Enseignement agricole public
Adapté à son temps
Depuis 2009, le maillage territorial et la diversité de l’enseignement
agricole public sont questionnés. C’est l’analyse du Comité de défense
et de développement de l’enseignement agricole public. Ce dernier veille
à rappeler les « spécificités de ce modèle qui marche », alors qu’une
Loi d’avenir agricole est prévue au second semestre.
agricole public sont questionnés. C’est l’analyse du Comité de défense
et de développement de l’enseignement agricole public. Ce dernier veille
à rappeler les « spécificités de ce modèle qui marche », alors qu’une
Loi d’avenir agricole est prévue au second semestre.
« -12 points de réussite au bac ». Lançée en 2009, la rénovation de la voie professionnelle – dite du Bac Pro en 3 ans - livre son premier verdict. Et il n’est pas bon. Du Snetap-FSU, Nicolas Chaffurin rappelle que l’éducation d’un élève – d’un professionnel et d’un citoyen – est, il ne faut jamais l’oublier, aussi une « question de maturité » : « chaque élève est différent. Pouvoir s’adapter à son rythme est fondamental. C’est important pour sa confiance dont dépend aussi son choix d’orientation. Avec la perte d’une année (suppression des BEP, NDLR), les professeurs ont moins de temps pour "raccrocher" ceux en échec scolaire ».
Le 29 avril à Mâcon, le Comité de défense et de développement de l’enseignement agricole public tenait donc un atelier dans la région Bourgogne sur le thème de la « Promotion sociale ». Le matin, les députés Thomas Thévenoud ou Christian Bonnot, ou encore la sénatrice des Hauts-de-Seine, Brigitte Gonthier Maurin, insistaient sur une des particularités de l’enseignement agricole, celle « d’avoir des ateliers et exploitations pour montrer le devenir du métier avec de vrais situations ». En cela, l’agriculture ouvre la voie et préfigurait avant l'heure le label national « lycée des métiers » créé aujourd’hui pour « mettre en évidence la cohérence d'une offre de formation, la prise en compte des attentes des élèves et l'adaptation aux besoins des employeurs ».
Différents témoignages (cavistes, attaché parlementaire…) montraient également que le chemin inverse est également possible. Ces "intellectuels" se reconvertissant dans le monde agricole ou viticole. Les passerelles entre exploitants, salariés et chef d’entreprises sont de plus en plus poreuses même si la validation des acquis de l’expérience (VAE) n’existe toujours pas. Pourtant, un paysan n’est plus qu’un paysan et surtout plus forcément toute sa vie. Plus largement, c’est surtout la gestion des carrières, dans un sens ou l’autre, qui se pose…
« Maillage territorial »
En France, 833 établissements forment un « véritable maillage » territorial. 216 sont publics et 617 privés. A la rentrée 2012, sur les 169.621 élèves, 61.715 (36,4 %) étaient dans le public. Idem dans les 19 établissements du “supérieur” : sur 32.894 étudiants, 12.639 (38,4 %) sont dans le public. « L’enseignement agricole public est l’équivalent d’une académie de l’Education nationale mais répartie sur tout le territoire français ». En Bourgogne, 14 établissements agricoles publics comptent en moyenne 125 élèves par site.
« Le défi est de maintenir voir reconquérir » des classes, espèrent les membres du Comité. Mais après les Assises en 2009 et le « désengagement de l’Etat », c’est au tour de la « rigueur » budgétaire en régions, en France et en Europe qui inquiète. « Le lycée de Semur-en-Auxois a fermé, le site de Champignelles (Yonne) a été rapatrié à Auxerre, il y a des craintes de fusions entre Quétigny et Plombières-les-Dijon ou encore dans le cas du CFA de Saône-et-Loire et ses antennes (Saint-Marcel, Gueugnon…) », égrène Evelyne Goulian (Snetap-FSU).
Pour la rentrée 2013, « il n’y a pas eu d’avis favorable pour l’ouverture de nouvelles classes » dans le public « alors qu’il y a en a eu dix pour le privé », souligne-t-elle encore. Il faut dire que certaines filières sont sous tension comme le secteur du machinisme proposant plus de 7.000 postes actuellement au national. « Accessibles avec un niveau Bac pro et BTS et sur des niveaux de rémunération commençant à 1.600-1.800 €/mois ».
Relocaliser
Au second semestre, le Gouvernement va proposer sa Loi d’avenir agricole pour y remédier. Avant, le Comité entend donc « faire consensus » - au delà des familles politiques et syndicales - pour défendre les spécificités de l’enseignement agricole public, affirme Xavier Compain. Outre la formation initiale et la formation sociale, « c’est aussi l’occasion de réaffirmer que la formation tout au long de la vie (continue) doit être un droit pour sécuriser les parcours professionnels », rajoute le membre du Conseil national du PCF, responsable de l’agriculture.
Relocalisation, réindustrialisation, diversité des formations « en lien avec les territoires »… « l’employabilité » localement est rendue possible via « l’engagement des professionnels », des stages et du personnel encadrant. « Le système marche. Pour "rééquilibrer", Stéphane Le Foll doit envoyer un signe à l’enseignement agricole public ». Car même avec l’annonce de « 60.000 postes d’enseignants », ce n’est « pas l’euphorie » pour la Bourgogne avec 400 postes, même si « ces améliorations » sont notées.
Autonomie de jugement
Délégué des parents d’élèves (FCPE), Marie-Laure Shneider résume simplement ce qui les motive tous : « l’apprenant doit être au cœur de sa formation et des préoccupations de l’équipe éducative ». Les faibles effectifs par classe sont autant de chances pour le suivi personnalisé. Les compétences acquises sont au rendez-vous. D’autres à l’extérieur le savent. « Je suis parfois obliger de rappeler des entreprises pour ne pas qu’elles débauchent nos étudiants en 1er année BTS. Elles recherchent du personnel doublement formé au commerce du vin », assure Nicolas Chaffurin, « alors qu’après, les commerciaux n’ont pas forcément la possibilité de monter et quittent ces mêmes entreprises », constate-t-il à long terme. La faute parfois au diplôme, très (trop) reconnu en France...
Un difficile dilemme donc entre saisir une opportunité et apprendre « sur le tas » ou se former, rater ses opportunités mais « choisir sa voie » durablement. Finalement l’enseignement agricole public permet ses deux possibilités. Une chance pour tous.
Citoyen universel
Le 29 avril à Mâcon, le Comité de défense et de développement de l’enseignement agricole public tenait donc un atelier dans la région Bourgogne sur le thème de la « Promotion sociale ». Le matin, les députés Thomas Thévenoud ou Christian Bonnot, ou encore la sénatrice des Hauts-de-Seine, Brigitte Gonthier Maurin, insistaient sur une des particularités de l’enseignement agricole, celle « d’avoir des ateliers et exploitations pour montrer le devenir du métier avec de vrais situations ». En cela, l’agriculture ouvre la voie et préfigurait avant l'heure le label national « lycée des métiers » créé aujourd’hui pour « mettre en évidence la cohérence d'une offre de formation, la prise en compte des attentes des élèves et l'adaptation aux besoins des employeurs ».
Différents témoignages (cavistes, attaché parlementaire…) montraient également que le chemin inverse est également possible. Ces "intellectuels" se reconvertissant dans le monde agricole ou viticole. Les passerelles entre exploitants, salariés et chef d’entreprises sont de plus en plus poreuses même si la validation des acquis de l’expérience (VAE) n’existe toujours pas. Pourtant, un paysan n’est plus qu’un paysan et surtout plus forcément toute sa vie. Plus largement, c’est surtout la gestion des carrières, dans un sens ou l’autre, qui se pose…
« Maillage territorial »
En France, 833 établissements forment un « véritable maillage » territorial. 216 sont publics et 617 privés. A la rentrée 2012, sur les 169.621 élèves, 61.715 (36,4 %) étaient dans le public. Idem dans les 19 établissements du “supérieur” : sur 32.894 étudiants, 12.639 (38,4 %) sont dans le public. « L’enseignement agricole public est l’équivalent d’une académie de l’Education nationale mais répartie sur tout le territoire français ». En Bourgogne, 14 établissements agricoles publics comptent en moyenne 125 élèves par site.
« Le défi est de maintenir voir reconquérir » des classes, espèrent les membres du Comité. Mais après les Assises en 2009 et le « désengagement de l’Etat », c’est au tour de la « rigueur » budgétaire en régions, en France et en Europe qui inquiète. « Le lycée de Semur-en-Auxois a fermé, le site de Champignelles (Yonne) a été rapatrié à Auxerre, il y a des craintes de fusions entre Quétigny et Plombières-les-Dijon ou encore dans le cas du CFA de Saône-et-Loire et ses antennes (Saint-Marcel, Gueugnon…) », égrène Evelyne Goulian (Snetap-FSU).
Pour la rentrée 2013, « il n’y a pas eu d’avis favorable pour l’ouverture de nouvelles classes » dans le public « alors qu’il y a en a eu dix pour le privé », souligne-t-elle encore. Il faut dire que certaines filières sont sous tension comme le secteur du machinisme proposant plus de 7.000 postes actuellement au national. « Accessibles avec un niveau Bac pro et BTS et sur des niveaux de rémunération commençant à 1.600-1.800 €/mois ».
Relocaliser
Au second semestre, le Gouvernement va proposer sa Loi d’avenir agricole pour y remédier. Avant, le Comité entend donc « faire consensus » - au delà des familles politiques et syndicales - pour défendre les spécificités de l’enseignement agricole public, affirme Xavier Compain. Outre la formation initiale et la formation sociale, « c’est aussi l’occasion de réaffirmer que la formation tout au long de la vie (continue) doit être un droit pour sécuriser les parcours professionnels », rajoute le membre du Conseil national du PCF, responsable de l’agriculture.
Relocalisation, réindustrialisation, diversité des formations « en lien avec les territoires »… « l’employabilité » localement est rendue possible via « l’engagement des professionnels », des stages et du personnel encadrant. « Le système marche. Pour "rééquilibrer", Stéphane Le Foll doit envoyer un signe à l’enseignement agricole public ». Car même avec l’annonce de « 60.000 postes d’enseignants », ce n’est « pas l’euphorie » pour la Bourgogne avec 400 postes, même si « ces améliorations » sont notées.
Autonomie de jugement
Délégué des parents d’élèves (FCPE), Marie-Laure Shneider résume simplement ce qui les motive tous : « l’apprenant doit être au cœur de sa formation et des préoccupations de l’équipe éducative ». Les faibles effectifs par classe sont autant de chances pour le suivi personnalisé. Les compétences acquises sont au rendez-vous. D’autres à l’extérieur le savent. « Je suis parfois obliger de rappeler des entreprises pour ne pas qu’elles débauchent nos étudiants en 1er année BTS. Elles recherchent du personnel doublement formé au commerce du vin », assure Nicolas Chaffurin, « alors qu’après, les commerciaux n’ont pas forcément la possibilité de monter et quittent ces mêmes entreprises », constate-t-il à long terme. La faute parfois au diplôme, très (trop) reconnu en France...
Un difficile dilemme donc entre saisir une opportunité et apprendre « sur le tas » ou se former, rater ses opportunités mais « choisir sa voie » durablement. Finalement l’enseignement agricole public permet ses deux possibilités. Une chance pour tous.
Citoyen universel
La « promotion sociale ne veut pas simplement dire formation. C’est l’idée d’un individu qui peut être critique face aux enjeux économiques, techniques, environnementaux, alimentaires… savoir s’adapter en permanence, sans n’avoir qu’un seul modèle d’agriculture ». Finalement, rien n’a changé depuis l’Europe démocratique des Lumières, l’universalité et l’autonomie de jugement forment toujours la base des citoyens de demain…