Agir pour ne pas disparaître
La réponse face à ces prédateurs n’est pas unique, mais multiple. En ce qui concerne le renard, il est possible de procéder au piégeage. « Le renard est un fléau », précise Samuel Chanussot, élu à la chambre d’Agriculture. « Sur la seule commune de Ratte, 33 renards ont été piégés depuis le 1er septembre dernier ». Le cas est différent pour les rapaces du type buses et autour des palombes. Avec, comme problématique pour ces dernières, d’être protégées. « Nous avons fait une demande de dérogation pour l'autour des palombes. Quant aux corvidés, les dégâts sont importants aussi bien dans les élevages que dans les cultures ».
Parmi les solutions qui s’offrent à l’éleveur, il y a bien entendu la formation au piégeage, le renforcement des clôtures (ce qui a un coût non négligeable) ainsi que la collaboration avec les sociétés de chasse et les louvetiers. Mais tout ceci est gourmand en temps qui n’est pas, alors, passé à se consacrer à proprement parler à son élevage.
Limiter la population de corvidés
Face à une prédation croissante, le sous-préfet de Louhans a joué un rôle actif avec la volonté affirmée de protéger les élevages et donc de limiter le nombre de corvidés. Car pour Georges Bos, « il faut impérativement faire baisser cette population bien trop importante qui n’a pas de prédateur naturel ».
Alors que pour toute prise de renard, il est donné 4 €, la somme allouée pour un corbeau sera de 50 centimes d'€, soit le coût d’une cartouche. Le budget total alloué pour cette opération est de 3.000 €, une somme partagée entre la coopérative Bourgogne du Sud, la chambre d’Agriculture et la Fédération départementale des chasseurs.
Mise en place à la mi-janvier, cette action envers les corvidés durera certes tout au long de l’année 2016, mais exclusivement sur l’arrondissement de Louhans. A noter que les tirs dans les nids demeurent interdits. Au mois de septembre, un premier bilan sera effectué pour juger de l’efficacité de l’opération.
Le combat quotidien de Thierry Jalley
Installé à Sens-sur-Seille en Gaec avec ses deux fils, Romain et Edouard, sur 145 hectares - dont 100 ha de céréales cultivés en maïs, blé, soja et colza - et disposant d’un cheptel de 90 brebis, Thierry Jalley a pour production principale la volaille de Bresse avec 35.000 mises en place. Mais seulement 32.000 sont commercialisées, puisque près de 2.500 animaux sont régulièrement victimes de la prédation.
L'élevage subit de plein fouet les diverses attaques sur l’exploitation. « Le renard s’est développé au début des années 90, rappelle Thierry Jalley. Depuis dix ans, on note le retour des buses et autour des palombes. La prédation est due pour un tiers aux renards, fouines et martres, un tiers aux rapaces et un tiers aux corvidés, corneilles noires. Le phénomène ne cesse de s’aggraver depuis plusieurs années. Aujourd’hui, je passe la moitié de mon temps à gérer la prédation ! Sur l’exploitation, nous avons réussi à limiter cela à 7 à 8 %. Mais cela représente tout de même 18.000 à 23.000 € de perte. Un coût auquel il faudrait ajouter le temps passé à lutter contre la prédation. Certains collègues ont jusqu’à 25, voire même 30 % de perte due à la prédation... Cela devient insupportable financièrement. Nous avons une surface de parcours de 30 hectares. Il faut être présent le plus possible sur les sites d’élevage. L’an passé, nous avons piégé 220 animaux ».
Quant à l’avenir, Thierry Jalley est visiblement dubitatif. « Cela peut devenir tout simplement un problème de survie pour l’AOP. Force est de constater que pas mal d’éleveurs ont dû arrêter leur production à cause de cela ».