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Nuisibles

Ajustements nécessaires

La nouvelle réglementation sur le classement des espèces nuisibles (parue au JO le 18 août dernier) nécessite quelques ajustements. A commencer par le renard qui s’est retrouvé classé non nuisible dans le Charollais-Brionnais. De quoi susciter la colère des éleveurs de volailles en plein-air notamment.
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La règlementation portant sur les espèces nuisibles a changé. Désormais, les espèces classées nuisibles appartiennent à trois listes. La première, fixée par le ministère, concerne les animaux exogènes comme le rat musqué, le ragondin, le vison, etc. La seconde liste, fixée par le préfet, désigne les nuisibles "comestibles" tels que le lapin de garenne, le pigeon ramier ou le sanglier. Le lapin de garenne n’est plus classé nuisible depuis des années, alors que le pigeon ramier le demeure aujourd’hui, même si ce n’est plus vraiment d’actualité, fait remarquer Michel Roy, directeur de la FDC 71.

Le cas du sanglier


Au regard des dégâts qu’il occasionne aux cultures, le fait que le sanglier soit classé "nuisible" en Saône-et-Loire semble pertinent de prime abord. Pourtant, cette classification administrative est devenue discutable aux yeux de la fédération des chasseurs. En effet, « si le sanglier a été classé nuisible de longue date, c’est parce que c’était le seul moyen à l’époque pour interdire les lâchers. Mais aujourd’hui, pour pouvoir lâcher des mammifères dans la nature, il faut une autorisation officielle du préfet. Donc la classification nuisible n’est plus nécessaire pour empêcher les lâchers, puisque sans autorisation préfectorale, ces derniers sont illégaux », explique Michel Roy. Et pour le directeur de la FDC 71, la classification comme nuisible du sanglier pose un problème dans le processus d’indemnisation.
En clair, argumente Michel Roy, « si le sanglier est classé nuisible, alors cela signifie que des titulaires du permis de chasser auraient la possibilité de les tirer hors période de chasse, ce qui les exonère de s’acquitter d’un bracelet. On peut craindre que certains territoires optent ainsi pour une "chasse" hors saison et sans dispositif de marquage ! ». Or le paiement des dispositifs de marquage est la base même du financement des dégâts de gibiers. « On court le risque de mettre en péril le système d’indemnisation ! », alerte Michel Roy. Des craintes qui expliquent que la fédération soit en train de réfléchir à la levée du classement nuisible du sanglier. Sachant qu’une telle décision n’allègerait en rien le dispositif de gestion de l’espèce vu plus haut.

Renard inefficace contre les rats taupiers


Une troisième liste d’espèces nuisibles concerne le renard, les mustélidés –famille parmi laquelle, la fouine est de nouveau sur la liste– et les oiseaux indésirables (corbeau freux, corneille noire, étourneau, pie…). Dans le cadre de la nouvelle réglementation, le préfet a proposé au ministre que le renard ne soit plus classé nuisible dans le secteur Charollais-Brionnais. Cette requête a été motivée par l’invasion de rats taupiers dans la région, le renard étant l’un des principaux prédateurs de ces campagnols ravageurs. Un argument a priori de bon sens sauf que, dans la communauté scientifique, les avis semblent plutôt partagés sur la question. Dans un document officiel consacré au renard, l'Office national de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) précise que "des études ont montré que l'impact du renard sur la dynamique des populations de micromammifères était très probablement négligeable lors des phases de pullulation... ". Une donnée qui décrédibilise la décision préfectorale, d’autant que les nuisances causées par le renard sont évidentes.

Modifier l’arrêté


Bien que le problème des rats taupiers concerne l’élevage, la profession agricole, elle-même, a vivement réagi au déclassement du renard de la liste des nuisibles (lire les propos de Louis Accary, président de la section avicole de la FDSEA, en page 2 de L’Exploitant Agricole du 31 août dernier). Ce dernier ayant profité, samedi dernier, lors de la visite de François Philizot, préfet, au concours de labour, pour le relancer sur le sujet, preuves de tuerie de volailles à l'appui.
De fait, si le renard n’est pas très efficace pour éradiquer les campagnols, il cause en revanche d'importants dégâts dans les élevages de volailles en plein air. Sans oublier qu'il est un vecteur de maladies très préoccupantes comme l’échinococose alvéolaire. La fédération des chasseurs de Saône-et-Loire vient donc d’adresser un courrier au préfet lui demandant, elle aussi, de modifier le récent arrêté portant sur les espèces classées nuisibles. Le cadre législatif le permet. Dans sa lettre, la FDC demande clairement au préfet : « soit de classer le renard nuisible sur l’ensemble du département de la Saône-et-Loire, sans exception ; soit de permettre sa destruction, sur les communes où il n’est pas classé nuisible ». Affaire à suivre donc.