Analyse des marchés animaux et des tendances commerciales de la semaine 46-2018

Bovins de boucherie : Même si de nombreux animaux sont encore dans les prairies, les sorties tendent à se renforcer à l’approche de la saison hivernale et faute de nourriture suffisante pour passer l’hiver dans de nombreuses exploitations. L’équilibre offre/demande est défavorable au niveau des abattoirs et ce, malgré la campagne active faisant la promotion des viandes racées. Le souci vient toujours de la vente des pièces nobles, alors que le haché frais garde un flux régulier lui. Ce phénomène est également observé dans les viandes Bio, même si cela n’impacte pas leurs prix. Les grandes enseignes de la distribution ont renforcé leur communication sur l’approvisionnement local et c’est dans ce sens qu’un partenariat a été signé entre Elvea France et le groupe Intermarché. Globalement, les distributeurs sont de plus en plus attentifs à la mutation des modes de consommation et adaptent en permanence leur politique de vente. Il n’en demeure pas moins que le prix d’achat reste un critère important et que face à une offre abondante, les grandes centrales d'achat restent les maîtres du jeu.
Le segment des viandes hachées reste porteur en termes de consommation, mais trop peu rémunérateur face à des industriels qui se livrent une bataille sans merci pour obtenir les marchés des gros opérateurs. L’incorporation de pièces nobles dans le haché, faute d’autres débouchés, enchéri le prix du minerai. Les animaux de race à viande sont les plus lésés dans ces opérations, car le marché manque de segmentation. Une partie de ce minerai vient également des avants de jeunes bovins que nous ne valorisons plus à l’export. L’équilibre matière est toujours compliqué à réaliser à la saison, surtout que la baisse des volumes traités par les abatteurs renforce leurs charges fixes. L’autre souci pour ces derniers est la forte dévaluation du 5e quartier qui ne couvre plus les frais d’abattage (forte baisse des cuirs).
Sur les marchés, le recul du nombre d’animaux mis à l’engraissement permet un assez bon équilibre commercial dans les animaux de race à viande même si le climat commercial est plus calme. Les acheteurs sont très prudents car ils ne connaissant pas l’impact des mouvements de protestation du 17 novembre. Les tarifs se maintiennent dans les Limousines, ou les Charolaises de qualité bouchère. Les allaitantes de choix secondaire se vendent avec plus de difficulté avec un tri plus sévère sur la finition des animaux. Les transactions sont laborieuses dans l’entrée de gamme avec des tarifs entraînés par la forte baisse des laitières. En réformes laitières, les industriels maintiennent la pression sur les prix dans les Holsteins, Abondances ou Montbéliardes, face à des disponibilités toujours abondantes et de moindre qualité : de nombreuses vaches présentent un manque d’engraissement. En jeunes bovins, l’équilibre offre/demande se montre plus favorable à l’approche de la fin d’année. La tendance se raffermit sur les autres places européennes, notamment en Italie. Le marché intérieur reste stable, mais les échanges se fluidifient dans les abattoirs.
Bovins d’embouche et d’élevage : Le climat commercial reste intimement lié à la valorisation de la viande. Or, les prix changent peu dans les bons animaux bien finis. Le seul point négatif demeure le coût des aliments. Les animaux lourds, bien conformés et avec du potentiel se maintiennent. En revanche, la vente s’avère plus sélective pour la grande majorité du cheptel de moyenne qualité. Le bétail bas de gamme ou léger peine à trouver preneur ou pour des tarifs très bas.
Broutards : Les éleveurs - qui ont pris conscience de l’importance de la vaccination pour offrir à leurs animaux des portes de sortie hors de nos frontières - sont aujourd’hui récompensés, car ces broutards et taurillons gardent une assez bonne valorisation. Après 15 jours de blocus, les exportations vers l’Espagne sont de nouveau possibles, mais la demande s’oriente principalement sur des animaux vaccinés. Les sujets légers de qualité non vaccinés restent sur le marché français pour la repousse ou l’engraissement. Les transactions demeurent compliquées et sélectives dans les autres catégories face à une offre suffisante pour la demande. Dans les femelles, le commerce reste fluide dans les bonnes Charolaises ou Limousines vaccinées. L’export avec PCR reprend sur l’Espagne, mais pour des tarifs peu soutenus.
Veaux d’élevage et d’engraissement : Les mouvements à l’export ont repris avec des PCR mais ils ne permettent pas d’absorber la masse de veaux offerte après 15 jours de blocus. Les intégrateurs maintiennent leurs volumes de mise en place pour les vacances de Pâques et profitent de l’abondance de veaux pour pratiquer un tri sévère. La situation est très compliquée dans les croisés de moyenne conformation. Dans les veaux bien conformés U, le commerce est calme avec plus d’offres, mais les tarifs pratiqués sont stables.
Ovins : Les distributeurs et les abatteurs ne savent pas quel sera l’impact du mouvement de contestation du 17 Novembre, avec l’annonce de manifestation et de blocage des grands centres commerciaux. Les acheteurs sont sur la réserve et cela se ressent sur le marché du vif, où les tarifs ont eu du mal à se maintenir, dans une tendance qui semblait pourtant plutôt favorable. En brebis, le commerce est à l’équilibre avec des tarifs stables.
Porc : le report de l’offre de la semaine passée pèse sur la tendance et empêche toute reprise. Le cours du MPB est stable à 1,171€.