America dairy land...
par la chambre d'agriculture fin septembre. Au cours des visites en
exploitations laitières, chacun a pu découvrir une agriculture
performante, toutefois confrontée à plusieurs défis pour l'avenir.
Retour sur l'America dairy land...
Des élevages laitiers productifs et intensifs
Dans cet Etat américain, premier pour la production laitière, l'exploitation moyenne comprend :
- 950 vaches majoritairement de race holstein, produisant en moyenne entre 10 et 12.000 litres/an ;
- un chargement élevé (autour de 10 UGB/ha) ;
- une très forte dépendance pour l'achat de concentrés, voire de fourrages ;
- l'emploi autorisé et très utilisé de l'hormone laitière (BST), qui augmente la production laitière d'environ +15 % ;
- un capital d’exploitation qui appartient généralement au chef d'exploitation et sa famille.
La production de fourrage est basée sur la culture de la luzerne, du maïs OGM, résistant aux herbicides, précédé d'une céréale en dérobé, alors récoltée en foin ou en ensilage en avril/mai. Ces cultures sont systématiquement irriguées par inondation et ont des rendements de l'ordre de 20 tonnes de matière sèche par hectare (t MS/ha) pour le maïs et de 17 t MS/ha pour la luzerne.
Gestion des volumes par le prix et le chargement
La production de lait par exploitation n'est pas limitée par des quotas, mais il existe plusieurs mécanismes pour limiter la baisse des cours (indemnisation des producteurs lorsque le prix du marché passe en dessous d'un prix objectif, intervention et achat public, aides à l'exportation...).
Au niveau de l'exploitation, si le chargement maximal de 12 UGB/ha est atteint, il faut alors reprendre du foncier pour produire plus de lait.
Le volume à livrer fait l'objet d'un contrat moral avec la coopérative. Si la livraison prévue est respectée, l’éleveur bénéfice d’un bonus de 28 €/t. Si l'exploitation dépasse son engagement, aucune pénalité ne sera appliquée individuellement. Par contre, s’il y a un dépassement par l’ensemble des producteurs, les entreprises vont dégager du lait sous forme de poudre, ce qui provoquera une baisse des prix.
Tous les éleveurs californiens ont le même prix de base auquel s'ajoute un paiement à la qualité.
L'emploi plutôt que la mécanisation
La mécanisation est limitée par le recours à l'entreprise (exemple : pour les travaux des champs, la confection des silos...).
Les éleveurs californiens ont choisi d'employer de la main-d'œuvre salariée plutôt que d'investir dans la mécanisation. Les salariés sont presque tous d'origine mexicaine, les Américains ne postulant pas pour ce genre d'emploi. Pour retenir les salariés, les chefs d'entreprise leurs proposent souvent des logements sur l'exploitation. Cet avantage en nature complète les salaires de l'ordre de 10 $/heure. Bien que fortement puni par des amendes et des peines d'emprisonnement, l'emploi de main-d'œuvre illégale semble être très répandu en élevage laitier…
Les salles de traite sont des épis ou des traites arrière 2X20 à 2X24 postes, utilisées 20 à 22 heures par jour. Les équipes de 3 à 5 trayeurs se relaient après 10 heures de travail chaque jour. Les vaches sont traites en général deux fois par jour.
Logettes creuses et hydrocurage
Les bâtiments des vaches laitières sont des logettes creuses avec une aire d'exercice nettoyée par hydrocurage.
Le lisier est traité par séparateur de phase. La partie liquide est stockée en lagunes pour la décantation, puis recyclée pour le lavage des bâtiments. Le surplus est utilisé pour l’irrigation.
La partie solide est réutilisée pour la litière après dessication et pour la fertilisation des champs.
Lors de la période sèche, les animaux ont accès à une aire d’exercice extérieure sur terre battue travaillée par un hersage régulier pour retirer le surplus et un fraisage toutes les trois semaines.
Les veaux sont élevés en cases individuelles pendant 60 jours, puis passent en cases collectives entre 60 et 90 jours avant de rejoindre des bâtiments semblables à ceux des vaches laitières.
Les défis pour demain
La production de lait californienne est au cœur de plusieurs débats de société. Ces derniers peuvent être résumés au travers des questions suivantes :
- comment partager l'eau nécessaire à l'agriculture avec les besoins croissants des villes, de l'industrie, de l'exploitation minière ?
- les consommateurs demandent des produits plus sains et sont attentifs aux pratiques en élevage. Certaines coopératives développent des filières certifiées sans BST. Les citoyens californiens voteront prochainement sur l'étiquetage des produits contenant des OGM. Des associations militent contre les exploitations ne respectant pas le bien-être animal...
- le coût des aliments connaît aussi une flambée aux Etats-Unis, qu'a amplifié la sécheresse connue cette année, mais aussi le programme gouvernemental de production de biocarburants. Les élevages californiens, très dépendants des achats, doivent s'adapter à ce contexte, en modifiant leurs habitudes et en assurant une bonne gestion de leur entreprise.
Le coût de production en lait conventionnel supérieur au prix du lait
Le coût de production du lait en conventionnel s'établit à 330 €/t (avec ensilage maïs compté au prix de vente en cession interne). Or le prix de vente du lait, de 256 €/1.000 litres en juillet, 264 €/t en septembre ne couvrait pas le coût de production. Mais les éleveurs sont confiants car ils s’attendent à une augmentation du prix du lait en fin d’année. En effet, la forte baisse des livraisons de lait dans le Midwest causée par la sécheresse devrait être favorable au prix du lait.
Des rations complètes à base de sous produits achetés
Tous les élevages rencontrés achètent intégralement leurs concentrés. Les rations complètes valorisent des sous produits qui proviennent de différentes régions des Etats-Unis et de l'étranger.
Exemple de ration
Ensilage de maïs : 12,5 kg MS/j
Luzerne : 1 kg
Enveloppe d'amande : 1,5 kg
Concentrés : - graine de coton - drèches de maïs humides - drèches de blé ou de maïs sèches - tourteaux de colza - maïs grain aplati - brisures de pain
Grand troupeau et bio
En agriculture biologique, la ration comporte de l'herbe ensilée et des concentrés bio achetés. Les vaches et les génisses pâturent de novembre à mai, saison de pousse de l'herbe. Cette obligation de pâturer au moins 120 jours par an limite les possibilités de conversion des élevages californiens. L'exploitation visitée trayait 950 vaches à 8.500 litres, avec un chargement de 4 UGB/ha.