Analyse des marchés animaux et des tendances commerciales de la semaine 04/2018
Chaque semaine, pour comprendre et prendre les bonnes décisions, retrouvez l’analyse des marchés animaux, les tendances de la semaine et une analyse pointue des différents marchés animaux. Le rendez-vous à ne pas manquer.

Bovins de boucherie
Les Français disent aimer la viande, mais les éleveurs disparaissent ! Ce paradoxe est symptomatique de ce qui se passe entre le désir et l’acte d’achat ou entre les besoins du marché et l’offre à la production. Tout est question d’équilibre !
Les Français se disent attachés à la viande et considèrent qu’elle fait partie de notre culture, mais ils déclarent dans le même temps en avoir réduit leur consommation, sous l’impact des anti-viandes et anti-élevages, amplifié par une forte médiatisation et une recherche d’une alimentation considérée à tort comme plus "équilibrée". À noter que seuls 3 % des Français se disent végétariens et 1 % végétaliens (lire à ce sujet notre édition du 19 janvier en page 2 sur le vrai poids des régimes alimentaires en France…). La grande majorité des consommateurs ont confiance dans l’élevage français et s’ils pensent qu’il faut manger moins de viande, ils disent aller vers davantage de la qualité. Or, quand on regarde les chiffres de la consommation, on constate que les idées ne sont pas en adéquation avec les actes d’achat ! Loin s’en faut même alors que les ventes des morceaux nobles sont en repli, que seules les viandes hachées ou préparées résistent à la baisse…
Du côté de la production, le constat est amer avec une offre de viande qui n’est pas en adéquation avec la demande : il y a trop de bonne viande sur le marché ! Et ce déséquilibre sert les industriels qui exercent une très forte pression sur les prix pour équilibrer les flux, alors que les prix de la viande n’ont pas baissé d’un centime à la consommation ! Les gammes les plus touchées sont sur les animaux de qualité qui n’entrent dans aucune démarche Qualité. Les démarches filières et la contractualisation sont des réponses partielles au problème, même s’elles ont le mérite d’assurer des tarifs intéressants aux éleveurs qui en bénéficient. Mais que fait-on de la grande masse des animaux commercialisée en dehors de ces filières qualité ou sans contractualisation ? La question reste entière et la valorisation du cheptel allaitant reste largement trop insuffisante pour que les éleveurs s’en sortent. Conséquence, les cessations sont de plus en plus nombreuses. Dans la discrétion et le silence qui caractérisent la profession.
Sur les marchés, la demande est atone dans les animaux de qualité bouchère. Les animaux haut de gamme qui se vendent dans les boucheries traditionnelles le sont sur des bases stables, mais les retards d’enlèvement sont nombreux dans les campagnes. La tension est forte sur les charolaises et les allaitantes de choix secondaire où le prix devient secondaire par rapport au besoin de vendre des éleveurs (c’est très grave !). Les vaches âgées de plus de dix ans et le bétail de moindre conformation (souvent mal fini) restent faiblement valorisés. En réformes laitières, la demande est peu soutenue, mais le recul de l’offre permet un maintien des prix dans les vaches frisonnes et montbéliardes convenables. En jeunes bovins, alors que les tarifs se tiennent en Italie, la tendance reste baissière dans les charolais en Allemagne et en France.
Bovins d’embouche et d’élevage
L’activité commerciale pâtit du mauvais commerce de la viande, des perspectives peu encourageantes au regard de la décapitalisation engagée, mais également des conditions climatiques très perturbantes avec des sols gorgés d’eau. Les transactions sont calmes avec un plafonnement des prix dans le bon maigre à finition rapide. La demande est sélective et la vente souvent partielle dans le bétail de moindre conformation ou trop maigre. La demande se renforce doucement dans les laitières ou les montbéliardes de gabarit, maigres à finir.
Broutards
Les sorties saisonnières sont en repli et juste suffisantes en marchandise vaccinée pour couvrir les besoins des exportateurs. L’activité commerciale reste soutenue dans les bons mâles charolais, limousins ou croisés lourds et vaccinés pour l’export. La demande est également suivie de la part des repousseurs qui doivent suivre le train dans les plus légers. La vente reste sélective dans la moyenne marchandise non vaccinée qui part vers l’Espagne avec des tarifs stables. Dans les femelles, la vente est normale avec des prix stables dans les bonnes limousines ou charolaises préparées pour l’Italie. Le commerce est morose avec trop d’offres pour les besoins dans les légères vers l’Espagne.
Veaux d’élevage et d’engraissement
La modestie de la demande pour les sorties d’été est contrecarrée par une sérieuse réduction de l’offre. Les échanges sont un peu plus réguliers avec des tarifs mieux défendus dans les veaux montbéliards, abondances ou holsteins convenables. Les montbéliards lourds restent dirigés vers l’Espagne (avec PCR), avec des tarifs fermes. Dans les croisés laitiers, le commerce est également plus régulier, notamment dans les veaux viandés. En veaux de qualité, la réduction de l’offre ne permet pas aux acheteurs de peser sur les prix malgré l’approche des mises en place de juillet. Les échanges sont fluides avec des tarifs fermes dans les bons mâles croisés de type "U" de conformation.
Ovins
Le recul de l’offre atténue la pression des abatteurs, malgré une demande peu soutenue dans le secteur aval avec une consommation de fin de mois atone. Les tarifs sont reconduits sur la plupart des marchés dans les bons laitons. La demande reste atone dans les agneaux gris qui sont fortement concurrencés par les lacaunes et l’import. Dans les brebis, la tendance est au maintien.
Porcs
Les offres de porcs restent largement suffisantes pour satisfaire la demande dans tous les pays de l'Union européenne, ce qui permet aux industriels de la salaisonnerie de maintenir la pression et des cours bas. Le cours de base sur le Marché du porc breton se stabilise à 1,102 € du kilogramme, soit 1,252 € en 60 TMP.