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Syndicat de défense du fromage charolais

Après l’AOC, obtenir l’AOP !

En janvier 2010, le Charolais devenait la 46e AOC fromagère française. La fête aura été de courte durée, puisque dès l’année suivante, le syndicat de défense devait à nouveau plancher sur une demande de reconnaissance en AOP. Ce fut aussi le début d’un lourd et coûteux travail de promotion de cette nouvelle appellation...
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Le 12 décembre dernier, le fromage charolais dressait le bilan de ses deux premières années d’existence en temps qu’Appellation d’origine contrôlée (AOC). C’est en effet le 23 janvier 2010 que ce fromage de chèvre est devenu la 46e AOC fromagère française. Depuis les premières réflexions du début des années 1990, vingt ans auront été nécessaires pour obtenir cette précieuse reconnaissance. Une longue attente jalonnée de coups durs, de remise en question et de phases de découragement.
Pour être accepté par l’INAO, le fromage charolais n’a pas été ménagé et les obstacles n’ont pas manqué de surgir. Cerise sur le gâteau, le calendrier à voulu que, sitôt l’AOC obtenue, le Charolais s’est retrouvé une nouvelle fois contraint de présenter un nouveau dossier, cette fois d’Appellation d’origine protégée (AOP), la version européenne de l’AOC ! Une histoire sans fin qui vient heureusement de franchir une étape déterminante vers un probable dénouement. « La Communauté européenne vient de valider le cahier des charges et le projet de décret », confiait en début de semaine le président du syndicat, Daniel Rizet.

Gros travail de communication


Une fois l’appellation reconnue, un gros travail de communication a été engagé pour faire parler de ce nouveau fromage AOC. Environ 20.000 € ont été investis dans la promotion du Charolais durant les deux années d’exercice. Cette lourde tâche est la mission du syndicat de défense, devenu Organisme de défense et de gestion (ODG).
Le fromage charolais a ainsi été présent sur de nombreux stands, salons, marchés… Des encarts pubs ont été diffusés sur différentes revues professionnelles, régionales… Une pleine page a même été consacrée au Charolais dans le Figaro Magazine. Une collaboration s’est aussi poursuivie avec les autres AOC laitières bourguignonnes. Un livret de recettes est ainsi diffusé à l’échelon régional à 90.000 exemplaires. A l’échelle de la Saône-et-Loire, les six AOC non viticoles (fromages de chèvres charolais et mâconnais, Crème et beurre de Bresse, Bœuf de Charolles et Volailles de Bresse) se présentent désormais sous une même bannière. Soutenues par le conseil général, elles ont notamment été présentes au festival musical Les Francos Gourmandes à Tournus, en juin dernier, ainsi qu’à un concert de Julien Clerc à Louhans. En septembre 2011, la tenue du congrès national des AOC laitières en Saône-et-Loire avait aussi été l’occasion d’un coup de projecteur pour la toute jeune AOC charolaise.

Lutte contre les fraudeurs


L’autre gros dossier de l’ODG, c’est la lutte contre l’usage abusif du nom Charolais. Certains fabricants utilisent encore le nom "Charolais" pour désigner des fromages qui n’en sont pas. La création de l’AOC Charolais est là pour protéger cette appellation qui ne peut désormais désigner que des fromages purs chèvres répondant strictement au cahier des charges mis en place par le syndicat et provenant de la zone spécifiée. Pour Daniel Rizet, ces abus sont très préjudiciables. « Car tandis qu’on oblige nos adhérents à respecter un cahier des charges et à se soumettre à des contrôles, on n’arrive pas à garantir la protection du nom ». Derrière ce constat, le président regrette que l’INAO ne déploie pas davantage de moyens juridiques pour aider les ODG à protéger leurs appellations. Pendant ce temps, les « contre-facteurs » parient sur le fait que les syndicats de défense ne pourront rien contre eux, faute de moyens suffisants.

On manque de Charolais !


L’autre défi qui attend le fromage de chèvre charolais, c’est une augmentation du volume. A l’heure actuelle, la production de fromages de chèvres AOC Charolais s’élève à environ 55 tonnes, ce qui correspond à l’équivalent de 200.000 fromages. Ces fromages sont transformés par une vingtaine de producteurs seulement alors que le département compterait au moins 180 éleveurs de plus de vingt chèvres.
« Il y a une marge de progression énorme ! », commentait Daniel Rizet. « Le marché du Charolais est ouvert : on en manque ! », poursuivait le président. Les responsables de l’ODG en appellent aux éleveurs qui produisent déjà des fromages de ce format sans être inscrits dans l’appellation. Quelques installations sont également attendues avec espoir.