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Polémiques…

Après la viande, les pesticides…

Dans toute chose, il faut savoir garder raison. Or, nos médias
généralistes, plutôt que de travailler à une construction commune, ont
fait le choix d’opposer les uns aux autres. Ça fait vendre nous dit-on…
Eh bien, c’est déplorable !
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Depuis des années maintenant, l’Agriculture vit, dans notre pays, des attaques en règle, subit des enquêtes à charges, qui, tel un serpent de mer, reviennent sur le devant de la scène médiatique au grès des médias et de l’information. Bref, les "marronniers", ce sont d’utiles bouche-trou que l’on peut servir à souhaiter pour revigorer l’audience ou les ventes papier. Et ça marche…
Il y a quelques mois encore, c’était au tour de la viande. Nous avions alors choisi, ici à L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire, de ne pas faire caisse de résonance à ce tapage médiatique destructeur. Cette fois-ci, nous ne nous tairons pas.

Savamment orchestré


Aujourd’hui, c’est au tour des pesticides. Et tout est savamment orchestré par certains, car il y a derrière chacune de ces opérations des perdants certes, mais aussi… des gagnants !
Savamment orchestré, vous dis-je. Illustration. Diffusion d’une "émission", qui n’est en fait qu’un reportage à charge, un acte militant, un plaidoyer pro-domo au cours duquel une et une seule thèse est développée. Le tout est repris en écho par une foultitude de communiqués de presse de Greenpeace et de la Fnab notamment, reprenant, tous le même message… Et bien entendu, nombre de journalistes en mal de sensationnel, dans les médias de proximité, s’en emparent aussi sec. Les radios, les journaux…
Berf, l’onde de choc est maximale. Le mal est fait. L’objectif est atteint.

Le réel but


Ainsi, l'émission "Cash Investigation" de 2 février était-elle consacrée, je cite, « aux pesticides et à leurs dangers pour la santé ». D’emblée, elle s’inscrivait dans le parti pris et la véritable caricature populiste.
Selon le collectif Sauvons les fruits et légumes, « rien qu’en 2015, pour les seuls media télévisuels, 85 reportages à charge contre le secteur agroalimentaire ont été diffusés, dont 60 % sur les chaînes du service public ! ».
Tiens donc. C’est instructif, non ?
On ne parlera pas ici de la détresse économique et sociale dans laquelle ce type d’émission plonge les agriculteurs, ainsi injustement accusés d’avoir un comportement inique, de ceux qui laisseront plus tard et derrière eux une terre nue et morte, parce qu’avides et dénués de toute valeur morale… On est dans la caricature, elle blesse forcément. "Cash Investigation" aurait été avisée de diffuser un véritable travail d'enquête en analysant les vrais enjeux, histoire que le grand public se fasse une opinion... juste.
En tapant à fond sur l’Agriculture française, l’objectif secret - et oui, et il passe par des « idiots utiles », pour reprendre le terme attribué à Lénine et Staline - est de l’affaiblir un peu plus encore. De poursuivre et amplifier la déstabilisation du pays qui était, il y a peu de temps encore, le second pays exportateur mondial de produits agricoles, le premier pour l’agroalimentaire… Ces places, cela fait bien longtemps que nous les avons perdues. Doublée par le Brésil, mais aussi l’Allemagne ou les Pays-Bas, la France résiste encore ; elle a des capacités de rebond, mais ce type d’attaques sournoises, chez elle, dans son opinion publique, lui donne un coup supplémentaire alors même que se négocient, par exemple, l’accord transatlantique avec les Etats-Unis… Hasard, vous dis-je !

Les points sur les i


Oh, on me traitera, je le sais, de conspirationniste. Non, je réclame juste d’être réaliste, conscient des enjeux qui se trament sous nos yeux, dans l’indifférence générale, notamment celle des élus, et la complicité d’une administration où l’on trouve de plus en plus d’individus convaincus du bien fondé de ces thèses extrémistes.
Oui la nature est belle, oui nous devons la défendre, oui les pesticides sont dangereux, oui des abus ont été commis. Mais de là à jeter le bébé avec l’eau du bain, on serait bien inspiré de se ressaisir : notre Agriculture reste un des derniers grands fleurons de la France. Directement et indirectement, elle génère près de 20 % de l’emploi.
Et, quand on aime quelqu’un, on l’aide, on ne lui tape pas dessus. Ce comportement est le résultat d’une société ultra-violente…, une société où l’on préfère taper à grands coups violents sur quelqu’un avant, éventuellement, d’engager une discussion.
Ce n’est pas notre philosophie ni notre manière de travailler.



Bon à dire


Le collectif Sauvons les fruits et légumes replace les vrais enjeux sur la question des produits phytosanitaires. Détails.
Cash Investigation a voulu s'assurer une audience confortable en choisissant de s'attaquer uniquement aux "firmes" produisant les produits phytosanitaires. Effectivement, à en croire les auteurs de ce "reportage à charge", ces produits n'existeraient que pour remplir les caisses des industriels de l'agrochimie, ce qui justifieraient cet "oubli". Quant aux agriculteurs et aux consommateurs, ils ne seraient que des "victimes". Quid d'une analyse plus pertinente sur les risques et les bénéfices des produits phytosanitaires ? Aucune mention ! Rappelons quelques vérités bien simples à comprendre :
1) les produits phytosanitaires ne sont pas utilisés par plaisir par les producteurs mais sont là pour protéger les plantes et leurs fruits contre les maladies et ravageurs, qui représentent un risque bien réel. Sans eux, nos étalages seraient dégarnis ;
2) les produits phytosanitaires protègent également les consommateurs contre des risques sanitaires (mycotoxines, bactéries, etc.) particulièrement dangereux et à l'origine de cas de mortalités ;
3) les produits phytosanitaires sont dangereux : oui, tout comme les médicaments, ce qui nous empêche pas d'en prendre sous le contrôle de médecins et de pharmaciens. Ou comme l'électricité qui nécessite des installations fiables et des précautions d'usage. De gros progrès ont été faits dans l'élaboration et l'application de ces produits : élimination des molécules les plus dangereuses, produits ciblant mieux les maladies, formation des producteurs, etc.

Le mythe du 0 pesticide


Cash Investigation a sombré dans la caricature en oubliant de préciser que toutes les cultures, y compris les cultures bio, ont besoin de protection phytosanitaire. Il n'existe actuellement pas de production "sans pesticides", sauf dans l'imaginaire de ces journalistes.

« Le seul but de ce genre d'émissions est de jeter, une fois encore, le discrédit et le doute des consommateurs sur l'agriculture française », observe à juste titre Bernard Géry, producteur et porte-parole du Collectif Sauvons les Fruits et légumes de France. « Les producteurs "victimes des firmes" sont en réalité victimes des agissements de ces pseudo-journalistes. Il n'y a plus grand monde actuellement pour comprendre leur travail et les bénéfices qu'en retirent les consommateurs. Ces mêmes consommateurs demandent maintenant des comptes tout en ayant une vision totalement biaisée de l'agriculture. Un cercle vicieux largement à l'origine du profond malaise vécu par la profession ».