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Dans la mutation laitière

Accompagner les éleveurs

L’assemblée générale de Saône-et-Loire Conseil élevage se tenait le 5 décembre dernier à Allerey-sur-Saône. Tandis que le paysage laitier départemental se restructure, l’ex-Contrôle laitier s’adapte en optimisant le contrôle de performance et en déployant des services répondant aux nouvelles exigences des élevages.
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Saône-et-Loire Conseil élevage compte à ce jour 308 adhérents bovins et 42 adhérents caprins. Rompant en apparence avec la baisse chronique observée depuis 1997, le nombre d’élevages bovins adhérents n’aurait a priori pas baissé cette année. Mais cette stabilité est très relative puisqu’elle cache tout de même près d’une douzaine de cessations d’élevages de plus de 40 vaches. Ces abandons ont été compensés en nombre par la reprise de petits ateliers (moins de 15 vaches) en plan mammites, expliquait le directeur Michel Place. Si le nombre de vaches laitières en contrôle demeure stable aux alentours de 19.000 animaux, il faut savoir que dans certains gros départements laitiers, ce chiffre a augmenté en 2013, faisait remarquer le directeur. En caprin, la stabilité est plus solide avec environ 4.000 chèvres contrôlées dans des élevages très majoritairement fromagers.

Défis techniques


Dans « une ambiance laitière dégradée » sans véritable « reprise de confiance », décrivait le président Emmanuel Donet, la restructuration des exploitations se poursuit avec des troupeaux de plus en plus importants, obligeant à de véritables prouesses techniques. La main-d’œuvre et la qualité de vie demeurent des problématiques très déterminantes dans ces élevages laitiers. Les nouvelles technologies offrent certes des solutions, mais elles constituent aussi de véritables défis tant la généralisation des capteurs dans les équipements d’élevage génèrent de données nouvelles sur les animaux et le lait. Des défis pour lesquels les éleveurs peuvent compter sur les compétences de Saône-et-Loire Conseil élevage. « La mission de votre structure est bien d’accompagner ses adhérents dans la valorisation de toutes ces données collectées », rappelait ainsi Emmanuel Donet.

Faciliter le contrôle de performances


Activités de base de l’ex-Contrôle laitier, la collecte des données et le contrôle de performances ne sont pas une mince affaire. Preuve en est, le protocole de contrôle par l’éleveur ne décolle pas et la pérennisation des postes d’agents de pesée devient de plus en plus compliquée, confiait Michel Place.
Pour pallier ces difficultés, Saône-et-Loire Conseil élevage investit dans des technologies performantes avec comme objectif de « faciliter le contrôle de performances. C’est ainsi que se déploie dans le département la "liste de pesée électronique" » pour les élevages équipés de salles de traite classiques. Grâce à des puces et des lecteurs, la liste de pesée permet une identification électronique des animaux et des flacons lors du contrôle, réglant ainsi le fastidieux repérage des animaux en salle de traite. Une version caprine est sur le point d’être déployée. Pour les salles de traite équipées de logiciel de pilotage ou les robots, Saône-et-Loire Conseil élevage fournit gratuitement le logiciel d’échange de données “Ori-Automate”. Pour les robots, les contrôleurs sont en train de s’équiper d’un nouvel échantillonneur “Ori-Collector”.

“Siel web”, “CapLait web”, “E conseil”…


Le contrôle de performances s’enrichit avec, par exemple, l’analyse individuelle d’urée qui se fait désormais en routine. Siel Web”, véritable tableau de bord en ligne des informations de conduite d’élevage, a désormais remplacé CoLine” dans 62 % des élevages. Outre les résultats de contrôle, “Siel Web propose des indicateurs et alertes sur la nutrition, les coûts, la qualité du lait, la reproduction… Un service de “E-conseil” est même accessible désormais. En caprin, l’outil de gestion du troupeau “CapLait” est en pleine ré-écriture. Une première version de “CapLait Web” est attendue pour fin 2014.

Services et conseils techniques les plus prisés


Saône-et-Loire Conseil élevage continue d’étoffer son offre de services. Aujourd’hui, « la nutrition des animaux, la gestion de production laitière et des évènements prévisionnels de l’élevage demeurent les compétences les plus prisées par nos adhérents. La qualité du lait est une préoccupation montante, de par la surcharge de certains bâtiments, les difficultés de gestion de troupeaux en forte croissance et le renforcement des règles de l’industrie laitière », indiquait Michel Place.
En 2014, la structure va remettre l’accent sur la conduite des génisses en ciblant plus particulièrement la période 0 à 6 mois. Une orientation qui n’est pas sans lien avec le programme de production et de commercialisation de génisses montbéliardesGessica” (lire notre édition du 20 décembre en page 9), dont Saône-et-Loire Conseil élevage est l’un des acteurs techniques.
De plus en plus d’éleveurs sont demandeurs d’analyses de leurs coûts de production. Cette demande gagne aussi les éleveurs de chèvres pour lesquels Saône-et-Loire Conseil élevage formera des groupes dès 2014.

Un diagnostic qualité de traite


Parmi les nouveautés, « le diagnostic Qualité de traite » ou « Lactotraite » a été mis en place en 2013. Il s’agit d’un « enregistrement des courbes d’éjection du lait » au moyen d’un « Lacto Corder ». Cette mesure effectuée en salle de traite renseigne sur les impacts des pratiques de traite, de la morphologie des vaches et de la machine à traire. Peuvent ainsi être décelées les vaches dont la cinétique de traite pose problème ou encore une éventuelle sur-traite liée à la machine (décrochage), les différences d’efficacité entre trayeurs, l’inadéquation de l’installation, les anomalies de lavage…
Pour les éleveurs s’interrogeant sur la durabilité de leur système, Saône-et-Loire Conseil élevage vient de créer un conseil “Bio durable”. Avec la chambre d’agriculture, c’est un service “Sécurité grand troupeau” qui vient également d’être mis en place.



Ain et Saône-et-Loire Conseil élevage
Fusion repoussée à 2014


En principe, Saône-et-Loire Conseil élevage devait fusionner en cette fin 2013 avec son homologue Ain Conseil élevage dont il s’est rapproché depuis quelques années. C’est pour des raisons fiscales que cette fusion ne s’est pas faite comme prévu, expliquait Emmanuel Donet. En l’état, la fusion des deux syndicats de contrôle laitiers aurait entraîné une imposition sur plus de 30 % de leurs actifs. Pour éviter cette lourde taxation, la fédération nationale France Conseil élevage a adressé une requête aux ministères de l’Agriculture et des Finances. Les responsables de Saône-et-Loire et Ain Conseil élevage espèrent ainsi voir aboutir leur démarche courant 2014 pour une fusion effective au 31 décembre prochain. En attendant, les deux structures poursuivent leur œuvre commune avec des équipes et des services mutualisés.





Collecte des données
L’Etat rêve d’ouvrir à la libre concurrence…


A l’heure où l’on apprend que le ministère de l’Agriculture rêve d’ouvrir à la libre concurrence la collecte des données, le président de Saône-et-Loire Conseil élevage, Emmanuel Donet, tenait à redire que « Conseil élevage collecte toutes les données quelle que soit la taille des élevages et la rentabilité de cette collecte ». Un principe et une éthique que n’adopteront jamais des organisations privées ou commerciales, entendait-il ainsi rappeler…




« Pas d’autre choix que de conserver le lait dans nos régions ! »


Pour Régis Dumey, président de la section laitière de la FDSEA, « la plus grosse crainte est que le potentiel de production laitière du département diminue. La filière laitière est en train de changer de monde. Avant, les quotas étaient gérés par les pouvoirs publics, mais tout ça, c’est de l’histoire ancienne ! Désormais pour conserver du lait, il faut un débouché avec un opérateur économique. En plaine, il y a la concurrence des céréales certes, mais il faut pouvoir trouver les hectares… Dans nos régions, nous avons donc intérêt à trouver des solutions pour conserver le lait. Ce sera le rôle des organisations de producteurs en lien avec les acheteurs. Equilibre filière, négociation du juste prix seront beaucoup plus importants qu’une prime à la vache laitière d’un montant de seulement 20 ou 30 € ! », estimait Régis Dumey.


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