Agamy séduite par InVivo Wine

« InVivo Veritas ». Pour les adeptes du réseau social Twitter, le message posté par Sébastien Coquard fin d'année dernière était un premier signe. Quelques jours plus tard, le responsable de la cave de Bully et le président de Signé Vignerons, Bernard Couzon, ont dévoilé l’une des principales actualités de ce début d’année 2016 pour la coopération beaujolaise. Agamy, l’union commerciale qui réunit Signé Vignerons, la cave des coteaux du Lyonnais (Sain Bel) et la cave des Vignerons du Forez (Trélins), devrait accepter l’offre d’InVivo, le premier groupe coopératif français (voir par ailleurs). Via sa filiale InVivo Wine fondée en juin 2015, celui-ci invite notamment les coopératives à participer à son nouveau projet en lui apportant au moins 20 % de leur production en vrac et en souscrivant au capital de la filiale. En échange, le groupe s’engagera sur des contrats pluriannuels (minimum 5 ans) et un prix plancher qui doit encore être fixé entre la cave coopérative et le groupe français. Un représentant d’Agamy siègera également au conseil d’administration de la filiale InVivo Wine.
Pour les responsables de cette filiale, l’intégration des vins du Beaujolais permettra au groupe coopératif de proposer une offre française large et visible. « Agamy a des forces à ce niveau-là avec des marques sympas et une offre de produits existante et cohérente. Nous nous sommes déjà rassemblés autour d’une idée commune forte avec Agamy. Désormais, nous devons travailler sur les points de détail et les objectifs à se fixer », informe Bertrand Girard, directeur général d’InVivo Wine. Cette adhésion au projet d’InVivo Wine permettra ainsi à Agamy de consolider son projet de promouvoir la notion de marque pour ses vins. Au Salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de l’alimentation (Sirha) en janvier 2015, les responsables d’Agamy avaient d’ailleurs présenté leurs deux nouvelles marques « Le Chat Rouge » et « Jasper ». « Le marché se valorise par des signatures et des marques fortes et reconnues. Notre ambition est aussi de conquérir le marché du grand export, mais nous n’avions pas les moyens suffisants pour y accéder. Avec ce partenariat, on espère conquérir ces marchés et développer nos marques. Cependant, il n’est pas question de laisser de côté nos clients actuels », précise Bernard Couzon.

« Un projet collectif »

Avec ce nouveau débouché commercial, les responsables de la structure coopérative souhaitent aussi « redonner de l’espoir aux coopérateurs », selon Bernard Couzon. « Beaucoup d’entre eux s’interrogent sur l’avenir de notre coopérative et de la filière viticole du Beaujolais. Si on veut attirer des jeunes, cette sécurité des revenus pendant cinq ans au minimum peut leur donner envie de s’installer », complète Sébastien Coquard. Ce dernier espère aussi mettre fin à ce qu’il surnomme un « Signé Vignerons bashing ». « C’est un projet collectif dans lequel on construit notre développement commercial à long terme. C’est ce dont a besoin le Beaujolais. Si des coopératives ou des viticulteurs indépendants sont intéressés, la porte est ouverte », glisse-t-il.

InVivo, un géant de la coopération

C’est avec un très grand groupe français, à la dimension mondiale, qu’Agamy devrait tisser une relation commerciale dans les prochains mois. En effet, le goupe InVivo réunit 223 coopératives, qui rassemblent elles-mêmes plus de 300.000 agriculteurs. Il compte 8.000 collaborateurs dans 28 pays et a généré en 2014-2015 un chiffre d’affaires de 5,7 milliards d’euros dont 45 % sont réalisés à l’international. Le groupe est présent dans plusieurs domaines d’activité. Pour preuve, il compte quatre holdings et filiales métiers à savoir InVivo AgroSciences (semences, agroenvironnement, biosolutions, etc.), InVivo Nutrition et santé animales (aliments complets, aquaculture, santé, additifs, etc.), InVivo Grand public (jardineries, distribution alimentaire, etc.) et InVivo Wine.
Avec la création de ce pôle vin en 2015, le groupe InVivo annonce vouloir « se positionner en acteur majeur et fédérateur de la filière viti-vinicole française ». « Nous visons un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros à cinq ans, affirmait en juin dernier Thierry Blandinières, directeur général du groupe InVivo. Nous avions affiché lors de la présentation de notre plan stratégique 2025 by InVivo, notre volonté d’investir dans l’agroalimentaire et en particulier dans le vin. Notre objectif est de faire émerger un leader coopératif sur ce marché comme nous l’avons fait sur nos autres métiers ».

Une politique basée sur les marques

Cette création s’est matérialisée par la conclusion de trois opérations majeures. Un partenariat avec Vinadeis, premier groupe coopératif viti-vinicole français dont le chiffre d’affaires s’élève à 268 millions d’euros, a été parachevé. Cette coopérative commercialise plus de 2,5 millions d’hectolitres de vin, soit 6 % de la production française. InVivo a aussi acquis 78 % des parts de lagrande maison de négoce bordelaise Cordier Mestrezat Grands crus, aux côtés de Vinadeis qui conserve ses 22 %. Enfin, la société de négoce de vin en vrac Vignobles du Soleil International (Gard) a été rachetée. Selon InVivo, cette société a réalisé un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros, en forte croissance du fait d’une progression très soutenue de ses ventes à l’export. Si ces trois coopératives constituent le premier socle du projet d’InVivo Wine, le groupe a justement annoncé son intention de fédérer d’autres coopératives viticoles. Comme pour l’ensemble de ses pôles d’activité, InVivo Wine s’appuiera sur une politique de marques fortes et un développement à l’international, un projet qu’Agamy souhaitait justement renforcer via les produits de ses gammes Jasper et Chat Rouge. « Cela fait aussi partie des enjeux et des objectifs que nous nous sommes fixés. Les vins français doivent reconquérir des parts de marchés. Il faut rendre l’offre française visible, accessible et peut-être la démystifier un peu, tout en conservant des vins qualitatifs », annonce Bertrand Girard, directeur général d’InVivo Wine. Pour conforter sa politique de marques, le groupe coopératif s’est récemment appuyé sur une tête d’affiche : Dan Carter. Le Néo-Zélandais, champion du monde 2011 et 2015 de rugby, est devenu l’ambassadeur du groupe à l’international. Un géant chez le géant de la coopération.