Analyse des marchés animaux et des tendances commerciales de la semaine 8-2019
Bovins de boucherie : Après cinq années de sécheresse en Australie et des températures extrêmes en janvier (l'été pour eux ; plus de 45°C), l’état du Queensland a subi des précipitations record. Entre 1.100 et 1.600 mm de pluie en continu sur sept jours qui ont tout recouvert, de nombreuses personnes ont tout perdu. Mais le plus marquant, c’est la disparition d’un nombre incommensurable d’animaux pris au piège par les eaux. Plus de 500.000 bovins ont péri et le nombre de Kangourous morts dans les arbres est incalculable. La Première ministre de l’État qui a survolé la région a parlé de « mer de bétail mort ». Certains éleveurs ont perdu plus de la moitié de leur cheptel et tout leur fourrage. L’Australie est l’un des plus gros pays exportateurs de viande vers l’Asie. Ces graves intempéries auront des répercussions sur le commerce mondial, avec des équilibres qui vont bouger. Néanmoins, le type de viande produite ne devrait pas avoir d’impact sur le marché européen, sauf à faciliter le développement de nos exportations.
Le recul de la production après la sécheresse de l’an passé est notoire en Allemagne et des pays du nord de l’Union Européenne. Les disponibilités à l’import seront moindres et devraient conforter une meilleure tenue des prix dans les semaines et mois à venir. La France a également été fortement touchée notamment dans le nord du pays. Les disponibilités sont en recul dans de nombreuses régions ce qui devrait conduire à un nouvel équilibre offre/demande et inverser le rapport de force entre la production et le secteur aval. La grande inconnue réside dans le niveau de consommation du marché intérieur, toujours soumis à la pression des anti-viandes et aux acteurs médiatiques qui propagent ces idées.
Sur les marchés, l’offre tend en revanche à s’amoindrir ce qui permet de tenir les prix dans les femelles haut de gamme ou de qualité bouchère malgré la réduction d’activité de la boucherie traditionnelle qui voit partir une partie de leur clientèle vers les stations de ski. Les 10 à 15% de la population qui se retrouve sur les pistes de ski consomment très peu de viande bovine. Comme tous les ans à cette période, les abatteurs peinent à écouler les arrières, alors que la demande en viande hachée ou transformée garde la faveur des consommateurs notamment des jeunes générations. Les tarifs sont stables dans les Charolaises R+/U-, mais le commerce est assez fluide dans les allaitantes de choix secondaire ou d’entrée de gamme. En réformes laitières, les industriels ont des besoins constants pour faire tourner leur atelier de transformation. Ce sont les produits qui coûtent le moins cher qui sont recherchés, pour charger les abattoirs avec un débouché en viande hachée qui ne pose pas trop de soucis. L’écoulement est régulier dans les montbéliardes. En jeunes bovins, le commerce reste calme faute d’écoulement suffisant à l’export.
Bovins d’embouche et d’élevage : Avec le retour du beau temps et de perspectives plus prometteuses sur les tarifs de la viande, les engraisseurs spécialisés sont demandeurs face à une offre peu abondante. Le commerce est souvent assez actif sur les marchés avec des tarifs très fermes dans les génisses et les jeunes vaches proches de la finition. La vente est très fluide dans le bétail convenable à herbager dans quelques semaines.
Broutards : Les disponibilités en broutards convenablement vaccinés demeurent juste suffisantes pour servir nos partenaires à l’export. La demande italienne plafonne dans les sujets de plus de 400kg, mais les besoins de l’Espagne, l’Allemagne et la préparation de commande pour la Tunisie, le Maroc, l’Algérie ou Israël, facilitent le commerce dans les moins de 400kg. Les transactions sont régulières sur l’ensemble des marchés avec des tarifs qui restent à de bons niveaux pour les éleveurs. Nos broutards sont recherchés à l’export alors que la production française est à la peine, faute de valorisation suffisante de la viande. Les contraintes sanitaires et administratives sont également un boulet trop lourd à supporter pour nos exportateurs quand ils regardent ce qui se passe en Espagne. En femelles, le placement est normal avec des prix stables pour les bonnes charolaises à garder sur la France ou vaccinées pour le marché italien.
Veaux d’élevage et d’engraissement : La commercialisation reste régulière dans les bons veaux holsteins ou montbéliards qui prennent toujours le chemin de l’Espagne. Les tarifs se stabilisent dans les sujets plus légers destinés à la production de veaux de boucherie. Pas de changement dans les croisements laitiers ou mixtes de moyenne conformation. Dans les veaux de bonne conformation, la modestie de l’offre permet de maintenir les prix dans les mâles, mais les femelles restent malmenées.
Ovins : L’ambiance reste lourde dans les abattoirs face à la faiblesse de la consommation, mais les disponibilités saisonnières restreintes participent à la bonne tenue des prix sur le marché. L’offre en lacaunes est stable avec des opérations de promotions dans certains magasins qui permettent de stabiliser les prix. En brebis, le commerce est plus calme.
Porc : Le creux de production observée se confirme, alors que la demande en viande est jugée satisfaisante pour la période, voire un peu plus tonique, dans les zones de villégiature. Le tarif est stable à 1,179€ dans une tendance européenne haussière.