Agrisolidarité analyse la hausse de ses interventions
L’association Agrisolidarités 71 a tenu son assemblée générale à Jalogny le vendredi 23 mai, avec une trentaine de participants, agriculteurs ou représentants des organisations partenaires. Ensemble, ils ont analysé les activités de l’année avant de se pencher sur les travaux de l’observatoire Amarok, qui observe l’évolution de la santé mentale chez les indépendants dont les agriculteurs de Saône-et-Loire.

Agrisolidarité a tenu son assemblée générale le 23 mai à Jalogny. Cette association institue des partenariats étroits entre les différents interlocuteurs, de façon à intervenir auprès des exploitants de façon concertée et le plus en amont possible sur les situations fragiles ; ce qui permet d’en éviter la dégradation et d’accompagner les chefs d’exploitation vers un retour à l’équilibre.
Le rapport financier présentait les moyens humains pour accomplir ses missions : « 405,10 jours pour quatre conseillers spécialisés de la chambre d’agriculture dans l’accompagnement des situations fragiles, donc une dépense de 206.601 €, avec une intervention de 86.700 € du Département de Saône-et-Loire. 82,90 jours de travail sont aussi assurés par des conseillers d’entreprises ou spécialisés, soit une dépense de la chambre d’agriculture de 42.279 €, financée notamment par le Casdar avec 24.968 €. La MSA apporte la collaboration de sept travailleurs sociaux mobilisés pour 165 jours d’accompagnement », décrivent les dirigeants d’Agrisolidarité.
« Le volume d’activités augmente de façon significative (83 %). Ce n’est pas que l’agriculture va plus mal, c’est peut-être aussi que l‘association est mieux connue », expliquent Violaine Bigot, animatrice d’Agrisolidarité et Clémentine Ducros (référente des travailleurs sociaux MSA). « Les demandes de sollicitations parviennent surtout au premier trimestre, chaque année, sans explication pour l’instant ». Des causes, l’assistance en propose : « parce que c’est une saison morose » ; voire « l’approche des bilans ou la fatigue… ».
Le public concerné se caractérise par un âge moyen de 47 ans et une expérience moyenne de 15 ans après l’installation. Des données qui varient peu, mais le croisement de l’âge et de la localisation fait apparaître certains enseignements. « Dans les arrondissements de Charolles, Louhans et Chalon-sur-Saône, les 40 à 50 ans sont les plus concernés ; dans l’arrondissement de Mâcon, ce sont les plus de 60 ans qui se manifestent, notamment en viticulture », identifient les deux techniciennes. Jean-Jacques Lahaye, de la chambre d’agriculture, s’interroge sur le travail à mener par la profession agricole : « Il n’y a peut-être pas assez d’accompagnements au-delà des cinq premières années d’installation. S’il y a une explosion des demandes, c’est que nous n’arrivons pas à suivre nos agriculteurs à partir d’un certain âge. À 40 ou 50 ans, on ne devrait pas avoir une entreprise qui boîte ; nous avons tous les outils pour que ça aille mieux », ne jugeait-il nullement.
Une première analyse complétée par les délégués d’une organisation paysanne : « C’est une erreur d’installer des jeunes à 18 ans ; ils n’en ont pas la maturité. À 40 ans, on les retrouve souvent dans des situations de mal-être. » Jean-Jacques Lahaye s’interroge, lui aussi, « sur la capacité qu’ils ont ou pas de gérer une exploitation. Cette capacité est parfois diminuée par la pression que les exploitants subissent ». Autre argument, « entre 40 et 50 ans, surviennent les premiers gros ennuis de santé », signale Sylvie, l’une des conseillères de la MSA. « Parfois, ce sont aussi des enfants d’exploitants qui se sont installés parce que leurs parents ne leur ont pas laissé d’autre choix. À 40 ans, se sentent-ils bien dans leur peau ? », tente aussi de comprendre Luc Jeannin, le président de la chambre d’agriculture. Une chose est sûre, Agrisolidarité et son réseau d’organisations sont plus que jamais nécessaires.
L'observatoire Amarok teste la santé mentale des agriculteurs de Saône-et-Loire

Après la partie statutaire, l’assemblée générale s’est poursuivie avec la présentation du travail d’Amarok en Saône-et-Loire. Cet observatoire s’intéresse à la santé physique et mentale des travailleurs non-salariés (TNS) : dirigeants de petites et moyennes entreprises (PME), commerçants, professions libérales, artisans…
Laure Chanselme, psychologue du travail et Stéphanie Bugaut-Heichelbech, enseignante-chercheuse, ont présenté les travaux en cours. « Au niveau national, 2.833 dirigeants ont été testés sur leur santé mentale. 1.588 sont dépistés fortement touchés par des facteurs de stress et 271 personnes ont été prises en charge. Le test montre qu’un petit tiers de l’effectif, soit 930 dirigeants, affiche une balance positive ». En Saône-et-Loire, un peu moins de 600 personnes ont effectué le test. « 303 personnes ont eu accès au dépistage du burn-out. Ensuite, 55 contacts ont eu accès au formulaire de contact, mais seulement 19 ont poursuivi la démarche ».
Scientifiquement, un état de stress survient lors d’un déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face.
Traditionnellement, Les exploitants agricoles se démarquent des autres travailleurs non salariés dans l‘expression des facteurs de stress. Dans l’agriculture, on accuse « l’administratif, la météo, les problèmes des animaux, les pannes de matériels… ». Chez les autres entrepreneurs, ressortent « la charge de travail, la pression fiscale et les problèmes de ressources humaines, le manque de reconnaissance, la concurrence… et aussi les difficultés avec l’administration. »
La main d'oeuvre sur mon exploitation, je m'informe
Agri-solidarité organise une après-midi d’informations sur ce sujet, le 10 juin à 14 heures, à Saint-Albain. Ouvert aux chefs d’exploitation, ce rendez-vous présentera les éléments à connaître en matière de main-d’œuvre qui intervient sur une exploitation. Car plusieurs statuts sont possibles : entraide, bénévolat, emploi salarié. Seront également présentées, les formalités déclaratives ainsi que les spécificités de la main-d’œuvre étrangère.
La séance est organisée avec le concours du Barreau de Mâcon et sera animée par une avocate et la responsable du service emploi de la FDSEA de Saône-et-Loire.
Pour participer, il est nécessaire de s’inscrire avant le 3 juin : O6.72.97.07.19 ou agrisolidarite@gmail.com
L'AG agrisolidarité en images

