L’ambition du Brésil ?
« Alimenter le monde entier »
Le XIXe Congrès mondial de la viande se tenait à Paris le 5 et 6 juin
dernier, l’occasion de confronter les stratégies de développement des
acteurs majeurs du marché mondial. Katia Abreu, sénatrice de l’État du
Tocantins et présidente de la Confédération de l’agriculture et de
l’élevage du Brésil (CNA), dans une interview annonce la couleur : le
Brésil a l’ambition d’être un des tout premiers fournisseurs de produits
carnés de la planète. Et s’en donne les moyens. L’échec de Doux
outre-Atlantique est symptomatique. Les Brésiliens tiennent à contrôler
seuls leur arme alimentaire.
dernier, l’occasion de confronter les stratégies de développement des
acteurs majeurs du marché mondial. Katia Abreu, sénatrice de l’État du
Tocantins et présidente de la Confédération de l’agriculture et de
l’élevage du Brésil (CNA), dans une interview annonce la couleur : le
Brésil a l’ambition d’être un des tout premiers fournisseurs de produits
carnés de la planète. Et s’en donne les moyens. L’échec de Doux
outre-Atlantique est symptomatique. Les Brésiliens tiennent à contrôler
seuls leur arme alimentaire.
Le Brésil est déjà un acteur dominant sur le marché mondial des productions animales. Quelles sont les nouvelles ambitions de l’élevage brésilien ?
Katia Abreu : Alimenter le Brésil et le monde entier. Au-delà de la plaisanterie, il y a une grande part de vérité car le monde va consommer plus. Nous avons mis en place un programme de développement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et augmenter la production à surface exploitée constante. Plusieurs méthodes ont été répertoriées : récupérer les pâturages dégradés, replanter des forêts, traiter les déjections animales…L’ensemble de ces techniques permettront de produire plus. Ce supplément de production est équivalent à un gain de surface de 70 millions d’hectares.
Sauf qu’il n’y a pas de déforestation, il s’agit d’une intensification des surfaces déjà exploitées. Une enveloppe de 1,5 milliard de dollars est prévue chaque année jusqu’en 2020 pour ce programme spécifique. Ce sont les très petites exploitations (revenu de 80 dollars/ha/an) et les exploitations
familiales (260 dollars/ha/an) qui en seront bénéficiaires. Il s’agit de leur donner accès à des prêts à des taux intéressants (1,5% pour les plus petites exploitations à 5,5% pour les plus grandes) sur 5 à 15 ans. Aujourd’hui, nous produisons un boeuf par hectare. D’ici à 2020, nous espérons produire cinq boeufs par hectare. La stratégie pour les années à venir est donc d’exploiter le potentiel de production existant, mais non encore exploité en optimisant la productivité par hectare des petites exploitations et des exploitations familiales.
Et sur le marché international, quelles sont les perspectives de développement pour le Brésil ?
K.A. : Je commencerai par un constat. Le Brésil produit trois fois moins cher que tous les pays d’Europe. Au Brésil, le coût de production d’un kilo de carcasse de viande bovine est 2,5 dollars par kilo. En France, il est de 6 dollars par kilo. Au bout de la chaîne de production, le filet de boeuf coûte au consommateur brésilien 18,30 dollars le kilo, contre 47 dollars le kilo pour le consommateur français.
Et la raison principale de ces différences, c’est la technique d’élevage. Au Brésil, les animaux sont élevés à l’air libre sur des grandes prairies. Ils mangent de l’herbe et des sels minéraux. Les coûts de production sont trois moins élevés.
Aujourd’hui, nous souhaitons promouvoir nos productions. Et cela passe par une transparence sur le trafic des animaux. Nous avons mis en place la plus grande plateforme du monde de traçabilité. Il s’agit de la Plateforme de gestion de l’agriculture et de l’élevage (PGA). Le dispositif permet de centraliser les données sur le trafic des animaux nés au Brésil jusqu’à leur lieu de distribution, que ce soit au Brésil ou à l’étranger. Au-delà de la transparence sur l’origine et le parcours des animaux, nous voulions rassurer les consommateurs brésiliens et du monde entier. Enfin, ce dispositif permet d’atteindre la demande spécifique des consommateurs. Prenons un exemple. Je suis éleveur dans le Mato Grosso. Et vous êtes consommateur en France. Vous pouvez accéder à la plateforme PGA par internet et demander « je veux un boeuf blanc, sans cornes, né au Mato Grosso ». En tant qu’éleveur brésilien, j’ai accès à une liste de critères spécifiques qui me permet de produire conformément à la demande du consommateur final.
Le projet a commencé il y a trois ans et a coûté 6 millions de dollars. Il est financé par la Confédération de l’agriculture et de l’élevage du Brésil (CNA). C’est l’Etat qui est propriétaire des données, mais c’est le CNA qui gère le dispositif. Pour le moment, la PGA fonctionne pour les bovins.
On a bon espoir que le système fonctionne pour les volailles, les ovins et les porcins fin 2013.
Quelles sont les limites du développement de l’élevage brésilien ?
K.A. : Il n’y en a pas ! Plus sérieusement, les deux facteurs limitants principaux sont le marché et les financements. Nous avons un potentiel de développement important au Brésil, nous pouvons multiplier par trois notre production. Mais il faut que la consommation suive. Ce qui devrait être le cas. Et il faudra aussi financer les programmes de développement. Le groupe Doux a quitté le Brésil récemment.
Ici, nous entendons parler de subventions spécifiquement réservées aux entreprises brésiliennes. Ces subventions auraient entraîné la chute de la filiale brésilienne de Doux. Qu’en est-il ?
K.A. : Je ne connais pas les raisons précises du départ de Doux, peut-être des problèmes de gestion ou administratives. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas de subventions destinées aux entreprises brésiliennes auxquelles n’auraient pas droit les entreprises étrangères implantées au Brésil. Par ailleurs, il faut savoir qu’il existe une banque, la Banque de développement brésilienne (BNDES) qui travaille avec toutes les entreprises, brésiliennes et étrangères.
Katia Abreu : Alimenter le Brésil et le monde entier. Au-delà de la plaisanterie, il y a une grande part de vérité car le monde va consommer plus. Nous avons mis en place un programme de développement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et augmenter la production à surface exploitée constante. Plusieurs méthodes ont été répertoriées : récupérer les pâturages dégradés, replanter des forêts, traiter les déjections animales…L’ensemble de ces techniques permettront de produire plus. Ce supplément de production est équivalent à un gain de surface de 70 millions d’hectares.
Sauf qu’il n’y a pas de déforestation, il s’agit d’une intensification des surfaces déjà exploitées. Une enveloppe de 1,5 milliard de dollars est prévue chaque année jusqu’en 2020 pour ce programme spécifique. Ce sont les très petites exploitations (revenu de 80 dollars/ha/an) et les exploitations
familiales (260 dollars/ha/an) qui en seront bénéficiaires. Il s’agit de leur donner accès à des prêts à des taux intéressants (1,5% pour les plus petites exploitations à 5,5% pour les plus grandes) sur 5 à 15 ans. Aujourd’hui, nous produisons un boeuf par hectare. D’ici à 2020, nous espérons produire cinq boeufs par hectare. La stratégie pour les années à venir est donc d’exploiter le potentiel de production existant, mais non encore exploité en optimisant la productivité par hectare des petites exploitations et des exploitations familiales.
Et sur le marché international, quelles sont les perspectives de développement pour le Brésil ?
K.A. : Je commencerai par un constat. Le Brésil produit trois fois moins cher que tous les pays d’Europe. Au Brésil, le coût de production d’un kilo de carcasse de viande bovine est 2,5 dollars par kilo. En France, il est de 6 dollars par kilo. Au bout de la chaîne de production, le filet de boeuf coûte au consommateur brésilien 18,30 dollars le kilo, contre 47 dollars le kilo pour le consommateur français.
Et la raison principale de ces différences, c’est la technique d’élevage. Au Brésil, les animaux sont élevés à l’air libre sur des grandes prairies. Ils mangent de l’herbe et des sels minéraux. Les coûts de production sont trois moins élevés.
Aujourd’hui, nous souhaitons promouvoir nos productions. Et cela passe par une transparence sur le trafic des animaux. Nous avons mis en place la plus grande plateforme du monde de traçabilité. Il s’agit de la Plateforme de gestion de l’agriculture et de l’élevage (PGA). Le dispositif permet de centraliser les données sur le trafic des animaux nés au Brésil jusqu’à leur lieu de distribution, que ce soit au Brésil ou à l’étranger. Au-delà de la transparence sur l’origine et le parcours des animaux, nous voulions rassurer les consommateurs brésiliens et du monde entier. Enfin, ce dispositif permet d’atteindre la demande spécifique des consommateurs. Prenons un exemple. Je suis éleveur dans le Mato Grosso. Et vous êtes consommateur en France. Vous pouvez accéder à la plateforme PGA par internet et demander « je veux un boeuf blanc, sans cornes, né au Mato Grosso ». En tant qu’éleveur brésilien, j’ai accès à une liste de critères spécifiques qui me permet de produire conformément à la demande du consommateur final.
Le projet a commencé il y a trois ans et a coûté 6 millions de dollars. Il est financé par la Confédération de l’agriculture et de l’élevage du Brésil (CNA). C’est l’Etat qui est propriétaire des données, mais c’est le CNA qui gère le dispositif. Pour le moment, la PGA fonctionne pour les bovins.
On a bon espoir que le système fonctionne pour les volailles, les ovins et les porcins fin 2013.
Quelles sont les limites du développement de l’élevage brésilien ?
K.A. : Il n’y en a pas ! Plus sérieusement, les deux facteurs limitants principaux sont le marché et les financements. Nous avons un potentiel de développement important au Brésil, nous pouvons multiplier par trois notre production. Mais il faut que la consommation suive. Ce qui devrait être le cas. Et il faudra aussi financer les programmes de développement. Le groupe Doux a quitté le Brésil récemment.
Ici, nous entendons parler de subventions spécifiquement réservées aux entreprises brésiliennes. Ces subventions auraient entraîné la chute de la filiale brésilienne de Doux. Qu’en est-il ?
K.A. : Je ne connais pas les raisons précises du départ de Doux, peut-être des problèmes de gestion ou administratives. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas de subventions destinées aux entreprises brésiliennes auxquelles n’auraient pas droit les entreprises étrangères implantées au Brésil. Par ailleurs, il faut savoir qu’il existe une banque, la Banque de développement brésilienne (BNDES) qui travaille avec toutes les entreprises, brésiliennes et étrangères.