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Antibiorésistance

Antibiorésistance Baisse de la consommation et de l’exposition aux antibiotiques en filière animale

En 2017, le volume totale des ventes d’antibiotiques à usage vétérinaire a diminué de 5,9 % par rapport à 2016 et le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques, a quant à lui baissé de 3,6 %. Ces très bons résultats de la filière animale sont accompagnés d’une baisse de l’antibiorésistance dans les filières étudiées par le réseau Résapath.

Par Publié par Cédric Michelin
Antibiorésistance  Baisse de la consommation et de l’exposition aux antibiotiques en filière animale

La "surconsommation" d’antibiotiques, notamment en filière animale, fait partie des facteurs favorisant l’apparition de l’antibiorésistance. En France, en 2017, d’après les chiffres présentés par Delphine Urban de l’Agence nationale du médicament vétérinaire, le volume total des ventes d’antibiotiques à usage vétérinaire a diminué de 5,9 % par rapport à 2016, pour s’établir à 499 tonnes. Il s’agit du tonnage le plus faible depuis le début du suivi des ventes en 1999 (1.311 tonnes). Les volumes ont diminué de 45,2 % depuis 2011. Cette évolution témoigne donc des efforts fournis par la filière animale, depuis la mise en place du premier plan Ecoantibio (2012/2016) qui avait pour objectif de réduire de 25 % l'usage des antibiotiques sur cette période. Finalement, c'est une baisse de 37 % qui a été enregistrée.

Cette diminution est principalement imputable à une baisse des ventes d’antibiotiques administrés par voie orale. « Les résultats du plan Ecoantibio sont très encourageants et doivent nous inciter à maintenir les efforts consentis par tous les acteurs », s'est félicité Patrick Dehaumont, le directeur général de l'alimentation. Fort de ces résultats encourageants, le gouvernement continue sa lutte contre la surutilisation des antibiotiques afin d'éviter le développement de bactéries résistantes ou même multirésistantes (insensibles à trois familles d’antibiotiques différentes au minimum.). Les objectifs globaux du plan Ecoantibio 2 (2017/2021) sont d'évaluer les impacts du premier plan, d'en valoriser les résultats et de poursuivre la dynamique en consolidant les acquis et en poursuivant les actions précédemment engagées. Ecoantibio 2 vise également à maintenir dans la durée la tendance à la baisse de l'exposition des animaux aux antibiotiques.

Un niveau d’exposition en baisse 

Delphine Urban a cependant tenu à relativiser ses chiffres en soulignant que les tonnages vendus ne traduisent pas toujours précisément leur utilisation. « Les antibiotiques récents sont généralement plus actifs et nécessitent l’administration d’une quantité plus faible de substance active », explique-t-elle. L’ALEA (Animal Level of Exposure To Antimicrobials) qui permet de mesurer le niveau des expositions des animaux aux antibiotiques en fonction du poids vif traité à la masse de population animale potentiellement traitée est un indicateur plus objectif. Il est également en baisse. En 2017, l’ALEA a diminué de 3,6 % par rapport à 2016. Entre 2011 et 2017, l'exposition globale a diminué de 38,9 %. Le rapport précise que l’exposition aux antibiotiques a baissé de 23,3 % pour les bovins, de 43,5 % pour les porcs, de 48,7 % pour les volailles, de 44,3 % pour les lapins et de 14 % pour les chiens et les chats.

Durant le colloque organisé par l’Anses les résultats de surveillance de l’antibiorésistance en filière animale par le réseau Résapath, ont également été présentés par Marisa Haenni de l’Anses à Lyon. Une diminution de résistance de la bactérie E.Coli aux antibiotiques critiques a ainsi été observée. Ces résultats sont cohérents avec la diminution de l’exposition des animaux aux antibiotiques. Entre 2011 et 2017, la proportion de souches bactériennes sensibles aux antibiotiques a légèrement augmenté chez les bovins et les porcs et a doublé en filière avicole. Entre 2011 et 2017 la proportion de souches multirésistantes a significativement diminué dans toutes les espèces animales observées, sauf chez les équidés.