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Sangliers

Agriculteurs et chasseurs se sont rencontrés au sujet du sanglier. Ils s'accordent sur la nécessité de faire baisser la pression

C’est indéniable, les dégâts de gibiers sont en forte augmentation sur une grande partie de notre département et, pour nombre d'agriculteurs, le seuil de tolérance a été franchi. Des rencontres ont été organisées sur le terrain et chasseurs comme agriculteurs entendent accroître la pression sur les populations.

Ecouter et convaincre pour enrayer les dérives

A l’initiative des élus locaux de la FDSEA 71, deux rencontres ont eu lieu sur les secteurs de Toulon-sur-Arroux et d'Autun en présence de Jacques Pelus, président de la Fédération départementale des chasseurs de Saône-et-Loire, et de Nadine Tanton, en charge du dossier Chasse à la Direction départementale des Territoires.

Placé sous le signe du dialogue et de la prise de conscience sur l’absolue nécessité de faire baisser le nombre de sangliers sur ces secteurs peu ou pas assez chassés, chacun a pu livrer son ressenti et clarifier ses explications sur le sujet . Le témoignage de Michel Givry, expert en dégâts de gibier pour la Fédération des chasseurs, à lui seul résumait la situation. « Les déclarations de sinistres ont doublé par rapport à l’année dernière », faisait-il état. « Les indemnisations vont s’élever cette année à environ 500.000 € pour le département et ne régleront pas les problèmes. Je remercie les agriculteurs pour leur accueil, pour certains la situation est plus qu’insupportable, mais ils font preuve de patience ».

Lors de ces rencontres, il a été rappelé que si l’indemnisation des dégats en production de céréales était considérée comme satisfaisante, il n’en allait pas de même pour les dégâts sur prairies. L’ensemble des agriculteurs présents ont clairement demandé une révision des barèmes actuels, lesquels sont loins de couvrir la remise en état et les pertes générées du fait des dégâts occasionnés

Autant de bracelets que de demandes

Pour Jacques Pelus, « il faut chasser, il faut réguler davantage les populations ». Et le président de la Fédération départementale des chasseurs d'insister sur le sujet alors que la situation a fortement évolué en dix ans. Les dernières conditions climatiques ont, en plus du manque de chasse, permis l’accroissement des hardes. Ajoutée à cela une nourriture en abondance et « le phénomène, si nous ne faisons rien, sera des plus difficile à enrayer ».

« La Fédération des chasseurs de Saône-et-Loire sera réactive et fera le nécessaire pour fournir de nouveaux bracelets à ceux qui en feront la demande », mettait en exergue Jacques Pelus qui, interpellé sur le volet sanitaire, se voulait rassurant. « Nous faisons des prélèvements sanguins réguliers sur la faune sauvage. Nous conservons ces prises de sang au Laboratoire départemental d'analyses à Mâcon. En cas de souci, nous garantissons une grande réactivité ».

Chasser librement plutôt que sous la contrainte

Nadine Tanton le soulignait : pour la DDT de Saône-et-Loire, la situation ne peut pas rester en l'état. A ce titre, des moyens sont donnés aux chasseurs : le rallongement d’un mois de la période de chasse, l'augmentation à quatre jours par semaine du droit de chasse, contre trois précédemment, ou encore l'interdiction prise il y a peu d’agrainer du 1er décembre au 28 février 2018 (lire notre édition du 1er décembre en page GG). Le tout en vue de permettre une chasse et des prélèvements significatifs sur la population actuelle de sangliers et en maîtriser la croissance. « Vous devez vous organiser pour chasser ensemble. Si à la sortie de la période de chasse la situation ne s’est pas améliorée, nous devrons alors prendre les mesures qui s’imposeront, à savoir la mise en place de battues administratives et les conséquences que cela engendre ».

L’accent a été mis sur la nécessité de trouver du lien entre les représentants de L’ONF, les agriculteurs et l’administration pour permettre une meilleure visibilité sur les pratiques de chasse.

Une complémentarité

Secrétaire général de la FDSEA, Luc Jeannin tenait à le rappeler au nom des agriculteurs présents que le monde agricole avait besoin des chasseurs. « Nous devons continuer à travailler en bonne entente là où cela est le cas et contribuer à faire que cela se passe mieux ailleurs. La possibilité évoquée d’augmenter les indemnisations aux agriculteurs ne nous satisfait pas en tant que telle, même si elle est nécessaire quand les dégâts sont présents. Nous ne voulons pas faire notre revenu avec ce type de pratiques. Notre revenu doit se faire par notre travail et la vente de nos produits ». Reste que la question de « comment attirer de jeunes chasseurs si les coûts des dégâts ne font qu'augmenter, ce qui aura des conséquences sur les prix du droit à chasser ? », arguant ainsi de la nécessaire maîtrise des populations de sangliers dans le département, et tout particulièrement sur certains secteurs... Pour lui, il faut un juste équilibre basé sur le bon sens : « le cultivateur cultive, le chasseur chasse, et l’équilibre demeure ».

Sans aucun doute, les choses sont appelées à évoluer. La bonne volonté démontrée par tous lors de ces deux réunions n’en font pas douter. Mais avons-nous le choix pour qu’il en soit autrement ?

Philippe Vuillot

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