Agribashing Media culpa
Le 14 décembre à Sanvignes-les-Mines, votre journal L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire a organisé une soirée-débat sur la communication autour de l’agriculture. Si les agriculteurs déplorent l’agribashing ambiant dans les médias nationaux, le ton se voulait résolument positif pour trouver des solutions. Pas de miracle néanmoins, c’est chacun d’entre nous qui doit faire plus pour renouer le contact avec la société, à commencer avec ses voisins. Les élus locaux sont prêts à apporter leur aide. Géraldine Woessner, journaliste sur Europe 1, a tenu un discours franc sur le manque de rigueur des grandes rédactions nationales, en pleine crise. Une autocritique salutaire ?

C’est le chat qui se mord la queue. « L’agriculture est un sujet complexe. Les journalistes scientifiques partent dans la presse pro. Donc dans les "grands" médias, on assigne certains généralistes pour traiter le sujet en faisant un lien avec l’alimentation, l’environnement, la santé… Les journalistes doivent alors travailler vite et ils sont le reflet d’une société urbanisée. Ils vont dans le sens du public. Ils ne cherchent pas à combattre les idées reçues mais plus à illustrer les croyances. Ce qui nous amène à être tous mal informés sur ces sujets », expliquait d’emblée Géraldine Woessner. De par son parcours dans différents médias nationaux et à l’international, elle en conclut qu’au sein même des rédactions françaises « l’ampleur de la tâche est impressionnante. Sur pleins de sujets. Nos patrons sont aussi désinformés que les autres. Cela contribue à la crise démocratique actuelle. Le problème est identifié. Il faut maintenant le combattre », invitait-elle. Comment pour l’agriculture ?
Empathie et émotions
Pour le jeune éleveur ovin qu’est Alexandre Saunier, la première réponse est simple : « On doit relever la tête, être fier de notre métier que l’on fait avec passion ». Une réponse qui réjouissait Géraldine Woessner : « Vous devez entendre les peurs du publics, certes irrationnelles, et leur répondre - sans intermédiaire – simplement, avec vos émotions ». Et cela commence avec vos voisins, vos amis, vos familles... Un travail de fourmis que chacun peut faire à son échelle, dans son entourage.
Mais comment "toucher" les "autres", les urbains à la ville ou venus au calme à la campagne ne supportant peu les gens qui y travaillent ? Le président des Maires ruraux de Saône-et-Loire, Jean-François Farenc mise sur « l’intérêt fort des urbains pour la ruralité » qui vit d’ailleurs une période de repeuplement. « Il faut travailler sur cet intérêt, occuper le terrain médiatique en combattant les stéréotypes ».
Ouvrir les fermes en pleins travaux
Là encore, Géraldine Woesnner donnait un conseil : « la transparence ne dessert jamais. Il faut se battre pour la connaissance. Ouvrez vos fermes un jour où vous épandez ou vous traitez. Et rappeler ainsi que vous respectez les règles légales et que vous faites de mieux en mieux ». Même besoin de diffuser des informations en direction des enfants et de leurs « enseignants qui peuvent être tout aussi ignorants ». Aller de l’avant donc, inviter sans être insistant. Un travail que mène la section des agricultrices depuis de longues années et qui doit être sans cesse encouragé et salué.
Les démarches collectives comme celle de la Communauté de communes du Grand Autunois Morvan aussi. Cherchant à rapprocher villes et campagnes, sa présidente, Marie-Claude Barnay se félicitait de voir des parents « regarder avec attention les menus de leurs enfants » depuis que la restauration collective fait appel aux filières courtes.
Mauvaises pratiques
Quelles sont les mauvaises pratiques alors ? « Organiser un exercice de communication spécial, c’est contreproductif », notamment pour les organisations qui ne doivent plus être simplement sur la défensive. Mais les agriculteurs eux mêmes doivent se méfier de la « posture du petit. Les français aiment les petits producteurs et cela fait vendre. Mais cette posture à long terme est défavorable pour l’ensemble de l’agriculture » car elle finit par être clivante. Petits contre gros. Cette posture met à mal l’agriculture dite conventionnelle par abus de langage et masquant de nombreuses réalités : AOC, IGP, Label, filière qualité, contrats privés, filières longues de qualités…
L’éleveur Luc Jeannin rajoutait : « Beaucoup veulent nous diviser mais nous sommes tous des paysans. On doit devenir capable de mettre en avant ce qu’on fait de bien sans dire du mal des autres agriculteurs ». Chacun doit apporter sa « petite pierre », sinon la situation risque encore d’empirer.
De super-héros à méchants
« Je suis éleveur et jeune père de deux filles. Ma crainte est de les voir revenir un jour de l’école et qu’elles ne voient plus leur papa comme un super héros mais comme un méchant qui tue. Je vais tout faire pour me battre au maximum pour mieux communiquer », motivait Alexandre Saunier. Ce jeune agriculteur ne compte pas que sur les réseaux sociaux pour cela. « 0,5 % des français sont végans. Les agriculteurs représentent 2% de la population. Si seulement la moitié d’entre nous communique sans agressivité… » remettait en perspective Luc Jeannin. Car on oublie souvent une des fonctions de l’actualité. Elle ne sert pas qu’à informer, l’actualité sert aussi à avoir des sujets de discussion… Les agriculteurs étaient invités à s’en servir. Et si la discussion s’envenime face à quelqu’un d’obtus, « ne pas avoir honte de dire qu’on est blessé » par ces propos. Ce qui a le mérite d’inverser les rôles et de replacer l’autre pour ce qu’il est : l’agresseur. Qui le nourrit ? Lui ou vous ?
Agribashing Media culpa

C’est le chat qui se mord la queue. « L’agriculture est un sujet complexe. Les journalistes scientifiques partent dans la presse pro. Donc dans les "grands" médias, on assigne certains généralistes pour traiter le sujet en faisant un lien avec l’alimentation, l’environnement, la santé… Les journalistes doivent alors travailler vite et ils sont le reflet d’une société urbanisée. Ils vont dans le sens du public. Ils ne cherchent pas à combattre les idées reçues mais plus à illustrer les croyances. Ce qui nous amène à être tous mal informés sur ces sujets », expliquait d’emblée Géraldine Woessner. De par son parcours dans différents médias nationaux et à l’international, elle en conclut qu’au sein même des rédactions françaises « l’ampleur de la tâche est impressionnante. Sur pleins de sujets. Nos patrons sont aussi désinformés que les autres. Cela contribue à la crise démocratique actuelle. Le problème est identifié. Il faut maintenant le combattre », invitait-elle. Comment pour l’agriculture ?
Empathie et émotions
Pour le jeune éleveur ovin qu’est Alexandre Saunier, la première réponse est simple : « On doit relever la tête, être fier de notre métier que l’on fait avec passion ». Une réponse qui réjouissait Géraldine Woessner : « Vous devez entendre les peurs du publics, certes irrationnelles, et leur répondre - sans intermédiaire – simplement, avec vos émotions ». Et cela commence avec vos voisins, vos amis, vos familles... Un travail de fourmis que chacun peut faire à son échelle, dans son entourage.
Mais comment "toucher" les "autres", les urbains à la ville ou venus au calme à la campagne ne supportant peu les gens qui y travaillent ? Le président des Maires ruraux de Saône-et-Loire, Jean-François Farenc mise sur « l’intérêt fort des urbains pour la ruralité » qui vit d’ailleurs une période de repeuplement. « Il faut travailler sur cet intérêt, occuper le terrain médiatique en combattant les stéréotypes ».
Ouvrir les fermes en pleins travaux
Là encore, Géraldine Woesnner donnait un conseil : « la transparence ne dessert jamais. Il faut se battre pour la connaissance. Ouvrez vos fermes un jour où vous épandez ou vous traitez. Et rappeler ainsi que vous respectez les règles légales et que vous faites de mieux en mieux ». Même besoin de diffuser des informations en direction des enfants et de leurs « enseignants qui peuvent être tout aussi ignorants ». Aller de l’avant donc, inviter sans être insistant. Un travail que mène la section des agricultrices depuis de longues années et qui doit être sans cesse encouragé et salué.
Les démarches collectives comme celle de la Communauté de communes du Grand Autunois Morvan aussi. Cherchant à rapprocher villes et campagnes, sa présidente, Marie-Claude Barnay se félicitait de voir des parents « regarder avec attention les menus de leurs enfants » depuis que la restauration collective fait appel aux filières courtes.
Mauvaises pratiques
Quelles sont les mauvaises pratiques alors ? « Organiser un exercice de communication spécial, c’est contreproductif », notamment pour les organisations qui ne doivent plus être simplement sur la défensive. Mais les agriculteurs eux mêmes doivent se méfier de la « posture du petit. Les français aiment les petits producteurs et cela fait vendre. Mais cette posture à long terme est défavorable pour l’ensemble de l’agriculture » car elle finit par être clivante. Petits contre gros. Cette posture met à mal l’agriculture dite conventionnelle par abus de langage et masquant de nombreuses réalités : AOC, IGP, Label, filière qualité, contrats privés, filières longues de qualités…
L’éleveur Luc Jeannin rajoutait : « Beaucoup veulent nous diviser mais nous sommes tous des paysans. On doit devenir capable de mettre en avant ce qu’on fait de bien sans dire du mal des autres agriculteurs ». Chacun doit apporter sa « petite pierre », sinon la situation risque encore d’empirer.
De super-héros à méchants
« Je suis éleveur et jeune père de deux filles. Ma crainte est de les voir revenir un jour de l’école et qu’elles ne voient plus leur papa comme un super héros mais comme un méchant qui tue. Je vais tout faire pour me battre au maximum pour mieux communiquer », motivait Alexandre Saunier. Ce jeune agriculteur ne compte pas que sur les réseaux sociaux pour cela. « 0,5 % des français sont végans. Les agriculteurs représentent 2% de la population. Si seulement la moitié d’entre nous communique sans agressivité… » remettait en perspective Luc Jeannin. Car on oublie souvent une des fonctions de l’actualité. Elle ne sert pas qu’à informer, l’actualité sert aussi à avoir des sujets de discussion… Les agriculteurs étaient invités à s’en servir. Et si la discussion s’envenime face à quelqu’un d’obtus, « ne pas avoir honte de dire qu’on est blessé » par ces propos. Ce qui a le mérite d’inverser les rôles et de replacer l’autre pour ce qu’il est : l’agresseur. Qui le nourrit ? Lui ou vous ?