas attendu que la Commission européenne nous mette des règles ! Chez nous, l’herbe est verte depuis longtemps ».
Face à cette perspective, la profession agricole de Saône-et-Loire -à l'initiative de la chambre d’agriculture- a engagé une vaste réflexion sur l’avenir de nos territoires, sur la place de l’agriculture dans nos territoires au travers de la démarche "L’avenir en confiance". « Les porcheries, les poulaillers, la gestion du foncier, la valorisation de nos productions ou encore le fait d’opposer bio et conventionnel… sont autant de questions que nous entendons aborder sans tabou », poursuivait le secrétaire général de la FDSEA. Dix-huit groupes se sont d’ores et déjà réunis plusieurs fois, soit près de 300 personnes. Un questionnaire sera prochainement adressé aux agriculteurs et cinq réunions d’arrondissement seront organisées pour poursuivre le débat en vue de la présentation des conclusions le 5 juillet prochain. « Pour nous, l’urgent est que nos territoires ruraux cessent de se vider. Qu’ensemble, politiques, exploitants, ruraux donnent une ligne claire ».
Une analyse confortée par Vincent Pacini, sociologue. Pour lui, les premières remontées des groupes de réflexion font apparaître que l’on dispose « de marges de manœuvre quasiment sur tout ». « Il y a certes une multitude d’agricultures possibles, et l’acte de produire est loin d’être la seule clé de la réussite ». Pour preuve, les écarts de rentabilité d’une exploitation à l’autre au sein d’un même modèle économique fluctuent de 1 à 8 !

Des débats constructifs


« Oui, il y a de réelles marges de manœuvre et des capacités d’évolution pour les exploitations de notre département », confortait Jean-Paul Emorine, sénateur, exemples à clé. Il évoquait ainsi la nécessité de poursuivre la politique de remembrement et d’aménagement foncier en vue d’une restructuration parcellaire des exploitations, « une compétence qui relève désormais du conseil général », rappelait-il en se tournant vers Arnaud Montebourg. En ce qui concerne la Pac, Jean-Paul Emorine plaidait en faveur d’une harmonisation nationale des soutiens, avant de penser à une harmonisation européenne : « si on mène une politique de solidarité, il y a besoin de regarder cela ». Et d’insister en faveur de systèmes assurantiels, lesquels sont d’ores et déjà « indispensables ».
« Nous avons, droite et gauche confondues, un problème avec la vision libérale de la Commission européenne », enchaînait Arnaud Montebourg. Pour lui, « les dégâts sur l’agriculture vont se poursuivre : on parle de verdissement, c’est-à-dire de nouvelles contraintes pour nos producteurs tandis qu’on dérégule toujours plus et on laisse entrer sans conditions des produits d’ailleurs ». En somme, « le cadre européen est instable. Il est défavorable aux modèles agricoles comme le nôtre, héritier de l’agriculture familiale ».
« La Pac n’a jamais été faite pour les agriculteurs, mais pour les consommateurs », rappelait à juste propos Bernard Lacour pour qui la seule question demeure celle l’adaptation de la Pac « pour faire en sorte que, sur tout le territoire, quels soient les potentiels agronomiques et quelles que soient les productions, on ait des femmes et des hommes qui vivent de leur métier ».
Et Robert Verger de mettre en avant un outil qui peut aider à cela et répondre aux délicates questions évoquées par les élus à la table ronde : la TVA anti-délocalisation, la TVA Emploi, mise en avant et proposée par la FNSEA depuis maintenant plus de dix ans…

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